CHRONIQUE PAR ...
Silverbard
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Xenoyr
(chant)
-Tim Charles
(chant+violon)
-Matt Klavins
(guitare)
-Benjamin Baret
(guitare)
-Brendan "Cygnus" Brown
(basse)
-Daniel "Mortuary" Presland
(batterie)
TRACKLIST
1) Painters of the Tempest (Part I): Wyrmholes
2) Painters of the Tempest (Part II): Triptych Lux
3) Painters of the Temptest (Part III): Reveries From the Stained Glass Womb
4) Pyrrhic
5) Devour Me, Colossus (Part I): Blackholes
6) Devour Me, Colossus (Part II): Contortions
DISCOGRAPHIE
Chaque année, de nouveaux albums savent susciter notre attente. Une attente parfois quotidienne et pendant de longs mois. Attente généralement démesurée, animée soit par un délai interminable, soit par un précédent méfait d’une surprenante exception. C’est bien le dernier cas qui s’applique pour Ne Obliviscaris. Révélation de 2012 avec Portal of I, le combo australien alors parfaitement inconnu au bataillon sur le vieux continent, venait avec un brio insolent jeter un énorme pavé dans la mare de ce qu’on pourrait appeler le « progressif extrême ».
Premier constat, la formule n’a pas changé d’un iota depuis le précédent album. On retrouve la sublime triple alternance chant clair/black/death, virtuose dans chacune de ses incarnations. On retrouve aussi cette maîtrise technique ahurissante, particulièrement dans sa section rythmique joyeusement imbuvable : le bassiste a toujours quinze doigts de vingt centimètres, le batteur a toujours quatre bras d’acier et trois jambes de fer. La place du violon n’a pas non plus bougé, au premier plan et, plus que jamais, mis en avant dans la composition comme instrument clé de voûte. En termes de structure, le nombre de tiroirs a encore augmenté et la durée des titres bat de nouveaux records (pas moins de 16 minutes pour le titre fleuve de la galette "Painters of the Tempest (Part II): Triptych Lux "!).
Rien de nouveau alors ? On a vraiment à faire à une copie carbone du précédent génialissime opus ? Et bien pas tout à fait. Car premier changement, la durée totale de l’album : presque moitié moins long, votre serviteur est le premier à saluer cette initiative, assez en vogue par ailleurs, de revenir à la « durée vinyle » d’une quarantaine de minutes. Toutefois, il faut admettre qu’on reste quand même sur sa faim quand on constate qu’un titre sur deux est une plage acoustique de transition (toutes sublimes au demeurant !) et qu’on se retrouve finalement avec un album de cinq titres… Le mot « EP » n’est pas loin… Il faut dire que l’album a été composé en moins de deux ans, là où le précédent était le travail cumulé de presque une dizaine d’années… Question légitime qui en découle : est-ce que la qualité a suivi ? Il faudra un nombre conséquent d’écoutes pour répondre à la question.
De prime abord, l’album peut sembler manquer cruellement de sommets qui faisaient le génie de Portal of I. Si "Painters of the Tempest" renoue avec ce niveau de qualité ahurissant dans ses développements prolixes, versatiles et protéiformes, les autres titres sont dans une veine beaucoup plus classique et donc moins surprenante. C’est peut-être là où le bât blesse si on veut chercher des poux : une prise de risque très faible et une originalité qui n’en est plus vraiment une, dans un style déjà parfaitement rôdé dès leur deuxième album. Il n’empêche que la décharge d’émotions est largement de la partie (le final de "Triptych Lux" est au panthéon des compositions de l’année) et la concision de la galette permet d’éviter le piège d’une baisse de régime. Un mot sur la production quand même : on a tellement l’habitude de souffrir de catastrophes sonores dans le metal extrême qu’il est d’autant plus important de souligner le boulot impeccable du groupe et de ses ingénieurs de mixage et mastering pour nous délivrer de la plus belle manière leur musique.
Entre nous, nul n’avait de craintes quant à la qualité de ce Citadel, la question était plutôt de savoir si les Australiens parviendraient à surpasser le génie de leur premier album. La réponse est non… Mais avec du recul, on est vraiment à deux doigts de l’égaler. Le groupe ayant signé sur notre Season Of Mist national, vous n’aurez plus d’excuses pour dire que l’album est difficilement trouvable, aussi je vous invite à sortir dès à présent le porte-monnaie et courir chez votre disquaire favori ! La seule interrogation que tout bon européen se pose est de savoir si Ne Obliviscaris nous gratifiera d’une reproduction scénique fidèle en qualité au génie de ses albums. La réponse cet été sur la route des festivals…