CHRONIQUE PAR ...
Ptilouis
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17.5/20
LINE UP
-Vincent Cavanagh
(chant+claviers+programmation)
-Lee Douglas
(chant)
-Daniel Cavanagh
(chant+guitares+clavier)
-Jamie Cavanagh
(basse)
-John Douglas
(percussion+batterie+programmation+synthés),
-Daniel Cardoso
(batterie)
TRACKLIST
1) The Lost Song, Part 1
2) The Lost Song, Part 2
3) Dusk (Dark Is Descending)
4) Ariel
5) The Lost Song, Part 3
6) Anathema
7) You're Not Alone
8) Firelight
9) Distant Satellites
10) Take Shelter
DISCOGRAPHIE
Rarement chronique d’un album n’aura été aussi difficile pour moi. C’est simple, j’écoute le dernier album Distant Satellites d’Anathema depuis un moment et il m’est difficile de mettre des mots sur ce que je ressens. Car objectivement, le dernier né des Cavanagh est un album intéressant recelant de véritables pépites, même si sur certains aspects il s’avère un peu trop proche de son prédécesseur. Mais d’un point de vue purement émotionnel, l’album me bouleverse et me transporte comme rarement. Alors voilà, je vais essayer de vous le décrire, de décrire pourquoi l’album me touche autant. Essayer… mais je ne vous promets rien.
Car c’est bien simple, si Weather Systems ne faisait que reprendre la lancée lumineuse tracée par We’re Here Because We’re Here, Distant Satellites au premier abord ne fait pas vraiment différemment. Certes, les pianos et les arrangements subtiles de cordes et de nappes de claviers ont remplacé la guitare acoustique, mais des morceaux comme "The Lost Song part1" et "The Lost Song part2" renvoient directement au couple "Untouchable part1" et "Untouchable part2" : même première partie avec Vincent au chant et deuxième partie plus aérienne avec Lee Douglas. Et même réussite avec toujours une jolie montée en puissance en fin de morceau. On pourrait dire la même chose pour "Ariel" qui ne dépareillerait pas sur l’album précédent avec sa belle mélodie de piano et une Lee rayonnante et touchante. Mais déjà un premier décalage apparaît : le disque est plus nuancé, parfois plus sombre comme sur le morceau en deux temps "Dusk (Darkness is Ascending)", mais surtout bien plus mélancolique à l’image de la sublime "Anathema".
Cette impression de continuité vous restera probablement après la première écoute. Mais Distant Satellites représente plus que ça. S’il est lié à Weather Systems, on pourrait aussi le rapprocher des aspects plus tristes et plus rock de A Natural Disaster. Des morceaux comme "The Lost Song Part3" et sa batterie bien dynamique le prouve tout comme l’inquiétante "You’re Not Alone", qui malgré sa courte durée, rajoute du punch à un album très atmosphérique. Et c’est plutôt réussi, tout comme l’est la courte et ambiante "Firelight", encore une fois proche de l’atmosphère de A Natural Disaster. Atmosphère que l'on retrouve encore grâce aux solos très inspirés de Danny Cavanagh sur "Ariel" ou la sublime "Anathema". D’ailleurs, ce morceau résume finalement bien ce qu’est le groupe : une place prépondérante laissée à l’émotion sur un piano lancinant, pour finir sur une sublime ligne vocale finale et un solo de guitare magistral où Danny a rarement autant brillé et ému. Un futur classique. C’est ensuite que les anglais se mettent à proposer quelque chose de différent.
Différent par le côté électronique des compositions, la batterie électronique nous surprend sur des titres qu’ils soient rock comme "You’re Not Alone", plus atmosphérique sur "Distant Satellites" ou positif sur "Take Shelter". Différent par la volonté de créer des atmosphères plus éthérées voir même spatiales aussi bien sur l’introduction "Firelight" que sur la longue et évolutive "Distant Satellites" et sa magnifique deuxième partie (écoutant notamment la batterie). Différent aussi par la volonté de transmettre une émotion bien plus crue, plus à fleur de peau. Les meilleures exemples sont probablement "Anathema" et "Distant Satellites" où la voix de Vincent a rarement su aussi bien nous saisir par ses émotions. C’est cette volonté d’innover via ces petites touches électroniques, ces arrangements plus subtils et ces morceaux plus variés que dans la première partie de l’album qui font de Distant Satellites un disque plus riche, plus profond et plus frais que son prédécesseur. Et c’est assez paradoxal lorsque l’on sait que les idées à l’origine de ces morceaux ont au minimum au moins dix ans d'ancienneté.
Distant Satellites est beau, subtil et mélancolique. Si l’on ne devait garder que deux morceaux ce serait "Anathema" pour le passé du groupe et "Distant Satellites" pour son futur. A eux seuls, ces deux pistes résument la volonté des anglais d’avancer en douceur et de proposer un disque différent et plus subtil que le précédent. Plus nuancé que Weather Systems, plus mélancolique que We’re Here Because We’re Here, Distant Satellites est beau tout simplement : un bel album sincère, riche et pleins d'émotions. Un très joli cru 2014 pour Anathema.