CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Jo Amore
(chant)
-Alex Hilbert
(guitare)
-Franck Milleliri
(guitare)
-Yves Campion
(basse)
-David Amore
(batterie)
TRACKLIST
1)Nothing Left Behind
2)Battleground For Suicide
3)Queen Of Love And Pain
4)Conspiracy
5)Leader Of The Masquerade
6)Final Procession
7)The Dominion Gate (Part II)
8)Winds Of Sin
9)Forsaken Child
10)A Thrill Of Death
11)Wicked White Demon
12)Dawn Of Darkness
DISCOGRAPHIE
Quand on veut évoquer la bonne santé du metal français et son début de reconnaissance à l'étranger, un nom revient quasi-systématiquement : Gojira, qui symbolise la vague du death technique avec dans sa roue des groupes comme Scarve ou Lyzanxia. C'est oublier un peu vite Nightmare, dont la réputation va grandissante à travers toute l'Europe, dans un style beaucoup plus traditionnel. Et une chose est sûre : avec un album du calibre de Genetic Disorder, les Grenoblois n'ont pas fini de faire parler d'eux.
Plus que jamais sûr de sa force, Nightmare a mis tous les atouts de son côté pour ce nouvel album : exit Terje Refsnes et les Soundsuite Studios marseillais, place au grand gourou des manettes Fredrik Norstrom et ses prestigieux Fredman Studios. Et ça s'entend ! Le groupe a délibérément choisi de mettre en avant les grosses guitares, tant au niveau des arrangements que dans la phase de mixage. Résultat, le taux de testostérone des compos remonte en flèche du fait de l'absence quasi-totale de claviers, tandis que le mix permet la mise en valeur de tous les musiciens, et non pas seulement de l'excellent chanteur Jo Amore. Soulignons donc la très grande performance de son frère David derrière les fûts, qui varie constamment ses patterns avec une précision diabolique, y compris lors des titres orientés speed mélodique. Ça nous change des robotiques Jörg Michael et autres Dan Zimmermann ! On sent que Nightmare s'éclate sur cet album, comme sur le très agressif "Winds of Sin" : la passe d'armes entre la batterie (ces cymbales !) et les guitares est superbe, et Jo Amore se lâche complètement sur un final de folie qui rappelle "Framing Armageddon" d'Iced Earth. Extra !
Bien sûr, une grosse production ne fait pas tout, mais Nightmare a mis un point d'honneur à se montrer à la hauteur de l'événement. Par rapport à ses précédents albums déjà très bons, le groupe a encore su élever son niveau grâce notamment à une qualité plus constante sur la durée. Autre point très appréciable, la variété et l'agencement des compositions qui font qu'on ne voit absolument pas le temps passer pendant les 57 minutes que dure l'album. Après une intro aussi douce qu'intrigante, "Nothing Left Behind" fait office de tour de chauffe, avec un tempo assez lent et un riff très entêtant. Il prépare efficacement le terrain pour un "Battleground For Suicide" supersonique. On notera que parmi les différentes facettes de Genetic Disorder, Nightmare tire particulièrement son épingle du jeu sur les quelques titres vraiment speed. A l'heure où Gamma Ray semble définitivement en rade, où Helloween ne sait plus trop sur quel pied danser et où Sonata Arctica a carrément tourné le dos au genre, cela fait vraiment du bien de pouvoir profiter d'un titre de speed mélodique aussi puissant que "Forsaken Child" !
Autre spécialité maison chez Nightmare, cette capacité à pondre des lignes de chant très travaillées, qui débouchent sur des refrains vraiment marquants. A ce titre, la fin de l'album est un véritable festival, avec coup sur coup "Wicked White Demon" et "Dawn Of Darkness", dont la douce mélodie clôt l'album sur une note vaguement mélancolique. De même, le mid tempo "Leader Of The Masquerade" ressort du lot d'une courte tête, grâce à un pré-refrain dramatique couplé à un refrain très heavy, pour un résultat du plus bel effet. De manière plus générale, dans la plus grande tradition du heavy metal, quasiment tous les morceaux sont bien dotés au niveau du refrain. C'est bien simple : seul "Final Procession", malgré son riff prometteur, pêche un peu de ce point de vue, ce qui se remarque d'autant plus que c'est un cas unique sur tout l'album ! Enfin, on accordera à Nightmare une mention spéciale dans le domaine du dosage entre titres heavy et titres speed : l'équilibre est parfait, et le groupe sait parfaitement quand il doit accélerer ou au contraire lever le pied, grâce à des titres comme "Queen Of Love And Pain".
Nul besoin de s'étendre encore plus longtemps : amateurs de heavy, courez acheter cet album ! Avec Genetic Disorder, Nightmare se pose en candidat sérieux pour le titre de meilleur album heavy metal de cette année 2007. Voilà qui devrait lui permettre d'asseoir sa position de valeur sûre du heavy européen et de continuer son développement à l'étranger. Et pourquoi pas d'espérer devenir enfin prophète en son pays ?