CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Jeff Grimal
(chant+guitare)
-Benjamin Guerry
(chant+guitare)
-Xavier Godart
(guitare)
-Sébastien Lalanne
(basse)
-Léo Isnard
(batterie)
TRACKLIST
1) Je ne suis pas fou
2) Antarctica
3) The Elder Things
4) Awakening
5) The Ascend
6) Behind the Mountains
DISCOGRAPHIE
Certains groupes aiment débuter leur album par des phrases énoncées remplies de mots super intelligents et qui se veulent compliqués, voire complexes. En général, ces groupes sont français. En général ça sonne au mieux mal. Athanor en fut un parfait exemple. The Great Old Ones s'essaie aussi à l'exercice. On se dit alors qu'on est mal barré. Mais écoutons quand même le reste de l'album.
Oui, écoutons, car de cette écoute peut surgir la surprise. Surprise sur prise, Tekeli-li n'est pas un album intellectualisant réalisé par des incapables. Certes, le texte initial est toujours aussi ridicule et la pochette peinte dans un mouvement qui sort de ma maigre culture picturale navigue entre le beau et le pédant, mais la musique vient apporter du réconfort. On est dans le moderne à savoir le dissonant et le post-quelque chose. Mais l'avantage de la chose, quand c'est suffisamment bien fait,est que cela installe une atmosphère prenante et palpable. The Great Old Ones arrive donc à atteindre ce niveau de qualité minimal pour ne pas être qu'un simple album bruitiste. On parle black metal paraît-il pour la musique, mais c'est très limitatif. D'une, si The Great Old Ones est un groupe de black metal, alors je suis fan de Maurice Béjart (vous n'aurez pas la réponse), de deux on entend tellement de post-ce que vous voulez et surtout hardcore qu'il serait bien idiot de s'en tenir à un genre unique sur le simple pré-requis que le chant tend à l'écorché (même s'il a le vif du post hardcore par moments).
Les bases de cette chronique étant posées, l'attaque de la musique proprement dite peut donc commencer. The Great Old Ones est apparemment un groupe clivant, on aime ou on n'aime pas. C'est sûrement dû à ce genre de boursouflures voulant réciter des textes et à l'utilisation des atours à la mode en ces années 2010 : dissonances et post-musique. C'est compréhensible car on peut très bien en avoir plein les girondes de ces choses qui sont un pis-aller pour sonner pseudo moderne ou original. Et effectivement, en 2014 ce n'est plus original. Cependant The Great Old Ones comme dit plus haut sait manier ces artifices pour en générer une atmosphère prenante si tant est qu'on accepte la démarche. Musicalement le groupe varie les tempos et ne se laisse pas enfermer dans le lourd ou le blast, non, il puise dans toutes les variations à sa disposition, une bonne chose. Par contre le groupe n'est clairement pas un groupe à riff, les guitares sont là pour créer une atmosphère et effectivement on pense à l'utilisation qu'en a Wolves in the Throne Room. Elles ne sont ainsi pas si loin de sonner carrément comme des claviers. Le fait qu'il y en ait 3 rend également possible la création de ces nappes de notes.
Mais n'attendez pas le côté sylvestre des Américains. Les Bordelais sont plus apocalyptiques et varient plus le propos. Et ont toujours un texte à réciter. Saloperie ça, ça vous donnerait presque envie de donner des gifles... mais bref. On se dit au final que The Great Old Ones est tout de même plus doué lorsqu'il se lance dans de vastes mouvements faits de simplicité qui vous prennent littéralement aux tripes, pour preuve la dantesque "The Ascend" qui porte bien son nom pour le coup, que dans les dissonances qu'il a du mal à rendre totalement intéressantes. D'autant que les longues plages où les guitares servent presque de claviers plus que de pourvoyeuses de riffs permettent de conter une histoire bien mieux que les mots maladroits usés de-ci de-là. L'atmosphère est alors enveloppante, l'auditeur se sentant pris dans la tourmente de cette histoire, sentant ces phases de dépit, de bagarre. La musique s'exprime en mots quasiment, et à ce niveau, c'est une réussite. On pourra quand même reprocher au groupe de vouloir absolument s'en tenir en longueur, les 17 minutes de "Behind the Mountains" sont-elles vraiment raisonnables ?
Ce Teri-yaki est donc un bon album. Excellent, ce sera à vous de le déterminer selon votre degré d'accroche à l'exercice de style. Personnellement autant les grandes phases de guitares volantes et enchanteresses créent un monde fascinant, autant les trop grandes longueurs et ces %# »!!@ de textes dignes d'un enfant de 8 ans m'énervent au plus haut point. Le fait que l'album s'en tire avec les honneurs malgré tout ne peut que souligner l'importance de ses qualités.