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CHRONIQUE PAR ...

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Flower King
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 17.5/20

LINE UP

-Robert Fripp
(guitare)

-Greg Lake
(chant+basse)

-Ian McDonald
(claviers+mellotron+percus+...)

-Michael Giles
(batterie+chœurs)

TRACKLIST

1)21st Schizoid Man (including Mirrors)
2)I Talk To The Wind
3)Epitaph (including March For No Reason and Tomorrow And Tomorrow)
4)Moonchild
5)In The Court Of The Crimson King (including Return Of The Fire Witch and Dance Of The Puppets)

DISCOGRAPHIE


King Crimson - In The Court Of The Crimson King
(1969) - rock prog - Label : Virgin




Bang. La première écoute de ce disque nous laisse dans le même état qu’après la découverte de sa pochette : saisi. In The Court… près de quarante ans après sa sortie, a su conserver une force et une identité qui laissent béat, et si la grammaire développée par King Crimson tout au long de sa carrière a depuis inspiré des légions de formations frondeuses, rien ne s’approche vraiment de ce premier et fantastique album.


Évidemment, l’aspect historique joue beaucoup : déjà, en 1969, certains attendaient comme le messie cette première offrande. Et oui, c’est que c’était hype, le Crim’, à l’époque ! Le groupe s’était très rapidement taillé une réputation de groupe de scène furieux et implacable, laquelle avait éclaté au grand jour lors de l’ouverture du concert des Stones à Hyde Park, devant plus de six cent mille personnes ! Bref, tous espéraient la confirmation sur disque, sauf que Fripp avait bien compris une chose : l’expérience studio ne peut pas se concevoir de la même manière que le live, et en cela, le King Crimson des sillons et celui des planches seront deux entités bien distinctes. Ainsi, lorsque parut l’album en octobre, certains furent d’abord décontenancés par l’orientation prise… on connaît la suite : disque fondateur du mouvement progressif, parmi les meilleurs premiers albums de tous les temps, et autres éloges en pagaille que vous trouverez en consultant n’importe quel magazine musical qui se respecte.

Les années ont donc conféré à In The Court… une aura qui n’est pas près de se dissiper. Sauf qu’il y a la musique. Et une fois que l’on s’y est confronté, on comprend. C’est une folie des grandeurs sonore, totalement ancrée dans son époque et qui cherche en même temps à lui échapper totalement… et y parvient. Furie, lyrisme et audace se télescopent dans un capharnaüm gigantesque qui laisse tour à tour pantelant, ébahi, désorienté, tant et si bien qu’on ne peut s’empêcher d’y retourner, s’abreuver une fois encore de cette source folle afin de ne rien perdre du trip ; et, finalement, en ressortir comblé. Jamais dans le milieu de la musique rock on n’avait su frapper aussi loin et fort. Et pourtant, ce son champêtre, ce Mellotron*, ces orchestrations classiques, tout cela ne pouvait avoir cours qu’en cette année 1969. Ce double rapport au temps, même inconscient, explique une partie de la magie de ce disque.

Et pour asseoir cette formidable singularité, brillent des compositions qui balaient tout sur leur passage. On pourra trouver à redire, comme toujours, sur la longue série d’improvisations / bruitages Windows de la seconde partie de "Moonchild", certes complaisante mais pas épuisante. Et peut-être "I Talk To The Wind", ballade acoustique, est-elle trop sucrée, trop doucereuse, bien qu’on puisse aussi la trouver simplement belle… Mais comment ne pas tomber devant ces trois pièces maîtresses qui forment le corpus de cette cour des miracles ? Notamment la plage-titre, cérémonie surréaliste qui s’ouvre sur des chœurs d’une grandiloquence totalement assumée. Oui, c’est pompier, mais qu’est-ce que c’est bon ! Et que dire de cette construction en trompe-l’œil : ça s’emballe, ça se dégonfle un temps avant de repartir de plus belle, ça joue les prolongations pour s’achever de manière chaotique… ça se permet tout, et on en redemande. Pour le versant plus calme, penchez vous sur "Epitaph", longue plainte lyrique portée par la guitare en peine de Fripp et un Greg Lake en pleine possession de ses moyens vocaux. Là encore, le morceau gagne continuellement en intensité avant de s’en aller mourir d’une manière extraordinaire, pour une dernière section où le Mellotron déploie toute sa majesté symphonique : voici peut-être le plus beau témoignage de la grandeur de cet instrument, et, allons-y gaiement, un des instants phares de la musique progressive.

Quant à "21st Century Schizoid Man", le fameux, on touché peut-être là à la forme la plus pervertie qui soit du blues. Passé à la moulinette acide, gorgé à la saturation, désossé, déstructuré, pour un résultat absolument explosif : du riff impitoyable qui démarre les hostilités au chant trafiqué et paniqué de Lake, en passant par cet intermède totalement fou où Fripp fait déjà montre de ses capacités à faire parler la poudre comme personne, et où s’enchaînent les bifurcations free totalement insensées… jusqu’à ce final dont on ne se remet jamais. Jamais. Et tout ça en sept minutes réglées comme du papier à musique, où la folie pure ne prend aucunement le pas sur la composition. Mais le résultat est là : dingue. Un des trois grands morceaux de bravoure de l’histoire du groupe.


Avec tous ces éléments dans la balance, pas étonnant qu’In The Court Of The Crimson King marque les esprits encore aujourd’hui. Sa capacité à dérouter n’a pas failli non plus ; mais passé l’effet de surprise de la première écoute, qui de toute manière vous forcera à y replonger, vous découvrirez les (très) nombreux trésors que cette musique flamboyante peut vous offrir. Puissante, vibrante et majestueuse, telle est la première œuvre crimsonienne. Mais n’oublions pas qu’ils firent encore mieux quelques années plus tard…









* Le Mellotron est un clavier à bandes magnétiques, servant à reproduire – avec un grain très particulier qui fait tout le charme de l’appareil – les divers instruments que l’on peut trouver dans un orchestre symphonique : violons, flûtes, cuivres…


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