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CHRONIQUE PAR ...

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Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note : 19/20

LINE UP

-Agnete M. Kirkevaag
(chant)

-BP M. Kirkevaag
(guitare+chant)

-Odd Eivin Ebbesen
(guitare)

-Tormod Langøien Moseng
(basse)

-Mads Solås
(batterie)

TRACKLIST

1)My Name is Silence
2)Evasions
3)Plague on this Land
4)Dystopia
5)M for Malice
6)The Flood to come
7)Changeling
8)Cold Stone
9)Hypnos
10)Sedition
11)Desiderata
12)Hangman

DISCOGRAPHIE


Madder Mortem - Desiderata



C'est beau, un coup de foudre, ça arrive trop rarement... Et c'est encore plus rare qu'il dure et se transforme en amour vrai, sincère et durable. Non je ne m'entraîne pas pour mon poste de responsable du courrier des lecteurs chez Muteen : je vous parle de Madder Mortem, groupe qui m'a complètement envoûté dès la première écoute, qui me bluffe toujours autant après quatre cent trente cinq écoutes de l'album et qui s'annonce d'ores et déjà comme un de mes gros coups de coeur de 2006. Bienvenue dans un univers très particulier dont on ne saurait sortir indemne.

Je crois avoir dit à haute voix « eeeeeh ? » lors de ma première écoute de cet album. Ecouteurs sur les oreilles, j'ai immédiatement repassé le premier titre "My Name Is Silence" au début pour être sûr que je ne m'étais pas planté. Car après une intro heavy (avec un terrible micro-break en twin lead) avait débarqué un riff complètement tordu, presque néo dans l'esprit, et surtout un chant féminin littéralement sans queue ni tête. Ca semble presque atonal, martial, et en surtout décalage complet avec le riff. Le pire, c'est que le refrain de ce single (!!) déboule direct derrière et repart immédiatement dans la mélodie pop hyper accrocheuse, et que le chant d'Agnete redevient à cette occasion mélodique et très classique dans la forme. Puis une nouvelle partie débarque au bout d'une minute trente-quatre, qui sonne à la fois heavy, prog et néoclassique. Plaît-il ? En quelques minutes Madder Mortem pose sa caractéristique principale : balader l'auditeur sans ménagement, lui faire perdre ses repères dès qu'il croit avoir compris le truc, et ceci à longueur d'album. Et le mettre en joie, aussi.

Rarement un album non classable dans le « prog » aura été aussi varié, d'ailleurs classer cet album est un défi en soi. Métal, évidemment : de la production heavy aussi puissante que claire aux riffs et leads de guitare agressifs et entêtants, il est clair qu'on n'est pas dans la pop. Et ce chant… Agnete, c'est un sacré morceau, tant au niveau physique que vocal. Son vibrato puissant et son côté épique aurait pu lui suffire à s'assurer une place au sein des chanteuses du même type, mais la donzelle a décidé, à l'image de son groupe, de brouiller les pistes. Elle peut soudainement faire de sa voix une caresse, mais elle part surtout dans des délires suraigus/agressifs où elle semble se faire littéralement mal. Il n'est au final pas étonnant qu'elle revendique l'influence de Mike Patton au vu des hurlements qu'elle peut parfois pousser ! Il faut l'entendre gueuler sur la fin de "Changeling", c'est impressionnant. Et derrière, ça donne dans l'inclassable jouissif : en effet définir quel style de métal pratique Madder Mortem relève réellement du défi.

Chaque compo de Desiderata propose une atmosphère propre, et en plus le groupe lie les genres au sein d'une même chanson. Prenons "Evasions" : le thème heavy mélodique lumineux du début laisse la place à de longs moments atmosphériques qui bercent doucement, avant que ça s'énerve sans prévenir et qu'un riff écrasant et rythmique souligne les vocalises d'Agnete, vocalement au bord de la rupture comme souvent. Une grosse mosh-part bien core derrière ça, et quand la mélodie douce revient, décuplée de puissance, on est soufflé. "Plague On This Land", "M For Malice", "Sedition" comme "The Flood To Come" confirment le talent du groupe pour balancer des riffs à la limite du néo au placement rythmique souvent bluffant de groove et de technique (vache de batteur !) pour les enchaîner à tout ce qui passe sans heurt aucun. De la ballade acoustique au thème power-heavy à deux guitares en harmonie ("Desiderata", géniale), de la quasi-pop dépressive au speed-thrash, il ne semble pas y avoir un domaine dans lequel Madder Mortem soit incapable d'assurer.


C'est donc une bombe pure qui débarque en ce mois de mars, un ovni musical sur lequel quasiment rien n'est à jeter. Ils réussissent même à atteindre une intensité de musique de film : les chœurs de péplum tribal puis l'orgue de Barbarie de "Cold Stone" s'enchaînent à merveille avec "Hypnos", compo qui redéfinit le concept de chanson épique. Un feeling monstrueux se dégage de cette compo qui relègue "Butterflies And Hurricanes" de Muse au statut de chansonnette vaguement entraînante et qui transporte l'auditeur dans des contrées encore inconnues. Enorme !

On peut jumper sur Madder Mortem, pogoter comme un furieux, fermer les yeux et se laisser emmener, ou alors se poser, casque sur les oreilles, et jouer à relever les mille subtilités de cet album qui se révèle encore à l'auditeur quand on croit en avoir fait le tour. Un futur grand, et un album à ne rater sous aucun prétexte. Carrément fantastique !


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