CHRONIQUE PAR ...
Joe Le Hareng
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12.5/20
LINE UP
-Chris Robertson
(chant+guitare)
-Ben Wells
(guitare)
-Jon Lawhon
(basse)
-John Fred Young
(batterie)
TRACKLIST
1)Blindman
2)Please Come In
3)Reverend Wrinkle
4)Soulcreek
5)Things My Father Said
6)The Bitter End
7)Long Sleeves
8)Peace Is Free
9)Devil's Queen
10)The Key
11)You
12)Sunrise
13)Ghost of Floyd Collins
DISCOGRAPHIE
Que faire quand on est jeune, originaire de la Nouvelle-Orleans et élevé au Led Zep? Du rock pardi! Après un premier album rentre-dedans et carrément réussi, les BTS remettent le couvert avec Folklore & Superstition. Mais entre temps, les gaillards se sont pas mal assagis. Un peu trop même. Les gars du bayou avaient déjà une certaine propension au refrain facile sur le premier effort et ça n'est pas allé en s'arrangeant : les refrains guimauves sont revenus en force et le côté « in your face » qui rattrapait le coup sur l'album éponyme a pris des vacances...
Premier constat, Chris Robertson est en grande forme. Sa voix rauque et puissante, bien mise en avant par le mixage, fait plaisir à entendre. Les gros riffs de Wells sont là, moins crus, plus travaillés mais toujours aussi bons et un paquet d'intros vont briser des cervivales : "Blind Man", "The Bitter End", "Sunrise" ou encore "Devil's Queen". Et le tout servi par une grosse production à l'américaine. Ce sera malheureusement les seules branches auxquelles se raccrocher et Folklore & Superstition prouve si besoin en était que dans le rock il y a un point qui ne supporte pas la médiocrité : le refrain. Prenons comme exemple "Reverend Wrinkle" : Bonne intro/couplet rock teinté de groove qui enchaine sur un superbe pré-refrain bluesy vraiment réussi et soudain, c'est le drame : un bon gros refrain baveux, typiquement US et carrément guimauve... Quel gâchis!
Pas de quoi fouetter un alligator (on est dans le bayou, ne l'oublions pas) si le massacre s'arrêtait là. Seulement voilà, la gangrène a atteint la première moitié de l'album... "Blind Man", "Please Come In", "Soul Creek", "Long Sleeves", pas une seule n'y échappe! Après, certains y trouveront sans doute leur compte mais la dichotomie entre l'énergie rock des intros/couplets et les refrains simplistes est trop nette et gâche les excellentes idées qui circulent : ça manque salement de cohérence. Seules rescapées, "Soul Creek", bien foutue, donne envie de chanter à tue-tête et "The Bitter End", tendue à mort, gagne à être écoutée (par contre le contre-chant suraigu est un peu pénible).
Nouveauté : le disque renferme trois ballades! Ballades qui nous renvoient à l'époque où l'on pouvait sortir dans la rue avec un bandana, un pantalon trop serré et crier à qui voulait bien l'entendre que Bon Jovi est le plus grand rocker de la Terre sans être interné immédiatement. "Things My Father Says" exploite le filon piano/violon et briquets levés et "You" joue plutôt la carte de la guitare acoustique épaulée par des soli bluesy et du refrain « pour les filles »*. Dans les deux cas, c'est raté... Un déferlement de guimauve sans émotion. Dans le registre ballade "Peace Is Free" est elle carrément réussie si on fait abstraction des paroles un peu trop clichés. Pour le coup le refrain est vraiment accrocheur et colle parfaitement à la chanson.
La seconde moitié de la galette se révèle plus riche en pépites. "Devil's Queen" envoie le boulet de bout en bout : petit slide, gros riffs, orgue seventies et batterie velue, ca sent le Texas à plein nez et c'est bon! Même constat pour "Ghost of Floyd Collins" et "The Key", plus mid tempo mais pas moins efficaces. La première joue la carte d'un rock moderne teinté d'influences seventies quand la seconde effleure l'alternatif avec ce couplet soutenu par un Robertson très inspiré. Mention spéciale au break cajun qui frôle la perfection. Un petit mot sur "Sunrise" qui pourrait faire mal avec ses grosses guitares sans ce pré refrain reggae/caraïbes carrément anachronique. Oh les gars, faut pas abuser du rhum piment pendant les sessions d'enregistrement!
Alors au final que penser de tout ça? Tout d'abord que Black Stone Cherry est un groupe encore « jeune » et qu'il faut suivre de près. Les bons titres de l'album, la superbe voix de Robertson et les riffs efficaces qui parsèment Folklore & Superstition laissent présager du très bon pour la suite des événements. En attendant, cet album reste quand même en demi-teinte, fort déséquilibré et les refrains faciles gâchent un peu les bonnes idées. Dommage.