2009 avait posé les jalons de la confirmation définitive des talents de Between The Buried And Me (BTBAM) avec une science des compositions enfin à la hauteur de la technique du groupe. En s'éparpillant moins mais en gagnant des plages éthérées d’une beauté stupéfiante, le groupe avait tapé son Everest avec The Great Misdirect. The Parallax: Hypersleep Dialogues (EP ou LP, difficile à dire) vient donc à sa suite. En fait, à ses suites puisqu'il s'agira d’un duo basé sur l'histoire de 2 êtres séparés de quelques megaparsecs mais à qui arrivera le même événement les amenant à une prise de décision décisive pour l'Histoire de l’Univers. Rien que ça.
Serrez les fesses et ouvrez grand les oreilles, la tension est à son comble. Comble du bonheur ? BTBAM va devoir se retrousser sévère les manches pour rééditer son exploit de The Great Misdirect. La première écoute se passe en bloc. Les 3 chansons (de 10 minutes environ, soit 30 minutes, rien de plus, rien de moins, un peu chiche) défilent dans nos tympans et il en ressort l'impression d'un gros bloc massif et peu adhérent. Pour autant, la puissance abrasive (vous aimez les paradoxes non ?) de l'ensemble laisse supposer que le groupe a opté pour une approche plus directe, plus compacte et brutale de la musique. Les influences prog/metal avec Dream Theater et The Dillinger Escape Plan en tête sont toujours là, la patte du groupe également au rendez-vous des gens heureux. On écoute du BTBAM pour sûr vindieu. Mais on ressort de cette première écoute sans savoir que penser.
Il faudra donc repartir pour un tour, en avant Simone ! Étant d'un naturel généreux, vous repartez pour plusieurs autres tours car la densité est forte. Les détails ressortent, s'affinent. Les perles se font, les tresses se détressent et la détresse initiale se retresse. On note ici et là le calme qui manquait de prime abord, vous entendez cet accordéon à la 7e minute de "Augment of Rebirth" ? La grosse saccade syncopée de "Specular Reflection" avait déjà attiré l'oreille auparavant. On retrouve un BTBAM subtil et c'est un grand plaisir. On a envie de foutre et refoutre dans cet album. Le groupe a conservé cette nouvelle approche des chansons plus unies entre elles, plus... composées. La juxtaposition de plans est définitivement terminée. Le hasard n'a plus son mot à dire sur la qualité finale, seule l'inspiration du groupe joue, et elle a un sacré jet de dés. On apprécie, on rit.
Le son est à la hauteur, une basse bien ronde et présente, la batterie un peu sèche provient directement de The Great Misdirect et les guitares sont idoines. Le chant toujours entre 2, finalement bien plus convaincant dans ses parties claires que ce core hurlé malheureusement salement banal. Le groupe ne juxtaposant plus, il mélange et dérange les genres entre eux. Du postcore, que l'on peut qualifier de socle, autour duquel viennent graviter (remplacer ?) le metal, le jazz, les mélodies plus pop, un peu de post rock, étonnamment du black symphonique à la Dimmu Borgir ("Augment of Rebirth") et ce qui nous ravirait à appeler grind(core). La richesse musicale s'exalte toujours, le contraire eut été étonnant. La rencontre de tous ces genres rend-elle nauséeux ? Assurément étourdi lors des premières rencontres, mais les habitués seront dans leur eau, comme un poisson.
Un nouveau « tour de force » (en français dans le texte) comme dirait nos amis anglo-saxons. Rebutant de prime abord, manquant de l'aération vitale qui avait fait de The Great Misdirect un immense succès, The Parallax: Hypersleep Dialogues confirme ce que les chiffres bruts laissaient craindre : l'album est bien trop court. En fait, il fait regretter que le duo ne soit pas solo (sans préjuger de la qualité de la future progéniture). 30 minutes c'est très court quand on prend son pied. On s'en accommodera, mais on pourra juger BTBAM bien radin, ou mercantile, au choix, sur le coup (jugement à réviser s'il s’agit bien d'un EP, au prix EP).