Esoteric -
Subconscious Dissolution Into The Continuum
Esoteric est ce que le Doom Metal devrait toujours être : sombre, ultra pesant et angoissant. Le Doom, lorsque c’est bien joué, surtout par un groupe comme celui-ci qui a déjà pas mal de chemin derrière lui, doit recréer autour de son auditeur un monde à part, décadent, ésotérique… une perpétuelle retombée en Enfer. Subconscious Dissolution Into The Continuum nous amène dans ces mondes-ci, de la première à la dernière note.
Alors que le groupe s’apprêtait à entrer en studio pour enregistrer son quatrième album, Bryan quitte le poste de bassiste. La formation se donne alors du temps pour trouver des musiciens de session et finalement compléter son line-up si souvent changeant par un claviériste, apportant une nouvelle ampleur au son de Esoteric, un bassiste et un batteur. Grâce aux membres principaux Greg Chandler aux guitares et chant, Steve Peters et Gordon Bicknell aux guitares, Esoteric retrouve sa plénitude, son inimitable touche déprimante ainsi que sa passion à livrer une musique toujours plus pure et incroyablement destabilisante.
La production est à l’honneur sur ces quatre titres. Tout n’en est alors que plus noir. Esoteric avait besoin de ce son plus mature et profond pour faire vivre (plutôt mourir) son art. La différence est notable par rapport au dernier Metamorphogenesis plus fouillé et tordu. Cette œuvre s’approprie clairement des éléments musicaux plus simples que sur les dernières, pour aborder les atmosphères de manière plus fines et pénétrantes. "Grey Day", du haut de ses dix-sept minutes représente dorénavant un classique du genre, grave et obstinément triste. Plus aérien et en contraste, jouant sur les mélodies de guitares et de claviers particulièrement émouvants, "The Blood Of The Eyes" est un véritable voyage initiatique dans un monde onirique sombre et mélancolique. La seule chose à faire est de fermer les yeux et se laisser doucement mener par cette débauche d’expression. Le chant de Greg joue simultanément sur un double tableau, dépassant les limites de l’outre-tombe et affligeant une seconde voix hurlée, donnant toute son ampleur aux compositions.
Particulièrement lent, certains passages font penser à ceux des moments calmes et désespérés de Bloodthorn sur In The Shadow Of Your Black Wings, ainsi qu’aux déboires étranges et ultra lents du groupe de Doom Yob. Chaque album d’Esoteric a su apporter sa part d’évolution. Inutile de dire que cette fois avec Subconscious Dissolution Into The Continuum, la pierre pèse lourde et rend au groupe toute la reconnaissance qu’il mérite. Un très grand album de désespoir pur et simple. Le recueillement morbide est enfin accessible à tout mortel.