CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-John Prakesh
(chant)
-Thomas Muster
(guitare)
-Thom Blunier
(guitare)
-Dominik Pfister
(basse)
-Roger Tanner
(batterie)
TRACKLIST
1) Life is Now
2) The Mask
3) Higher
4) Wonderful Life
5) Dear Enemy
6) Save You from Yourself
7) Don't Keep Me Hanging
8) Dream of Mankind
9) Stevie
10) Because of You
11) Secret Hideaway
12) Too Good To Be True
DISCOGRAPHIE
Ici en France, on aime bien se moquer des Suisses. Les sujets ne manquent pas : leur supposée lenteur, le fait qu'ils sont tous banquiers ou comptables, l'or des nazis… Reste qu'en matière de metal, ils nous mettent salement à l'amende. Avec Celtic Frost et Coroner, ils sont accouché de deux véritables légendes, soit… deux de plus que nous. En matière de hard aussi, on peut en prendre de la graine : après Krokus, qui a connu son heure de gloire dans les 80's en suçant la roue d'AC/DC, la Suisse a par la suite donné naissance à Gotthard, mais aussi à Shakra, moins connu certes mais tout aussi talentueux.
Après 15 ans de service, ce n'est pas aux Suisses qu'on va apprendre à faire sonner du hard mélodique d'inspiration US. A défaut d'être un groupe follement créatif, Shakra a prouvé maintes fois par le passé qu'il connaissait bien son affaire et qu'il ne faiblissait pas avec les années, bien que mes estimés collègues ne soient forcément du même avis. Avec une telle valeur sure, on sait que l'album va forcément partir du bon pied… et pourtant non. Il vaut mieux avoir la zapette à la main (pour les vieux cons qui écoutent encore la musique avec une chaîne) pour éviter de se coltiner "Life is Now", un titre un peu simpliste à la Nickelback, loin d'être une réussite. Rassurez-vous, c'est la seule piste dans ce cas, et il est donc curieux de la retrouver en position d'opener. On peut éventuellement aussi faire l'impasse sur "Wonderful Life", la ballade de service : à l'image de celles d'Edguy, elle n'est pas mauvaise mais elle n'en demeure pas moins aussi banale et dispensable que la plupart des ballades des groupes de hard. Et oui, dans ce domaine, tout le monde n'a pas le talent de Scorpions ou Bon Jovi ! Et encore, avec "Too Good to Be True", digne successeur de "When I See You" sur Back on Track, Shakra démontre qu'il se défend tout de même pas trop mal dans cet exercice.
Mais on l'a dit, leur truc, c'est avant tout le hard US parfaitement calibré, et sur ce point, le cahier des charges est rempli : le son est en acier chromé, le côté groovy et accrocheur est de la partie et les refrains sont toujours aussi soignés et immédiats. Les puristes du hard rock pourront toujours reprocher au groupe de jouer davantage avec sa tête qu'avec ses tripes, mais pas de doute, Shakra a toujours le goût du travail bien fait, à défaut d'avoir l'esprit d'aventure. Sur ce neuvième album, pas grand-chose qui ne ressemble pas de près ou de loin à un autre morceau du groupe (à part peut-être "Stevie", qui aurait pu cartonner sur les ondes US s'il avait été écrit par Papa Roach), mais une bonne louche de titres hard rock bien balancés. Il faut vraiment faire le difficile pour ne pas se laisser envahir par le groove qui se dégage d'une grosse partie des riffs ("Higher", "Dear Enemy", "Because of You"…), pour ne pas apprécier la qualité et le soin apporté à des refrains simples mais tellement évidents, pour ne pas être contaminé par l'énergie communicative de certains titres ("Save You From Yourself" ou "Don't Keep Me Hanging" en tête) ou ne pas admirer la beauté de certains refrains (le poignant mid tempo "Dream of Mankind" ou la ballade Bon Jovesque "Too Good To Be True").
Pas de grosse surprise sur ce neuvième album de Shakra, mais une fois de plus, voilà une affaire rondement menée. Les Suisses font depuis longtemps partie de ces valeurs sures dont on n'attend pas forcément un renouvellement en profondeur à chaque sortie, mais davantage le maintien d'un standard de qualité assez élevé. Mission accomplie avec Powerplay, qui nous offre une nouvelle collection de titres bonnards qui démontrent une nouvelle fois que le groupe maîtrise toutes les facettes du hard US. Vous pouvez y aller les yeux fermés !