CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Valhalla Jr
(chant)
-Dushan Petrossi
(guitare)
-Andreas Lindahl
(claviers)
-Vassili Moltchanov
(basse)
-Erik Stout
(batterie)
TRACKLIST
1)Shadow of the Red Baron
2)Dreams
3)Forever in the Dark
4)Resurrection
5)Sahara
6)Black Devil Ship
7)We Will Meet Again
8)Universe
9)My Angel Is Gone
10)Only the Good Die Young
11)Ghost of the Tzar
DISCOGRAPHIE
Si l’on s’en tient aux stéréotypes, Dushan Petrossi est un oxymore vivant. Son statut de « shredder belge » dément allègrement cette vilaine réputation qu’ont les belges d’être lents. Car niveau rapidité, descentes de gammes et plans qui tricotent aussi bien que mamie Jacqueline préparant chaque année ses cadeaux de Noel, le Dushan en connait un rayon. Iron Mask, l’un de ses projets, permet une fois de plus à notre virtuose de démentir ce cliché désobligeant qu’un certain JCVD avait déjà contribué à démolir à grands coups de tatanes dans le visage.
Inévitablement, le chroniqueur chargé de pondre un pavé sur ce Shadow of the Red Baron sera amené à prononcer le nom d’un Suédois bedonnant, tant l’influence est palpable. Y compris dans la composition du line-up, où à la batterie, Dushan est allé piocher dans le pool de musiciens spécialisés dans l’accompagnement de shredder, à savoir Erik Stout, qui joue avec Joe Stump dans son projet Reign Of Terror. Pour le reste, on trouve son pote Vassili Moltchanov à la basse – qui joue avec lui sur son autre projet Magic Kingdom – et Andreas Lindahl (Narnia, The Murder Of My Sweat) aux claviers. Quant au chant, il s’agit de Valhalla Jr, qui remplace Olivier Hartmann - ce qui ne l’empêche cela dit pas de faire une apparitions en lead sur "Dreams". Et comme il est toujours de bon ton d’inviter son boss à sa petite sauterie pour se faire bien voir, Lars Eric Mattson (patron de Lion Music) vient poser avec son toucher tout de suite reconnaissable un solo sur "Sahara".
Le décor est planté, le reste coulera de source : un heavy metal aux influences neo-classiques avec un peu de shred. Iron Mask ne déroge donc pas à la tradition, ce qui ne surprendra vraiment personne. Reste à savoir si le père Petrossi a été inspiré pour ce troisième album d’Iron Mask. Tuons ce pseudo suspense dans l’œuf : oui, Shadow Of The Red Baron est un bon album, bien amené, bien construit et tout à fait plaisant à écouter. Les morceaux sont variés et comportent tous de petites choses qui font plaisir, comme les refrains imparables du titre d’ouverture et de "Resurrection", l’ambiance mi-celtique, mi-Iron Maiden/Manowar de "Black Devil Ship", et les bons vieux riffs hard FM de "Only the Good Die Young" et de "Sahara"… tout cela a déjà été vu et revu un nombre incalculable de fois, mais ça fait mouche. On pensera également forcément à du At Vance, qui possède strictement les mêmes caractéristiques que Iron Mask, mais qui avec des ingrédients similaires ne parvient plus depuis quelques années à pondre quoi que ce soit de réjouissant.
La partie shred, qui est tout de même l’une des inévitables caractéristiques du genre, est ici réduite à sa portion congrue, les solos n’étant que très majoritairement placés en milieu de chanson – dans la grande tradition des structures de chansons de heavy-métal. Il n’y a guère que l’intro de "Universe", rappelant du Stratovarius peu inspiré, qui fait faire un peu la grimace… le reste fait presque tout le temps mouche, excepté bien sûr l’inévitable ballade sirupeuse et dégoulinante de vibrato et d’émotion contenue, "My Angel Is Gone", ratée et pénible comme il se doit – seul créneau sur lequel At Vance est encore bon de nos jours… Mention spéciale pour le titre de fin, "Ghost of the Tzar", avec sa classieuse introduction symphonique et son riff lourd sur fond de growl (oui, de growl !) et ses chorus de guitares là où n’importe qui se serait attendu à une déboulée de gamme durant sept minutes – ce que Malmsteen n’aurait pas manqué de faire.
Essai réussi pour Dushan Petrossi avec un album frais et bien amené, aux mélodies vocales convaincantes et aux interventions guitaristiques bien équilibrées, présentes mais non envahissantes. Le concept de l’album n’a pas été évoqué : c’est que celui-ci, malgré les apparences, n’en est pas un. Si trois titres parlent du Baron Rouge, aviateur de légende allemand de la première guerre mondiale, le reste traite du décès de la mère de Dushan, survenu durant l’écriture de l’album, et d’autres sujets variés. Cela n’empêche nullement Shadow Of The Red Baron d’être un album cohérent et varié, qui devrait plaire aux amateurs du genre.