Und jetzt, die neue Platte von den Apokalyptischen Reit... heu héhé. Voilà donc la nouvelle galette de nos bikers de l'Apocalypse. Elle est nommée Moral & Wahnsinn, ce qui se traduit de l'allemand par la morale et la folie. Sur la couverture, une tronche de cake, sans doute le chanteur du groupe, qui tire la langue, avec à gauche un Djiseusse avec un AK-47 et un nazi avec un bâton de berger... de quoi méditer pendant des heures, mais cette fois encore il y aura des gens pour traiter nos amis de sales nazis of steel parce qu'ils chantent en allemand et portent des pantalons en cuir !
Premier constat qui saute aux yeux, le chant fait un peu mal. Le chanteur, qui vieillit comme tous les chanteurs mais ça n'a peut-être rien à voir, semble devoir pousser un tantinet pour atteindre les aigus, à la manière d'un Dickinson depuis A Matter Of Life And Death, et ça fait mal au crâne. Ceci-dit, le personnage semble maîtriser un peu plus le chant rauque, et quand il ne force pas, ça passe très bien, comme dans "Dir Gehört Nichts" (auf französisch « rien ne t'appartient », un morceau peut-être dédié au communisme ?) Précisons aussi que la langue allemande, du moins dans sa forme officielle - qui est loin d'être la plus charmante - est des plus rugueuses, et même si ça facilite la compréhension orale pour peu de la connaître, ça ne rend pas la musique plus jolie. Les paroles sont plus directes et donc moins poétiques que chez un Rammstein, mais en ce qui concerne la musique, c'est peut-être l'inverse, puisque ce sont bel et bien de vraies compositions qui peuplent les galettes des Apokalyptischen Reiter.
Deuxième constat, il est ici fait usage de procédés pas toujours très originaux mais qui donnent un peu de variété à la musique. Citons les sifflements du titre "Gib Dich Hin" qui semblent l'équivalent métallique de ceux de "Wind of Change" de nos autres Allemands de chez un groupe dont vous avez peut-être vaguement entendu parler, ainsi que le clavier aigu de "Dr. Pest" rappelant vaguement le premier Zelda sur Game Boy (osez me dire que les jeux vidéos de votre enfance n'ont pas influencé votre perception musicale), un morceau où se côtoient grands riffs, violons (synthétiques ?), solos sympas, et tout ça, ça donne une énorme ambiance... citons aussi la guitare solo clean de "Hammer oder Amboß" (marteau et enclume), qui n'est pas sans rappeler celle de "Sweet Home Alabama" (« gentille maison Alabama »). Il y a aussi les petits accords cleans du titre éponyme, etc. Bref : ces musiciens maîtrisent parfaitement leurs instruments, et sont extrêmement polyvalents, ce qui, allié à la qualité des enchaînements d'accords, fait de cette formation une bande de qualité (profites-en pour te laver, papy).
On retrouve dans cette grande polyvalence des éléments empruntés au death, d'autres au punk (les premiers couplets du titre "Erwache" ne seront pas sans nous rappeler parfois le punk de chez The Exploited). Les passages calmes sont également présents, citons pour cela le titre "Wir Reiten", une power ballad dans la plus pure tradition de Chermanie. Concernant la prod, ce n'est pas là non plus que l'on trouvera des reproches à faire à ces gens : une fois habitué à la voix pas toujours facile à digérer du chanteur, ça passe très bien. Certains albums de la formation étaient d'un intérêt limité, comme par exemple le précédent Licht (la guitare de "Hört Auf" (« arrêtez ») n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle de l'excellent "Es Wird Schlimmer" (« ça s'aggrave ») du précédent album) qui sans être mauvais, n'était pas indispensable. Ici, les morceaux se suivent, font tout sauf se ressembler, et sont tous excellents à leur manière, à tel point qu'il est, vous l'aurez constaté, difficile d'éviter la chronique piste à piste. Les influences sont nombreuses, et permettons-nous de citer la relative ressemblance entre le titre final "Ein Liebes Lied" et le break accoustique de "Come Back" de Foo Fighters, une autre formation aussi polyvalente qu'excellente.
Le groupe effectue encore un pas en avant avec ce disque-là, dont l'écoute passe toute seule. Il ne dure pas très très longtemps, 37 minutes pour être exact, et on ne s'ennuie donc pas une seconde. Passages un peu jazzy, riffs de tuerie, growls parcimonieux, chant clair, ballades, claviers pas dégueulasses, maîtrise technique... atmosphères vraiment chouettes, il y a tout pour faire un bon disque, peut-être le meilleur du groupe.