CHRONIQUE PAR ...
Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
18.5/20
LINE UP
-Valfar
(chant+accordéon)
-Sture
(guitare)
-Strom
(guitare)
-Righ
(claviers)
-Hvàll
(basse)
-Steingrim
(batterie)
TRACKLIST
1)Todeswalzer
2)1184
3)Dance of Mortal Lust
4)The Spiritlord
5)Heidra
6)Destroy
7)Black New Age
8)Journey to the End
DISCOGRAPHIE
Maintenant que Valfar est immortel, sa musique inscrite au Panthéon des plus grands musiciens de black metal, il aurait pu être moins belliqueux durant la bataille suivante. Mais le farouche guerrier n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers. Mettant son cœur et sa force à l’œuvre, réunissant ses amis afin d’avoir une armée plus grande et plus puissante, il ne peut s’imaginer gagner sans gloire. Il met alors tout en action pour que sa victoire soit au moins aussi héroïque et historique que sur Arntor. Car telle est la marque des Vikings.
Des ambitions encore plus grandes semblaient animer Valfar après la sortie de l’album Arntor. Des velléités de grandeur s'emparèrent de lui, Windir n’est plus un one-man-band, mais bel et bien un groupe, ce qui lui permit de partir en tournée et de mettre à sang l’Europe entière (un signe: les paroles sont principalement en anglais désormais). Devenu une entité à plusieurs têtes, Windir gagne en puissance dans le son. La production est encore plus claire que sur Arntor, presque cristalline. Le moindre petit détail dans les arrangements est audible, le son des guitares contient juste assez de distortion, la batterie n’est plus étouffée. Le mixage final est au service de la musique, lui permet de s'étendre amplement, dans toute sa grandeur et sa force d’impact. L’extension du groupe s’entend: plus de guitares, une cohésion encore plus forte, une aura plus envahissante en quelque sorte. La beauté propre à Windir s’en trouve magnifiée.
Valfar reste cependant le compositeur principal, non l’unique cependant puisque Hvàll participe. 1184 est du Windir, cela s’entend dès les premières mesures de "Todeswalzer": le son onirique des claviers envahit l’espace, dans une nappe superbe, puis les riffs en trémolo, aux sonorités aiguës, s’entremêlent aux blasts, puis Valfar se déchaîne de sa voix criarde. La recette magique de Valfar est toujours utilisée, toujours aussi efficace et les ingrédients sont toujours aussi bien dosés, même si les proportions ont changé. Bien que toujours mélodiques, avec un gros travail sur les harmoniques, les compositions de 1184 sont plus agressives, sans être plus black metal. Les guitares sont plus présentes, et les riffs de génie se succèdent les uns après les autres: "Dance of the Mortal Lust", "The Spiritlord", "Black New Age". Cet apport plus fort des six cordes, ce qui en fait un album très heavy, est probablement la contribution de Hvàll.
Les claviers n’en sont pas moins présents, bien au contraire. Onirique, d’une beauté froide ils viennent tempérer les ardeurs agressives, ou au contraire s’entrechoquer avec les mélodies pour mieux les sublimer, voire s’emparer de l’espace sonore pour une échappée électronique aussi inattendue que magnifique (les conclusions de "Black New Age" et "Journey to the End"). Les Vikings seront ravis puisque l'accordéon est toujours présent pour des moments folkloriques, et les chœurs en clair sont plus profonds, plus beaux et plus majestueux ("Dance of the Mortal Lust", "Heidra"). Encore plus mature, Valfar perfectionne les arrangements ("Dance of the Mortal Lust" est une merveille de ce point de vue) et les compositions: "Todeswalzer" n’est ni plus ni moins qu’une valse. Toujours plus ciselées, des variations en permanence, les chansons possèdent plusieurs dimensions tout en gardant une homogénéité globale le long de l’album.
Tout comme Arntor, 1184 est un chef d’œuvre. Bénéficiant d’une meilleure production, d’une plus grande diversité dans la composition avec l’apport de Hvàll, devenu membre à plein temps du groupe, cet album est le point culminant de la carrière de Windir. Sur la proue de son drakkar, Valfar regarde encore une fois une terre ravagée par ses soins, une hécatombe qui nourrit la légende, et son nom résonne dans des contrées encore plus lointaines.