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CHRONIQUE PAR ...

2
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 14/20

LINE UP

-Shawter
(chant+claviers)

-Izakar
(guitare)

-Werther
(basse)

-Franky
(batterie)

TRACKLIST

1)43 17'n / 5 22'e
2)Dead Lion Reef
3)Columnae
4)The Devil’s Triangle
5)Degree Zero
6)The Horn Cape
7)Black Smokers (752 Farenheit)
8)Ha Long
9)Shen Lung
10)I Sea Red
11)There's Blood Offshore
12)Waves of Doom

DISCOGRAPHIE


Dagoba - Poseidon



Izakar «Les mecs, je crois qu'on a vraiment chié dedans niveau son de guitare avec Face The Colossus. Ça ressemblait à une vuvuzela. On change de producteur ? 

Shawter : Ah ? Moi j'aimais bien pourtant. Mes samples ressortaient vachement du coup. 

Werther : Moi on m'entend jamais donc bon... 

Izakar : Franky, t'en dis quoi ? 

Franky : DOUBLE PEDAAAAAAAAALE !!!» 

Les Dagoba ont vraiment le don d'énerver le monde. Face The Colossus aurait pu être un putain d'album si Tue Madsen n'avait pas saturé le son de la guitare au point de la rendre plus proche d'un vol de bourdons que d'un instrument amplifié. Retour au producteur des débuts avec Dave Chang, et à un son de guitare plus cru où on distingue les notes jouées... en se concentrant comme un malade, car la guitare est en arrière dans le mix. La bande a fait ce qu'on n'aurait jamais pensé possible : vaincre un écueil et s'en créér un autre juste après pour parvenir au même résultat. Car pour des raisons différentes de l'album d'avant, Poseidon est de nouveau un disque où percevoir ce que joue exactement la guitare demande parfois une attention soutenue, à part si on est aux intras-auriculaires dans une maison vide (c'est du vécu). Tant qu'Izakar fait du Fear Factory-like avec Franky tout va bien, sauf que le groupe a décidé de ne plus se laisser enfermer dans cette cage. Il y a en effet une proportion réduite de riffs "salves de mitralleuse" par rapport à ce que Dagoba avait pu nous proposer auparavant. Izakar varie désormais ses riffs, l'époque What Hell Is About est oubliée, c'est une bonne idée sur le papier... sauf que quand il sort d'une approche purement rythmique ses notes sont noyées par la batterie, les samples et le chant. Lors de quelques breaks où la guitare ne passe que dans un canal (au lieu d'être doublée à gauche et à droite), on se rend compte qu'elle vient vraiment de loin.

Ce défaut est particulièrement perceptible dans les passages thrash : lors du plan speed de "Columnae" Izakar se la joue moderne et balance des notes dans son riff joué à donf... notes écrasées par une batterie éléphantesque, pour changer. Franky se paye le luxe de progresser encore un peu techniquement et sort fréquemment des plans de double qui le font titiller un certain Gene Hoglan. Shawter laisse de plus en plus la place au chant dans ses lignes vocales, et si son timbre et sa puissance restent impressionnants, on se rend compte à l'écoute de Poseidon que le bougre n'a pas une tessiture fabuleuse. Est-ce la faute à l'accordage ? Le fait est qu'il chante toujours dans le même octave, et que les mélodies d'une chanson tiennent souvent sur les cinq-six mêmes notes. C'est frappant sur "Black Smokers", et sur le tubesque "Shen Lung". Shawter parvient malgré tout à pondre un joli refrain sur ce dernier titre, mais les couplets sont plats de sa faute... On peut également regretter qu'il n'ait pas ressorti la voix posée aperçue sur "The World in Between" vu qu'elle sonnait bien. Mais bon, il reste son chant hurlé, toujours aussi parfait. Pour revenir à "Columnae" c'est une bonne démonstration de l'audace dont Dagoba peut faire preuve quand ils veulent : l'intro criée au mégaphone sur fond de sirène, le riff Slipknot qui se transforme d'un coup en power-heavy écrasant, le plan thrash et l'outro ambiancée où la double mitraille (sans la guitare au début) sur des nappes ambient... c'est ficelé au détail près et ça fait du bien.

Sortis du son de guitare, les passages speed sont généralement bien réussis car soutenus par des hurlements et une double de démon, preuve en est "Dead Lion Reef", opener bien violent qui fait passer le goût du sel. Car c'est bien là que la frustration repose : Poseidon est franchement pas mal. Dagoba expérimente beaucoup, tout en conservant l'aspect qui fait d'eux une arme de destruction massive : leur démarche de rouleau compresseur. Quand on n'est pas écrasé par le tempo on l'est par les samples résolument cinématographiques, qui parviennent à atteindre des somments d'intensité quand la sulfateuse guitare / batterie se met en marche. L'instrumental "The Horn Cape" cloue au plancher à chaque écoute et aurait dû donner une vraie chanson tant ça cogne... on pourrait rapprocher l'idée des plans massifs de "Mein Herz Brennt" de Rammstein, sauf que là c'est dix fois plus énorme. Par contre le groupe peut également abuser de cet artefact, voir l'intro et les breaks de "I Sea Red" qui reproduit l'ambiance décrite ci-dessus... sachant que la chanson est assez plate et linéaire dans le genre néo-thrash-death énervé, ça laisse un mauvais souvenir. Autre ratage : l'instrumental "Ha Long", véritable cliché qui pourrait figurer sur la B:O:F d'un film de kung-fu de série Z. La fin de l'album est relevée par "Waves of Doom", titre de métal extrême ultra-violent qui évoque parfois Cradle au niveau des claviers. Franky balance du blast effrayant, Izakar joue dans les aigus donc on l'entend, ça envoie du lourd... c'est bon. Vraiment.


Voilà donc ce dernier Dagoba : un album globalement bon en partie gâché par une prod qui aurait dû le rendre énorme . La qualité d'une bonne partie des compos sauve le navire (lulz!) mais on est tout de même en droit d'être déçu quand on voit un groupe de ce calibre se mettre des bâtons dans les roues tout seul. Mais s'qu'y sont chiants...


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