CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11/20
LINE UP
-Benjamin "Benny" Hilleke
(chant)
-Tobias Buck
(guitare)
-Stefan Keller
(guitare)
-Benjamin Donath
(basse)
-Sebastian Heldt
(batterie)
TRACKLIST
1)Spearheading The Spawn
2)Tools Of Greed
3)Armamentarium
4)Synergy
5)Harbringer
6)In Loss
7)The Orphaning
8)The Escape From Escapism
9)Mutiny Of Untamed Minds
10)The Need For Pain
11)Liberation
DISCOGRAPHIE
Un nom inspiré de la mythologie Grecque, une pochette graphique plutôt sympa : on ne sait pas trop à quoi s’attendre quand on glisse pour la première fois ce troisième album de Neaera dans la platine, les deux premiers étant passés inaperçus dans l’Hexagone. Allemand d’origine, Neaera propose un mélange de death-metal mélodique et de hardcore, comme c’en est tout à fait la mode en ce moment. La difficulté est maintenant de se détacher du reste du mouvement et de briller par son originalité : pas gagné.
Loin d’être mauvais, Neaera soufre de la surpopulation du genre. Et risque à cause de cela de ne pas avoir la reconnaissance due à un groupe qui fait bien son boulot. Parce que Neaera, c’est efficace et Armamentarium est un album correct. Pas un album mythique, pas une tuerie, juste un album sympathique. Qu’aurait-il manqué à Neaera pour pouvoir prétendre au stade supérieur ? Difficile à dire, et il n’est pas question ici de réécrire l’histoire mais de juger sur pièce ce Armamentarium à la production efficace et bon sous tous rapports. En quelque sorte, cet album pourrait être un genre de gendre idéal : bien propret, très respectable et qui sait rester à sa place.
Et sa place, c’est comme dit plus haut un mélange de death-metal mélodique qui fait furieusement penser à At The Gates (période Slaughter Of The Soul) surtout au niveau de la voix et de certains riffs ("The Orphaning", "The Need For Pain") associé à une approche légèrement plus hardcore dans l’agencement général des riffs et la teneur de certaines parties rythmiques ("Harbringer", "Liberation"). Mais la globalité de l’album reste dans une veine death-metal, avec blast beats et son de guitare d’outre-tombe. Ce type de mélange, s’il a su largement faire ses preuves chez d’autres formations (Depised Icon, par exemple), n’est pas pour autant synonyme de réussite automatique.
On est donc ici confronté à un album qui s’écoute sans déplaisir, mais sans passion non plus. Trop peu de morceaux ressortent du lot, comme le final "Liberation" et son rythme pesant ou "The Need For Pain" et son riff bien lourd. "Spearheading The Spawn" ouvre le bal avec brio : riff bien glauque et rythmique à la sauce rouleau compresseur, Neaera sait par endroit ravir l’amateur de brutalité sonore. Le tempo augmente avec "Tool Of The Greed" et "Mutiny Of Untamed Minds", mais sur la longueur de ces onze titres, la routine a tendance à s’installer assez vite. La voix de Benny Hilleke est certainement l’un de ces éléments qui favorise la lassitude : quasiment toujours à bloc, hurlant à s’en faire péter les cordes vocales avec un brio indéniable, il a néanmoins tendance à nous les briser menu au bout de cinq titres tant son chant est répétitif.
Les quelques incursions de chants growl viennent avec fraîcheur distraire l’auditeur et les rares soli permettent d’aérer un peu l’ensemble comme sur "Harbringer", mais tout ceci s’avère insuffisant : on reste dans le cadre de l’album sympathique, un peu comme un pote à qui on prêterait volontiers 20€ mais avec qui on hésiterait à partir une semaine en vacances. Alors bien sûr, on suppose que sur scène (lieu qui favorise ce type de musique), Neaera doit envoyer le bois, mais sur album, le courant passe moins bien. Le manque d’originalité n’a jamais été un défaut par définition, mais au moins, si on veut faire comme les copains, il faut le faire plus que bien : sinon on tombe très vite dans l’oubli.
Un album dispensable, sauf pour les fans hardcore du genre, pas trop regardants sur la qualité tant que ça tabasse suffisamment pour headbanguer ou sautiller partout. Vu le rythme de production de ces Allemands – trois albums en trois ans – il y a gros à parier qu’on va les retrouver assez vite pour de nouvelles aventures. Y a plus qu’à espérer un petit sursaut d’audace, sinon c’est hop, direct dans la benne avec un gros soupir. Z’êtes prévenus, les gars.