CHRONIQUE PAR ...
Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Askan
(chant)
-Daimonicon
(guitare)
-Diabolus
(guitare)
-S. Jung
(claviers)
-Damien Gernot
(basse)
-T. Völker
(batterie)
TRACKLIST
1)Gernotshagen
2)Die letzten Krieger
3)Die Nacht des Raben
4)Ergebender Nacht
5)Kriegshorn
6)Malum Infinitum
7)Winter
8)Herigest
DISCOGRAPHIE
Lors des très (trop) longues soirées d’hiver norvégienne, il est de coutume d'éteindre les lumières et de juste laisser quelques bougies brûler, de s’installer confortablement dans son canapé avec un édredon, un chocolat chaud et des marshmallows. Le summum serait alors de mettre un peu de musique afin de créer un peu d’ambiance. Une famille lambda choisira sûrement un disque des meilleurs chants de Noël déclamés par les chorales locales. Le fan de black metal préfèrera un album de Gernotshagen.
Sorti originellement en 2002 et réédité en 2008 par Trollzorn, Wintermythen est le premier album des Allemands de Gernotshagen. Rien que la couverture fleure bon l’hiver et le sapin, à défaut d’être originale et recherchée, et laisse à penser que nous sommes face à un disque aux ambiances froides. Et cela est bel et bien le cas. Sans rechercher l'originalité, le groupe possède une certaine science des atmosphères et l’utilise à bon escient pour créer une ambiance tout le long des 47 minutes que dure l’album. Sans renier ses racines black-metal, Gernotshagen mise plus sur les orchestrations et la relative douceur des nappes de claviers que le bête tapage de fûts ou l’alignement les uns après les autres de riffs. Nous penserons à Forest Silence pour l’utilisation abondante du thème hivernal, et les deux groupes possèdent la même sensibilité et parviennent au même résultat, en utilisant cependant des approches sensiblement différentes.
Le clavier prend le même espace sonore que la guitare lead et la maîtrise de cet instrument par S. Jung est le facteur principal contribuant au plaisir que l’on peut éprouver en écoutant l’album. Chaque chanson est tapissée de mélodies et d’orchestrations qui les transcendent et invoquent cette atmosphère glaciale qui transparaît tout le long du disque. L’utilisation abondante du claviers, proche de certaines parties symphoniques présentes dans In The Nightside Eclipse ou chez Cradle Of Filth circa Dusk ... And Her Embrace, radoucit le propos sans jamais buter sur le vaste écueil du kitsch ou du cheap. Point de sonorités vintage ridicules ou de nappes pompeuses, Gernotshagen sait doser chaque élément de sa musique comme il le faut. Il suffit d'écouter les très bonnes "Die Nacht des Raben" et "Herigest", pour se rendre compte du travail sur les orchestrations et le résultat brut en terme d’ambiance.
Le chant d’Askan est la seule piste totalement black-metal, bien qu’il s’autorise quelques lignes de screaming du plus bel effet qui sortent de ce cadre. L’utilisation de la langue de Goethe passe parfaitement. Askan est même moins agressif que la plupart de ses compatriotes, il accentue beaucoup moins son phrasé. Pour le reste de la musique, il faudra parler plutôt de metal blackisant, si je puis me permettre ce qualificatif fort laid. Les guitares sont assez en retrait, jouant quelques riffs et mélodies plutôt convenus. Le batteur possède un jeu classique, et utilise rarement le blast-beat. Il est clair maintenant que sans le travail sur les ambiances de S. Jung, Wintermythen serait un album ennuyeux et peu intéressant. Il est d’ailleurs légèrement monotone sur la longueur, le groupe ayant calé le métronome lors de l’enregistrement sans jamais changer de tempo.
Ce premier essai de Gernotshagen est globalement réussi. Quelques défauts viennent entacher ce tableau (un poil ennuyeux, manque de variété), ce qui laisse une marge de progrès au groupe. Il n’en parvient pas moins à créer une ambiance parfaite, en majeure partie issue de S. Jung et son clavier, pour vos longues soirées hivernales, et vous le réaliserez quand le froid de Wintermythen vous étreindra dans ses longs bras glaciaux.