CHRONIQUE PAR ...
[MäelströM]
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
13.5/20
LINE UP
-Gary Ramon
(chant+guitare)
-Anthony Clough
(claviers+basse)
-John Pelech
(batterie)
TRACKLIST
1)Magic Potion
2)North Eastern
3)Fireball
4)Through You
5)UV
6)Sunstroke
7)Mindtrain
8)Slow Motion
9)Sunstroke Take 1
10)Outer Limits To Yr Brain
DISCOGRAPHIE
Return Journey c’est un peu Other Way In vol. II, mais en mieux. Si le pré-cité était surtout un complément d’ Other Way Out, celui-ci a sa propre personnalité, il s’écoute sans connaître autre chose du groupe, il est aussi indépendant qu’intéressant. Et pourtant il fut, comme Other Way In, conçu durant les sessions d’ Other Way Out. Ca va, vous vous en sortez? J’espère qu’avec Return Journey, vous pourrez savoir qui est In et qui est Out.
On remarque très vite que cet opus est bien plus brut(e) que les précédents. Alors bien sûr, on est toujours dans l’acid-rock et le psyché’, mais beaucoup de sonorités utilisés sur ce disque (dans les effets de guitares surtout) sont plus violents qu’à l’accoutumé. La guitare de Ramon ne se contente plus de planer durant quatorze minutes, elle sait maintenant se faire sauvage, et les effets tigresses s’emparent d’elle sur "Fireball" ou "Outer Limits To Yr Brain" pour nous offrir un concentré nettement plus vindicatifs qu’Other Way Out. Un seul coup d’oreille et on s’en rend compte: la démarche du groupe est plus effrénée que jamais sur ce disque.
Le son lui-même change fortement. Jouant auparavant aux dignes héritiers hippies-giratoires-LSD, on les sent tout à coup plus proche d’un Pink Floyd en accéléré, on décèle même des avances à Radiohead ou Oasis dans leurs parties speed. En tendant l’oreille, on peut même entrevoir quelques passages chaotiques qui ne sont pas sans rappeler la no-wave, on peut penser à Sonic Youth voire aux Pixies, de là à savoir qui a influencé l’autre... Chaque fan choisira son groupe. A signaler, Clough quitte de plus en plus les claviers pour s’orienter vers la basse. Si ses apparitions étaient précédemment assez rares, la moitié des morceaux ici en bénéficient et les synthés sont plus qu’absents, ce qui renforce encore le côté « chape de plomb » de ce disque.
Mais la violence ne fait pas tout, Ramon le sait. N’oubliant pas l’acoustique, le jeune homme se repose l’espace de trois minutes sur un "U.V." aérien, jouant sur une facette jusqu’alors inconnue chez ce groupe: le minimalisme. Une percussion, une guitare débranchée et quelques nappes de synthés font une merveille de mélodie envoûtante. On en redemande, d’autant que le morceau placé en plein centre du disque aide à souffler un peu avant une nouvelle retombée dans les folies guitaristiques. La curiosité qu’est "Mind Train" n’échappe pas à l’oreille non plus. Si l’acid n’est pas suffisant pour Ramon, il va chercher les orgues si chers à la fin des 60s pour bricoler un standard déluré, à mi-chemin entre les Yardbirds sous Clapton et Janis Joplin sous prozac.
Et n’oublions pas LE cheval de bataille: le morceau d’un quart d’heure. Il se nomme ici "Sunstroke" et comme d’habitude, c’est une réussite. Démarrant sur une introduction flippante pour en venir à un démon bâtard enfanté d’une guitare saturée à moitié étouffée et d’une batterie cyclique, Pelech se taille une prestation métronomique. Primatisant sa batterie, le batteur forme des boucles lancinantes guidées à la cymbale pour amener la transe à coup de roulements, aussi bien sur Sunstroke que lorsqu’il vient supporter les échos déchirants de Ramon durant un "Magic Potion" sensationnel. Les deux morceaux finaux ferment brillamment le disque. Si l’originalité n’est pas le point fort de l’instrumentale "Slowmotion", elle laisse au moins le batteur se lâcher et nous prouver qu’il ne fait pas parti du décor, pour un morceau malheureusement oubliable. "Outer Limits To Yr Brain" est déjà plus intéressante et développe à nouveau le thème cyclique si propre à Sun Dial.
Ce disque aurait peut-être mérité un meilleur jugement, mais Sun Dial ne cesse de reproduire inlassablement les même défauts, à savoir axer tout son potentiel sur les guitares (la batterie a du répondant, pourquoi l’avoir mixée si lointaine?); et ne pas réussir à sortir de morceau convaincant, de véritables perles condensées en cinq minutes. On a toujours préféré étirer les morceaux chez nos potes de l’acid. Malheureusement, on n’est pas tous assez calés pour pondre des "Good Vibrations" et autres "Light My Fire" à tire-larigot. Si l’originalité s’épuise un peu, l’inspiration reste, et les amateurs du groupe y trouveront leur compte sans aucun soucis.