En 2010 et après sept ans sans album, We're Here Because We're Here divisait : entre les déçus et les conquis, la guerre était déclarée (/exagération). Pas besoin d'attendre aussi longtemps maintenant, car voici qu'arrive deux ans après Weather Systems, qui réconciliera peut-être les fans … ou non. Qu'en est-il donc ?
Ce nouvel album n'est pas si différent de l'orientation entamée avec We're Here Because We're Here. La musique est toujours dans un rock atmosphérique, mais les thèmes changent. Plutôt que de jouer la carte mélancolie, on se retrouve dans un univers plus lumineux, avec une pointe d'espoir. Pas vraiment de joie, mais les nuages noirs sont dissipés par ce ciel presque entièrement bleu. Et puis, là où le brûlot précédent était plus complexe et difficile à assimiler, celui-ci joue bien plus sur l'émotion, la sensibilité et surtout la simplicité. Les passages acoustiques sont légion, et les structures bien moins complexes qu'auparavant, pour pouvoir toucher un public plus large, sans avoir une attitude opportuniste. Un point de charme pour Anathema.
Bien sûr, tout n'est pas parfait : les longueurs sont parfois présentes, surtout sur les derniers titres, qui restent bons, mais moins captivants. Le groupe britannique a un peu de mal à nous garder sur toute la longueur, même si l'univers façonné par la formation fonctionne toujours aussi bien. Cependant, on préférera le début, ce qui amène un aspect légèrement bancal. Ainsi, "The Beginning and the End" ou "Infernal Landscapes" sont un peu en-dessous du lot, et en guise de conclusion plus d'émerveillement aurait été profitable, pour garder le meilleur souvenir possible de la part du combo. Mais ne crachons pas dans la soupe, la beauté et l'envoûtement sont des points qui n'ont pas été oubliés, fort heureusement, et le plaisir reste là à l'écoute.
Dans cet aspect dépouillé, surnagent deux acteurs : Vincent Cavanagh et Lee Douglas. La chanteuse est bien plus présente qu'auparavant, au point de parfois s'octroyer du chant lead, et de partager bien plus qu'avant le chant avec le frontman. Et pour ceux qui auraient peur, le mariage est particulièrement réussi, et cela pourrait donner un aspect à exploiter pour Anathema. De son timbre clair et délicat, Lee donne facilement la réplique à Vincent, ou lui vole la vedette sur "Lightning Song", l'un des meilleurs morceaux, porté presque entièrement par la voix de Lee Douglas. Un des points les plus réussis de l'album, et c'est loin d'être le seul, heureusement. Weather Systems est, quand même, un très bon opus.
En effet, les pistes se suivent, mais ne se ressemblent pas, et pas mal de variations sont apportées. On sent les mélodies soignées, simples, mais bien arrangées, avec un certain sens du minimalisme et du refrain. Du coup, ne vous étonnez pas si vous êtes en train de fredonner malgré vous un air ou deux provenant de cet album, et ce dès la première écoute. Et ça, si c'est pas un signe positif … C'est prenant, c'est doux mais enivrant, un vrai régal pour les oreilles. Anathema n'a pas bâclé cette nouvelle offrande. S'il manque encore un peu de saveur sur la fin, les 5 premiers morceaux, eux, font certainement partie du haut du panier dans leur discographie. S'il faut retenir un opus des anglais, ce ne sera pas celui-ci, mais il reste dans les bons.
En 2012, Anathema revient en grande forme et réussit à convaincre son auditoire grâce à un Weather Systems de grande qualité. Touchant et beau, quelques défauts l'empêchent de prétendre au rang d'album de l'année, mais c'est tout de même un voyage qu'on ne refusera pas. Fermez donc les yeux, et laissez-vous emporter. Aucun regret à l'horizon.