CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
10.5/20
LINE UP
-Andy B. Franck
(chant)
-Cédric "Cede" Dupont
(guitare)
-Markus Pohl
(guitare)
-Dennis Wohlbold
(basse)
-Steffen Theurer
(batterie)
TRACKLIST
1)The Eternal
2)Until It´s Over
3)Sorrow in Our Hearts
4)Whatever Hurts
5)The Waking Hour
6)Visions
7)The Last Decision
8)The Mindless
9)Worlds Seem to Collide
10)Do You Ever Wonder
DISCOGRAPHIE
Mine de rien, Andy B. Franck donne pas mal de boulot à la rédaction. Quand ce n'est pas Kroboy qui guette la nouvelle sortie de Brainstorm, c'est votre serviteur qui garde un œil sur l'actualité de Symphorce... il faut dire que le groupe nous a fait patienter, faisant pour la première fois un break de trois ans entre deux albums. Malheureusement toute attente prolongée fait courir le risque d'être doublement déçu, et le spectacle un peu triste qu'offre ce Unrestricted fade et sage fait donc un peu mal. Délaissant la violence des efforts précédents au profit d'une approche heavy classique sans génie, Symphorce brise d'un coup l'élan qui était le leur depuis 2005.
Symphorce, depuis Godspeed, c'était souvent méchant. Et c'était souvent quand c'était méchant que c'était bien, preuve en était un Become Death qui tapait systématiquement juste quand il basculait du côté obscur. Ces deux albums avaient également en commun un certain sens de la recherche, qu'il s'agisse des incursions dans le néo de l'un ou des touches gothiques de l'autre. Vous aurez compris que ces motifs de réjouissance sont absents d'Unrestricted : il s'agit d'un album de heavy-metal traditionnel qui lorgne bien plus souvent vers le hard US que vers le power. Pire : la violence semble partie en même temps que l'inventivité vu qu'en plus d'être gentillet tout ça est désespérément linéaire. Pas de réelles intrusions dans un autre style, aucun break un tant soit peu ambitieux, le groupe semble évoluer dans un carcan... ce qui est plutôt ironique vu le titre de l'album et l'artwork qui l'accompagne. Il lui reste néanmoins ses atouts historiques : un gros son, une paire de gratteux très doués, et bien évidemment un chanteur qui tabasse.
Sans briller de mille feux comme il l'avait fait sur Become Death, Andy B. Franck reste néanmoins un vocaliste d'exception qui passe sans problème du chant rocailleux du refrain de "Do You Ever Wonder" à un chant de heavy traditionnel pur à la limite du lyrique. Sur celui de "Whatever Hurts" il fait d'ailleurs sérieusement penser à Geoff Tate au temps où ce dernier avait encore de la voix. Le fait que lesdits refrains restent en tête est d'ailleurs totalement imputable à ses lignes de chant, car derrière ça fait le minimum syndical. L'ordre du jour est au mid-tempo strict, aux riffs simples et aux mélodies téléphonées... les thèmes de guitare lead de "The Waking Hour" font ainsi peine tant on les a déjà entendus chez d'autres. Quand on lève un sourcil c'est le temps de quelques secondes d'intro, comme le très gros riff lent et poisseux ouvrant "Sorrow in Our Hearts", les notes de synthé lançant "The Waking Hour" ou les samples annonçant "The Mindless"... mais dans tous les cas le soufflé retombe pour cause de retour rapide et systématique à du heavy bas du front.
Il serait faux d'affirmer que toutes les chansons d'Unrestricted sortent du même moule : le hard et le heavy offrent suffisamment de nuances pour qu'on puisse varier un minimum le propos tout en restant dans les limites du genre. Tels morceaux donnent plus dans le party-metal ("Worlds Seem to Collide", "Visions"), d'autres ont des touches plus allemandes ("Until It's Over") ou plus groovy ("The Last Decision")... mais l'impression d'avoir toujours affaire à la même sauce persiste malgré cela. Il reste tous ces moments où Andy B. Franck rattrape le tout grâce à son organe de compétition, comme le couplet de "The Last Decision" qui tomberait méchamment à plat sans un chant aigu éraillé à la technique et au feeling irréprochables. Et il y a "The Eternal", seule compo un peu à part stylistiquement car elle présente des couplets ambiancés avec des nappes de synthé. Mais manque de bol, ce n'est pas parce que ça jure que c'est bon... On se retrouve au final avec un album qui échoue les rares fois où il tente de ne pas être uniforme.
Cette chronique serait probablement moins sévère si cet album m'était arrivé dans les paluches sans que je ne connaisse le groupe. J'aurais alors parlé de heavy très bien chanté et hyper carré, quoique dépourvu d'audace... mais là, la régression par rapport aux albums précédents est telle qu'on ne peut qu'être amer. Pas mauvais à proprement parler, juste très décevant.