Une petite opération vilement commerciale si on ne s’intéresse que de loin à ce CD. En effet, sorti en 1997 soit juste après la rupture d’avec Max Cavalera, un des compositeurs, influençant notamment le passage au « tribe metal » de Chaos A.D. et Roots surtout, et figure emblématique du groupe tout de même, on peut penser qu’il s’agit juste d’une opération remplissage de la part de Roadrunner. Vous n’avez pas forcément tort. Mais il faut donner sa chance à ce CD et l’écouter. Etant un fan absolu de Sepultura, je peux assurer que les titres rares sont vraiment rares, même si il y a quelques doublons avec d’autres CD, mais qu’à mon avis peu de personnes possèdent, donc c’est une affaire de fan. Il faut noter que ce disque est fait en 2 parties.La première serait la partie reprises et titres composés par Sepultura et invités. La seconde serait le live de Minneapolis en 1994.
Cette première partie s’ouvre sur un "Procreation [of the Wicked]" de Celtic Frost, groupe culte de black metal. Un titre lent et très lourd, dans le sens Heavy du terme. Une bonne entame. Un petit saut pour aller vers "Policia", titre autrement plus énergique et très court d’un compositeur tiers (Toni Belloto si vous voulez tout savoir, connais pô) et qui file une bonne patate. Ensuite un "War" encore très calme, pas vraiment dans le style Sepultura, enfin si, dans la mouvance Roots. Enchaînement triple rotatif piqué Lutz sur "Crucificados Pelo Sistma", encore un titre ultra court mais bien bourrin et ça fait plaisir. Pas écrit par Sepultura. Ensuite "Symptom of the Universe", qui d’après les noms de ses auteurs me semble être une reprise de Black Sabbat (Iommy/Butler/Ward/Osbourne). Bien bon aussi et plutôt Heavy, mais c’est un peu compréhensible si c’est du Sabbat. Ensuite, "Mine", enfin un titre de Sepultura coécrit avec Mike Patton. Ultra calme, limite atmosphérique même. Max qui chuchote lorsqu’il chante, voix normale mais distordue. Et un refrain qui s’énerve quelque peu quand même. Et au bout de 3min et des poussières ça part. Guitares plus rapides, batterie plus présente et puis plus d’agressivité dans tous les instruments et une voix qui monte le ton. Guitares très grasses au fait. Excellent et ça change assez beaucoup du Thrash, plutôt original donc avis aux amateurs. On passe sur un "Lookaway" … passable, d’autant plus qu’il est remixé avec un DJ, donc poubelle. Un titre suivi par 2 chansons de Roots l’album, mais des versions très brutes, issues des premières sessions de Roots, donc un son proche du live et différent du résultat final qui confère aux chanson plus d’agressivité. Les titres sont "Dusted" et l’inévitable "Roots Bloody Roots". On en arrive donc à la onzième piste, "Drug Me" de Jello Biafra (que vous connaissez tous). Encore du court et puissant. Avec un petit break pour mieux repartir ensuite. Terrible. Et voici la fin de cette première partie. Néanmoins, je tiens à préciser que je n’apprécie que modérément celle-ci car un peu trop calme à mon goût. Elle a tendance à m’assoupir. Et puis les compositions ne m’emmènent pas aux cieux.
