CHRONIQUE PAR ...
Iokanaan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Dave Wyndorf
(chant+guitare+clavier)
-Garrett Sweeny
(guitare+sitar)
-Philip Caivano
(basse+guitare)
-Bob Pantella
(batterie+percussion)
TRACKLIST
1) I Live Behind the Clouds
2) Last Patrol
3) Three Kingfishers
4) Paradise
5) Hallelujah
6) Mindless Ones
7) The Duke of Supernature
8) End of Time
9) Stay Tuned
10) Strobe Light Beatdown (bonus track)
11) One Dead Moon (bonus track)
DISCOGRAPHIE
Monsieur de l’Aimant sur son arbre perché Tenait en son bec un album. Vox Populi par l’odeur alléché Lui tint à peu près ce scriptum : « Ho Bonjour, Monsieur de l’Aimant, Vous n’êtes plus drogué, me semblez élégant ! Sans déconne, si votre ramage n’a rien perdu de son sevrage, vous êtes le Phoenix des artistes de Voix... » À ces mots, l’Aimant ne se sent plus pisser de joie, Et pour relâcher la tension, Ouvre un peu trop la gueule, laisse tomber sa passion...
Pendant longtemps, les initiales MM n’exportaient chez moi que l’admiration que j’avais pour la Marilyn et le Manson. Puis il a suffi de tomber comme une coïncidence sur l’album "Dopes Infinity", et MM est venu prendre son autre sens piochant directement dans mes tympans. J’avais découvert Monster Magnet : le principe même de l’efficacité, les adeptes du tube à faire trainer la vibration jusque dans les corridors de nos moelles osseuses, la East Coast du Stoner... Mais Monster Magnet admettons-le, c’est aussi, depuis quelques années maintenant, le versant plus populaire du genre avec viseur sur grand public, c’est Dave Wyndorf qui se titille le bling-bling avec une discrétion à faire pâlir l’exhibitionniste du quartier voisin...
Où en-est-on, donc, de l’aventure Monster Magnet ? Wyndorf est-il resté à terre au milieu du ring depuis son overdose sous 2006, laissant au public le soin de compter les secondes qui le sépare du K.O ? Ou peut-on encore se prendre un revers surprenant de sa part en travers de la figure ? Les derniers albums pouvaient effectivement laisser fleurir quelques confusions dans leurs inégalités. Last Patrol, ne nous mentons pas, tricote encore un peu son pull en merdant quelques points de couture ici et là. Ce qui n’empêche pas les bonnes surprises, mais si tu mets la laine au lavage, y’a des chances pour qu’elle soient moins facile à porter.
Cela dit restons calme. Cet album est loin d’être mauvais et il s’agit peut-être même d’une relance intéressante du groupe. L’opus, en lui-même, semble moins prétentieux que ses prédécesseurs, qui avaient cette mauvaise tendance de confondre simplicité avec facilité. Last Patrol s’installe plus dans une nouvelle recherche du son. Débutant et terminant sur deux ballades tranquilles ("I Live Behind The Clouds" et "Stay Tuned"), Monster Magnet évite agréablement de retomber dans son côté trop m’as-tu vu. L’album atteint ses apogées pêchues avec des morceaux comme "Hallelujah" ou "Mindless Ones" qui rattache à la capacité de Dave à écrire quelques odes Rock qui déménagent au bon endroit.
On peut être plus critique quant aux longueurs de certaines pistes qui tirent un peu trop sur la manchette. À trop vouloir en mettre plein la vue, il y a risques de brouiller des visions. Ce qui arrive, à petits feux, dès le morceau "Last Patrol" (deixième piste, 10 minutes), puis continue tout au long de l’album donnant une impression trop bâclée à force de faire traîner le son sur les mêmes accords. À la fin, les longueurs ne racontent plus grand chose et nous font perdre de vue l’intérêt de base de certaines compositions. L’ensemble est un peu trop propre, un brin aseptisé... Les deux morceaux bonus de l’édition limitée sont, eux, délicieusement inutiles et portent l’allure de faux tubes qui font replonger Monster Magnet dans son bout d’inégalité.
Le groupe a perdu de sa folie il y a déjà un moment. Dave Wyndorf a la passion fatiguée et pourtant il lutte. Mais se bat-il pour la création d’une musique ou par désir d’une carrière épique ? Cet album semble tirer vers quelque chose de neuf, et malgré quelques repos sur acquis, vers quelque chose de moins tape-à-l’oeil. Certaines sonorités nous laissent entrevoir des chemins que la formation n’a jamais réellement empruntés et on peut se demander quelle suite cela présage. La qualité des morceaux est indéniable, mais il s’agit de Monster Magnet, et cette qualité ne suffit pas à rendre cet album plus que ce qu’il est déjà : sympathique.
Populi s’en saisit, et dit : « Mon bon Monsieur, Apprenez que tout flatteur Vit aux dépends de celui qui l’écoute : Cette leçon vaut bien une carrière, sans doute. » De l’Aimant, honteux et patois, Nous montrera bientôt si on l’y reprendra.