CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Mark Boals
(chant)
-Dushan Petrossi
(guitare)
-Mats Olausson
(guitare)
-Vassili Moltchanov
(basse)
-Ramy Ali
(batterie)
TRACKLIST
1) From Light Into Dark
2) Black As Death
3) Broken Hero
4) Feel The Fire
5) Genghis Khan
6) God Punishes, I Kill
7) Rebel Kid
8) Blizzard Of Doom
9) The Absence
10) Magic Sky Requiem
11) Nosferatu
12) When All Braves Fall
DISCOGRAPHIE
Décidément, on ne l'arrête plus ! Après une pause de près de 5 ans, Dushan Petrossi, le shredder belge qui descend les gammes aussi vite que la plupart de ses compatriotes descendent les binouzes, nous propose son troisième album en l'espace de tout juste 24 mois (deux avec Iron Mask, un avec Magic Kingdom). Pas de changement stylistique à l'horizon, en revanche le line up a été presque intégralement renouvelé, avec notamment l'arrivée de Mark Boals au chant et Mats Olausson aux claviers. Deux gus connus pour leur passage chez Malmsteen, mais c'est sans doute une coïncidence…
Black As Death, c'est le genre d'album pas franchement rassurant au début. Après une intro sympa qui nous met en appétit, on entre dans le vif du sujet avec le morceau titre, long de 7 minutes. Logiquement, on se dit que si celui-ci a donné son nom à l'album, c'est qu'il doit envoyer la sauce, ou au moins figurer parmi les temps forts. D'ailleurs, on y croit au début, avec une intro épique et un début metal sympho à la Therion d'une grande puissance. Et puis après, tout s'écroule : un couplet bâclé d'à peine deux phrases, un prérefrain qui veut se la jouer sans méchant sans convaincre et un refrain carrément gnangnan, le tout sans la moindre cohérence. Même sur le long passage instrumental du milieu, où on s'attend à ce que Petrossi fasse parler la poudre, ça part dans tous les sens sans qu'il ne se passe quoi que ce soit d'intéressant. A peine commencé, on est déjà refroidi par cette entame ratée. Heureusement, c'est à peu près le seul titre à inscrire dans la colonne gros plantage, avec l'abominable ballade guimauve "Magic Sky Requiem", exceptionnellement interprétée par Goran Edman.
En revanche, ce n'est pas avec Black As Death que Petrossi va faire cesser les comparaisons avec Malmsteen. On y retrouve en effet les deux grandes catégories de morceaux prisées par le Suédois. D'une part, les morceaux de hard mélodique à la Rainbow. Un exercice que Petrossi maîtrise plutôt bien grâce à un sens de la mélodie entêtante bien aiguisé : "Broken Hero" a beau commencer bizarrement avec un riff sautillant proche de celui de "Primo Victoria" de Sabaton, le refrain fonctionne plutôt bien. Idem pour "When All Braves Fall", mais c'est bien l'irrésistible "The Absence" qui met tout le monde d'accord. D'autre part, les morceaux rapides qui permettent à Petrossi de montrer toute sa dextérité guitare en main. Et là encore, ça fonctionne pour la bonne et simple raison que la gaillard n'a pas oublié de composer. Bien plus qu'un simple cadre pour balancer du solo à gogo, "Feel The Fire" est avant tout un très bon titre. On peut en dire autant de "Nosferatu", morceau de heavy néoclassique avec une touche extrême prononcée. Finalement, dans cette veine, seule "Blizzard Of Doom" peine à convaincre.
Et puis au milieu de l'album, il y a cet enchaînement de trois titres qui sort de ce clivage un peu trop systématique et qui permet à Black As Death de trouver un nouveau souffle. Pour ouvrir le bal, "Genghis Khan", dont l'intro exotique assure un dépaysement complet. Ce titre lent, doté de lignes de chant grandiloquentes et d'un refrain simple mais très lourdeur, est peut-être le seul où Mark Boals, impérial par ailleurs, affiche quelques limites. On aurait bien aimé entendre ce titre chanté par Ripper Owens, même en mode minimum syndical. Le monumental "God Punishes, I Kill", dont les arpèges d'intro rappellent énormément les mélodies entendues et réentendues sur les derniers Maiden, présente pas mal de similitudes avec son prédécesseur avant de bifurquer sur un refrain mélodique d'excellente facture et un break magnifique. Enfin, "Rebel Kid" sonne comme une synthèse des influences de Petrossi : encore du Maiden avec une intro ressemblant à "Fear Of The Dark", du heavy teinté de mélodies fortes (ce refrain !) et un solo néoclassique de toute beauté. Ca change un peu… et ça fait du bien !
Etonnante stratégie commerciale que de placer le plus mauvais titre en opener et de baptiser l'album de ce nom… Mais passée cette mise en jambes difficile, Black As Death se révèle tout à fait agréable et bien supérieur à son prédécesseur Shadow Of The Red Baron, notamment au niveau du chant. Dushan Petrossi nous démontre une fois de plus tout son savoir-faire appliqué à différents registres, même s'il risque bien d'être indéfiniment cantonné au rôle d'ersatz de Malmsteen. Ceci dit, tant qu'il sortira des albums de cette trempe, on ira pas s'en plaindre.