Et enfin ce qui fait que cet album est à posséder, car oui, je ne l’ai pas encore dit, fans de Sepultura, vous vous devez d’avoir cet album, ce sont les 8 morceaux live qui le clôturent. Une tuerie que ce live. Jamais je n’ai entendu des chansons tant transcendées par leur moulinage par la scène. Franchement, il existe une différence juste phénoménale entre les résultats studio et ce live. Pour tout vous dire, repasser aux albums studios après, c’est un peu dur. Et pourquoi donc vous direz-vous ? Ben premièrement, le son est d’une énormité à se fracasser la tête contre les murs ou n’importe quoi d’autre à sa portée qui soit dur. La puissance de chaque instrument est extraordinaire, rien à voir avec ce qu’on entend en studio. Alors peut-être que c’est beaucoup mixé en studio derrière, mais le résultat est apocalyptifiant. Deuxièmement, on sait qu’on est en présence d’un live car même si le son est énorme, il y a en même temps cette subtile touche « on est dehors en direct », la sublimation par le concert. Et puis le public beugle et fait sentir qu’il est là, et Max s’adresse à lui. Enfin, pour vous achever, la set-list est imparable. Intro sous fond de guerre, puis détonation de "Refuse/Resist" … aaaaaaaargh !!! Putain que c’est bon. Le Sepultura de la grande époque dans sa meilleure forme et qui joue à la perfection. Non mais c’est vrai merde, écoutez moi ce "Refuse/Resist" du tonnerre de Zeus, ses riffs imparables, ces soli magnifiés par le live, ce son qui vous cloue littéralement sur place et cette batterie qui vous pulvérise par sa puissance. Alors voilà, on se retrouve devant un constat très simple. Sepultura à la base c’est génial, et en plus vous lui ajoutez un live d’anthologie. Résultat : Grandiose. Deuxième cartouche : "Slave New World". Encore du Chaos A.D. (sauf si ma mémoire défaille …). Mamamia, mais qu’est-ce qu’ils nous mettent ! Faut arrêter, non en fait, j’en veux encore ! Troisième coup de marteau asséné par "Propaganda". Déjà sur Chaos A.D. elle fait mal, mais là elle vous éclate la tronche tout simplement. Le roulement de double grosse caisse prend une toute autre dimension. Et arrivé là, on se rend compte que Chaos A.D. est l’album à défendre et qu’il occupe une place privilégiée. Et autant l’album peut paraître calme, autant sa conversion scénique est une pure réussite qui prouve que c’est bien du Thrash surpuissant.
Car une caractéristique, et non la moindre, de ce live, c’est que tous les titres sont joués plus vite, ils deviennent tous carrément plus violents et s’en devient jouissif. Vient "Beneath the Remains" en split avec "Escape to the Void", c’est turbo. Retrouver l’ancien Sepultura mitonné aux oignons live et assaisonné d’un enchaînement tout simplement parfait, c’est grand. Le riff final de "Beneath the Remains", ici présente en version courte, étant repris pour débuter "Escape to the Void". Et puis le grand bonheur de l’album, l’instrumentale de Chaos A.D., "Kaiowas". On se tait et on écoute. Elle est reprise à la guitare électrique, et ma foi c’est un peu la meilleure chanson que j’ai jamais entendue de Sepultura. Car à la base en acoustique, elle est très bonne, mais en électrique live ouah ! Un grand moment trop court puisqu’elle est un peu beaucoup raccourcie. En tout cas, les riffs de "Kaiowas" repris à l’électrique, ça vous remue les tripes. Cela nous amène tout de même à "Clenched Fist", encore du Chaos A.D.. Toujours la même rengaine, je me répète, mais comment ne pas remarquer qu’elle aussi ressort grandie de ce live ? Néanmoins, un titre qui ne possède pas autant de force que les autres, comme "Slave World" au fait. Et le final pour vous achever définitivement … la toute douce berceuse "Biotech is Godzilla". Ouhlala ! La claque que ça file que de l’entendre live ! Préparez les abris anti-obus.
Un live exceptionnel, sans aucun doute possible le meilleur de Sepultura, et aussi le meilleur qu’il m’ait été donné d’entendre. Cette sublimation de la musique de départ est vraiment incroyable, ça change tout. Du puissance 1000 en quelque sorte. Alors bon, peut-être que je biaise la critique car je suis un fan absolu de Sepultura à la base, mais c’est vraiment extraordinaire ce qu’ils nous font avec ce live. Plus qu’un vulgaire coup marketing ou qu’une compile de plus, un indispensable.
15.5/20 (12/20 pour les reprises/chansons rares et 19/20 pour ce live monstrueux)