CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
14/20
LINE UP
-Andy B. Franck
(chant)
-Cédric "Cede" Dupont
(guitare)
-Markus Pohl
(guitare)
-Dennis Wohlbold
(basse)
-Sascha Sauer
(batterie)
TRACKLIST
1)Forsight
2)Everlasting Life
3)No Shelter
4)Nowhere
5)Haunting
6)Black Water
7)Wounds Will Last Within
8)Your Cold Embrace
9)Without A Trace
10)The Mirrored Roam
11)Crawling Walls For You
12)Nowhere (radio Edit) - Bonus Track
DISCOGRAPHIE
Je trouve toujours rigolos les groupes qui annoncent la couleur dans leur nom. De la même manière que des noms de formation comme Agressor ou Napalm Death précisent bien qu'on ne fait pas du glam, Symphorce risque peu de donner dans le grind, pas vrai? Soyons honnêtes: même si le titre de l'album laisse imaginer un album de speed mélodique pied au plancher il n'en est rien. Symphorce donne dans un power/heavy aux tempos modérés et n'est pas du tout à ranger dans la catégorie des trop nombreux clones d'Helloween (malgré la présence de Cede de Freedom Call dans le tas).
Commençons par la production de cette galette: on est dans le heavy version true metal with balls avec un bon gros son de rythmique tirant sur le thrash et des leads supersoniques limpides et cristallines à la Angra. La basse est comme toujours trop en arrière, et le batteur dispose d'un son bien efficace qui fait ressortir sa frappe et son très bon jeu de double pédale. Le chanteur Andy B. Franck est un chanteur power/lyrique de classe A, très puissant dans son vibrato et atteignant des hauteurs raisonnables. Il sait se la jouer méchant quand il le faut et la musique de son groupe est taillée sur mesure pour sa voix fort bien produite. C'est donc pro, propre et racé.
Le tout début de cet album n'est pas du genre qui marque: les premiers titres du CD tapent dans un power/heavy efficace et très bien joué mais qui ne révolutionne rien. Les riffs tirent souvent vers un thrash de bon aloi et c'est surtout Andy qui donne le côté heavy mélodique à l'ensemble. Le chanteur sait moduler sur les couplets pour renforcer la méchanceté de l'ensemble et se lâcher tel le Kotipelto moyen sur des refrains faits pour être repris par une foule de hardos. Puis on se rend compte au fil des titres que les registres abordés sont variés, notamment au niveau de la rythmique. "No Shelter" est une compo bien violente qui présente un rythme syncopé et des riffs acérés résolument modernes. Ca sonne, finalement... Mais une fois le premier tiers passé c'est la baffe! Totalement inattendue, lourde, balancée avec toute la force du bras, une baffe quoi.
Car Symphorce tire franchement son épingle du jeu avec deux titre hybrides, "Haunting" et "Black Water" (qui semble d'ailleurs ne faire qu'un). Dès le début la mélodie fait tendre l'oreille et lever le sourcil: c'est un son néo à la Korn! Cette saturation bizarroïde de la guitare est reconnaissable en une seconde, et le groupe se paie le luxe d'assumer réellement cette orientation plus que surprenante en nous pondant des riffs tordus et des ponts basse/batterie/effets électroniques qu'on pourrait trouver sans souci sur un album de Fieldy and co. Et quand ils balancent derrière ça un riff thrash ultrabourrin à la suédoise puis des riffs syncopés avec des harmoniques à la Machine Head la sauce prend. Le chant lyrique d'Andy ne choque pas (mieux, il unifie le tout) et il sait jouer de l'agressivité de sa voix pour coller à la musique. Cette orientation moderne et presque contre-nature est un succès total et tranche nettement avec les titres bêtement power-heavy: dans ces moments-là Symphorce nous présente réellement une musique jamais entendue ailleurs. Le moment fort de l'album.
Donc Symphorce est un groupe qui expérimente. C'est déjà pas mal en soi. Godspeed est un album à tiroirs, qui sous des couverts de banalité est en fait une montée en puissance assez bluffante quand elle atteint son somment (à un moment donné on taquine l'extrême). Gros problème: il ne fallait pas retomber! Après une progression constante de la brutalité l'avant-dernier titre "The Mirrored Room" revient à la case départ, à savoir le power mélodique clichesque. Patatras... Surtout que la dernière chanson "Crawling Walls For You" est une ballade loin d'être impérissable.
Il reste donc ce milieu d'album hors normes qui scotche l'auditeur par son côté implacable: on se demande à un moment où ils vont s'arrêter tant chaque compo est plus violente que la précédente. Pour ces chansons et pour le principe même de la fusion true/néo que je n'attendais vraiment pas, cet album vaut le coup d'être écouté. Finalement les noms de groupe c'est très surfait.