CHRONIQUE PAR ...
Alexis KV
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
13.5/20
LINE UP
-Ihsahn
(chant+guitare+basse+claviers)
-Asgeir Mickelson
(batterie)
TRACKLIST
1)Invocation
2)Called by the Fire
3)Citizen
4)Homecoming
5)Astera Ton Proinon
6)Panem et Circenses
7)And He Shall Walk in Empty Places
8)Will You Love Me Now?
9)Pain Is Still Mine
DISCOGRAPHIE
Depuis le split d'Emperor, les deux têtes pensantes du groupe n'ont pas chômé, que ce soit Samoth avec les albums de Zyklon, ou bien Ihsahn avec les opus de Peccatum, et maintenant ce disque solo. Beaucoup de fans rêvaient bien évidemment en secret ou réclamaient à corps et à cris, c'est selon, un «retour aux sources» après la tournure très expérimentale/progressive que commençait à prendre le projet commun d'Ihsahn et de sa dulcinée. D'autres espéraient que le Monsieur ne trahirait pas l'esprit d'avant-garde qui a toujours été le sien, et, comme pour refléter cette dualité et combler les attentes de tous, The Adversary se révèle être un album oscillant entre les deux sphères, mi-ange mi-démon, voire mi-figue mi-raisin.
Dans le principe, l'album reprend globalement les choses là où elles en sont restées quelque part entre Prometheus et Strangling From Within (mais sans la voix horripilante que pouvait avoir Ihriel sur ce premier opus de Peccatum, et c'est un gros avantage). Du metal extrême à tendance black, mais assaisonné un peu à toutes les sauces et ayant gagné en complexité et recherche ce qu'il a perdu en grandeur et en efficacité. Ainsi, vous retrouverez sur The Adversary de forts relents d'Emperor, notamment sur le grandiloquent et inquiétant "Invocation", dans le blast de "Citizen" ou la guitare bourdonnante de "Panem et Circenes". Mais vous aurez également le droit aux structures contrastées et parfois déroutantes ("The Pain Is Stille Mine"), aux rythmiques tordues ("Called By The Fire") et aux influences prog assez marquées (l'intro de "Homecoming") qui faisaient la spécificité de Pecattum.
Un beau bordel à première vue, mais rassurez-vous, Ihsahn n'a pas hypothéqué son talent et son savoir-faire contre un pack de mousse et n'en est pas venu à coller des riffs n'ayant aucun rapport entre eux du jour au lendemain. Néanmoins, le souci c'est qu'on a parfois l'impression qu'il essaye d'aller dans des contrées où peu sont prêts à le suivre, et The Adversary devient donc un album qui est tout sauf digeste et accessible. C'est l'album d'Ihsahn, il contrôle tous les instruments sauf la batterie - d'ailleurs sous-mixée de manière honteuse - et il se fait plaisir à essayer tous les registres vocaux qui lui sont accessibles, de son classique hurlement black aux notes suraiguës à la King Diamond, bref on n'a pas trop de soucis pour comprendre qu'il est la vedette et que cet album est sa vision personnelle.
Alors l'humble chroniqueur, malgré le premier contact rebutant, s'immerge encore et encore dans l'album, en espérant déceler ce qui lui a échappé jusqu'ici, en se disant que «non, c'est pas possible, c'est du Ihsahn, alors ça doit forcément être génial quelque part, non?» Avant de réaliser qu'avec un autre nom sur la pochette, n'importe qui aurait probablement laissé tomber avant d'en arriver au stade où les écoutes répétées se transforment en bourrage de crâne. Un album qui devrait donc satisfaire ceux dont l'approche s'apparente à un «ouah, j'y comprends rien, c'est super», et laisser un peu sur leur faim, voire dégoûter les personnes préférant le bon vieux «hé hé, ça poutre sa mémé» des disques d'Emperor.