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CHRONIQUE PAR ...

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Flower King
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 17/20

LINE UP

-Steve Hogarth
(chant+piano+percus)

-Steve Rothery
(guitare)

-Pete Trewavas
(basse)

-Mark Kelly
(claviers)

-Ian Mosley
(batterie)

+ John Helmer
(textes)

TRACKLIST

1)Gazpacho
2)Cannibal Surf Babe
3)Beautiful
4)Afraid Of Sunrise
5)Out Of This World
6)Afraid Of Sunlight
7)Beyond You
8)King

DISCOGRAPHIE


Marillion - Afraid Of Sunlight
(1995) - pop - Label : EMI



Le gamin de Misplaced Childhood s’est brulé les ailes. Depuis le départ de Fish, Marillion a tout tenté pour conserver son statut tant convoité de groupe respectable ET vendeur : sensibilité rock pour Seasons End ; virage pop sur Holidays In Eden ; grand-œuvre prog avec Brave… à chaque fois, un pas en avant vers la dégringolade. Ils étaient une formation phare des mid-80’s ; les voici perdants magnifiques. Un groupe qui se retrouvera bientôt sans label, cinq hommes à fleur de peau, qui voient en ce disque une dernière occasion d’exorciser leur douleur. Et de quelle manière…

Ce qui surprend au départ, c’est que même enregistrée dans la tourmente et la précipitation, la musique de Marillion ne se permet pas l’épure. Comme toujours, elle se retrouve embellie par de discrètes enluminures et drapée d’un son ample et confortable, si peut-être trop marqué du sceau des années 90. Mais au final, ces oripeaux ne servent qu’à dévoiler plus encore la fragilité qui les habite. Il y a, dans les meilleurs moments de ce disque – et ils sont nombreux – un sens de l’arrangement proprement terrassant. Le travail sonore d’"Out Of This World", la paire Rothery-Trewavas sur le morceau-titre, Mark Kelly en ouverture de "Beyond You"… quelque chose se passe, qui nous prend au cœur comme jamais le groupe n’avait su le faire.

Car si la musique reste fouillée, elle évente le piège de la surcharge qui pénalisait Brave, pour se concentrer sur une maîtrise de l’idiome pop dans ce qu’il a de plus sensible et exalté. Le riff d’ouverture, clair comme le jour, de "Gazpacho", qu’appuie la basse toujours enchanteresse de Pete, est un signe qui ne trompe pas : Marillion ne se dissimule plus sous des multiples couches sonores ou des envolées virtuoses comme à leur habitude, et mêmes si ces histoires de héros déchus, de femmes battues, d’amours perdues ne sont pas les leurs, ce sont bien leurs fêlures qui transparaissent. Et qu’ils affichent un sourire peiné (la mélodie évidente du bien-nommé "Beautiful") ou explosent de rage sur le final de "King", ils nous parlent directement, sans artifices.

Et parmi eux, il y a Steve Hogarth… celui qui avait mis tout son cœur, toutes ses tripes dans l’aventure Brave et son échec cuisant qui l’avait laissé dévasté. Mais ce nouveau disque, il ne le laissera pas tomber. Le cœur en jachère, mais nanti d’une confiance totale en sa voix, il emmène jusqu’aux cieux des compositions qui ; comme on l’a dit, se défendaient déjà très bien. À ce titre il faut s’arrêter sur le cœur du disque, cette trilogie qui, à mon sens, constitue un des sommets de la pop des années quatre-vingt-dix : en tête, "Afraid Of Sunrise", jam rêveuse qui nous transporte vers des rivages tranquilles, mais si la basse magique de Trewavas en est le capitaine, Hogarth est la voile qui l’entraîne vers les eaux chargées d’or pur, par sa douceur, par ses inflexions si simples et belles… Sur "Afraid Of Sunlight", l’eau se change en feu ardent et le chant s’anime d’une passion sans bornes, prête à traverser tous les obstacles, à se crever le cœur, pour pouvoir jouir de la vie.

Mais c’est au centre de ce triptyque miraculeux que survient la claque dont on ne se remet jamais : "Out Of This World". D’abord il y a ce son, ample et étouffant, qui nous plonge au cœur des fonds marins, seul au monde, la pression qui manque de nous faire craquer ; ensuite cette musique, cette descente sans retour vers les fonds, sublimée par un Rothery aux interventions impériales ; et lorsqu’Hogarth transcende la mélodie sublime de la dernière section du morceau, on réalise qu’on vient d’écouter l’une des compositions les plus saisissantes et émouvantes de la musique pop. Impossible qu’un tel résultat vocal ait pu être calculé. Difficile de dire quelle force le poussait le jour où il a enregistré cette prise, mais le résultat est le même à chaque écoute : à vous coller la chair de poule, et pour toujours.


Et si "Cannibal Surf Babe", qui dénote par son côté plus léger ou "Beyond You" qui traîne en longueur dans sa seconde partie empêchent Afraid Of Sunlight de trôner aux côtés des tous grands, il reste un tour de force de la part d’un groupe sur le fil du rasoir, qui trouve le moyen d’allier sa rigueur de toujours à une atmosphère écorchée. Une merveille de pop léchée et fragile qui hantera pour longtemps tous ceux qui aiment se perdre dans la musique. « I think it’s the best record we’ve made », écrivait Hogarth en 1998. J’espère qu’il le pense encore.


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