CHRONIQUE PAR ...
Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Askan
(chant)
-Maik Pomplun
(guitare)
-Dainmonicon
(guitare)
-S. Jung
(claviers)
-Steffen Beck
(basse)
-T. Völker
(batterie)
TRACKLIST
1)Märe Aus Wäldernen Hallen
2)Der Alte Wald
3)Dem Skirnir Zu Ehren
4)Widars Klagesturm
5)Dragadhrond
6)In Gedanken Schon Walküren Nah
7)Schalchtensang der Einherjer
8)Vali
9)Skaid
DISCOGRAPHIE
Nous avions déjà évoqué le premier album des allemands de Gernotshagen, Wintermythen, et son atmosphère glaciale à souhait. Il est temps maintenant de nous attarder sur leur second essai, qui est sorti 5 ans après. Il peut s’en passer des choses durant ce laps de temps, par exemple le metal pagan peut devenir un phénomène plus large qu’au début des années 2000. Le succès, tout relatif, de ce style semble avoir inspiré Gernotshagen.
Sans complètement abandonner ce qui faisait la force de Wintermythen, à savoir le gros travail sur les atmosphères, Gernotshagen évolue, enrichi et diversifie sa musique. Wintermythen était un album essentiellement atmosphérique, son intérêt reposait sur les nappes de claviers qui créaient une ambiance hivernale et sombre. Cependant, une certaine linéarité et le manque de variété desservait ce disque qui aurait pu être beaucoup plus intéressant sans cela. L'évolution de Gernotshagen vers le pagan metal tente de corriger en grande partie les défauts de son précédent album. La musique s’est enrichie et devient plus variée. Nous retrouvons des plans ou des sonorités folkloriques dans certaines compositions, de la guitare acoustique et une plus large palette dans les chants. Fini l’unique chant black du passé, des chœurs masculins font leur apparition, qui ont le mérite de mettre en valeur de belle façon le refrain de certains titres, tel sur "Schalchtensang der Einherjer".
L’enrichissement des compositions avec des lignes mélodiques plus folkloriques, les chœurs et les toujours superbes orchestrations au clavier donnent à Märe Aus Wäldernen Hallen un cachet plus épique, une musique de plus grande envergure, surtout sur les deux premiers titres de l’album, en excluant l’introduction "Märe Aus Wäldernen Hallen". "Der Alte Wald" est le titre le plus riche de l’album, nous y retrouvons des nappes de claviers, moins atmosphériques et plus symphoniques, et des arpèges de guitare sèche. Le changement par rapport à Wintermythen est évident, une ambiance plus épique, moins intimiste et sombre, et la richesse de la musique joue en sa faveur. Quand à "Der Alte Wald", c’est un titre festif au refrain immédiat et fédérateur, très entraînant, qui ne tombe pas dans les clichés. Un point important d’ailleurs, Gernotshagen fait beaucoup d’efforts pour ne jamais être kitsch, ou même à la lisière du ridicule. Les arrangements de claviers ne sont jamais en carton pâte, les sonorités folkloriques n'évoquent pas une fête de la Bière. Pour peu que l’on se prenne au jeu, les ambiances et les sentiments qu’elles évoquent seront bien réels.
Cependant, se prêter au jeu nécessite de faire abstraction du brouillon des compositions. Les plans se succèdent sans cohérence parfois, tel ce solo de guitare sur "Dem Skirnir Zu Ehren", les lignes mélodiques peu inspirées de "Widars Klagesturm" ou encore le break de "Schalchtensang der Einherjer". Quatre des compositions font plus de 7 minutes, et leur effet est dilué dans cette longueur excessive et ces plans de remplissage. L'intensité des nappes de claviers ne suffit plus à masquer ces défauts. En voulant corriger certains points faibles de Wintermythen, le groupe ne s’est pas concentré sur la cohérence de son album. Cela est fort dommage car ce disque contient un certain nombre de points forts, mais le résultat final est plus décevant que Wintermythen.
Voulant jouer la carte de la variété, Gernotshagen en oublie la cohérence: les compositions sont brouillonnes par moment, trop de plans de remplissages inutiles. Märe Aus Wäldernen Hallen n’en reste pas moins un album qui comporte quelques bons moments, et une ambiance épique et païenne qui ravira les amateurs. Une fois de plus, le membre le plus impressionnant est S. Jung, dont le travail ressort nettement, et ses nappes de claviers sauront vous charmer et vous emmener loin, très loin de chez vous.