CHRONIQUE PAR ...
Dommedag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Jon Nödtveidt
(chant+guitare)
-John Zwetsloot
(guitares)
-Peter Palmdahl
(basse)
-Ole Öhman
(batterie)
TRACKLIST
1) Black Horizons
2) The Somberlain
3) Crimson Towers
4) A Land Forlorn
5) Heaven's Damnation
6) Frozen
7) Into Infinite Obscurity
8) In The Cold Winds Of Nowhere
9) The Grief Prophecy / Shadows Over A Lost Kingdom
10) Mistress Of The Bleeding Sorrow
11) Feathers Fell
DISCOGRAPHIE
Il peut être bon parfois de faire des rappels. Comme par exemple, se rappeler que Storm Of The Light’s Bane est le meilleur album de black metal de tous les temps, mais plus encore. Après m’être si brillamment mis à dos les fans de l’art noir norvégien, et de tous les autres pays d’ailleurs, en lançant cette provocation, je me contenterai modestement de rappeler que l’opus magnum précité a eu un grand frère. Ceci remonte à l’époque où Dissection était encore signé sur No Fashion Records, label suédois aujourd’hui mort, avant son passage chez Nuclear Blast. D’ailleurs si le groupe était resté sur No Fashion, Storm Of The Light’s Bane n’aurait probablement pas eu l’impact qu’on connaît.
Sur ce premier album, Dissection pratique donc déjà ce qu’il ne fera que poursuivre ensuite avec son chef-d’œuvre : un black mélodique froid mais habité. Ainsi, nulle surprise devant les trémolos de "Black Horizons", ce départ sur les chapeaux de roue, et son ambiance générale, qui se rapproche des teintes de la pochette. Véritable galop dans la nuit opaque, ce titre démontre déjà le talent de compositeur de Jon Nödtveidt, qui ne fera que le confirmer par la suite, aussi bien par ses trémolos ("A Land Forlorn") que par ses mélodies mémorables ("The Somberlain" et son début si aisément identifiable). De même, le bonhomme ne perd pas son attirance pour la guitare acoustique, et dispense des arpèges à l’envi, aussi bien dans les compositions que dans les nombreux interludes qui ponctuent ce premier essai. Mais, malgré la présence de tous les ingrédients qui permirent au Suédois de passer à la postérité, The Somberlain garde tout de même le statut de brouillon. Un brouillon très abouti, certes, mais un brouillon :
Si les deux premiers titres sont largement au niveau de ce qui sera offert deux ans plus tard, le reste ne s’y hisse pas vraiment. Malgré la présence systématique d’au moins un riff accrocheur par titre, l’ennui peut guetter devant l’égarement qui fait de même avec ce disque. A trop vouloir l’aérer, Nödtveidt case de la guitare acoustique à qui mieux mieux, et perd de vue que son principal terrain de jeu est le black pur jus. D’autant plus que les interludes sont loin d’être tous indispensables, comme c’est le cas pour "Crimson Towers" ou "Into Infinite Obscurity". Du coup, avec la caisse de mélodie et ces aérations, l’auditeur se surprend à trouver The Somberlain trop gentil. Les passages purement black manquent un peu, même si l’on n’est pas déçu lorsqu’ils pointent le bout de leur nez, comme sur "A Land Forlorn", où ils cassent la monotonie du mid-tempo ou "Into The Cold Winds Of Nowhere", seul réel titre « coup de poing » de l’album ; et ce n’est pas avec les titres finaux, plutôt décevants que l’on va se consoler, l’un étant un énorme mid-tempo que sauvent quelques leads sombres, et l’autre une outro… à la guitare acoustique. On est comme ça chez Dissection, on aime les surprises.
Un premier album de qualité, qui permet au prétendant au trône de rester devant la porte du palais, pour cause de trop grande dispersion, et d’un léger manque d’inspiration sur la fin ; chose que, deux ans plus tard, on ne pourra plus leur reprocher. The Somberlain mérite amplement l’écoute, puisqu’il n’a rien à envier aux autres albums de tous les petits couteaux du black mélodique Suédois qui sévissaient à cette époque, ainsi qu’Unanimated, Sacramentum, ou encore Decameron…