CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Jo Amore
(chant)
-Franck Milleliri
(guitare)
-JC Jess
(guitare)
-Yves Campion
(basse)
-David Amore
(batterie)
TRACKLIST
1)Eternal Winter
2)The Gospel of Judas
3)Insurrection
4)Legions of the Rising Sun
5)Three Miles Island
6)Mirrors of Damnation
7)Decameron
8)Target for Revenge
9)Cosa Nostra (Part 1 : The Light)
10)Angels of Glass
DISCOGRAPHIE
Après Napalm et Regain, Nightmare continue sa tournée des labels européens, mais aussi son irrésistible ascension. Les Grenoblois ont en effet récemment signé chez AFM, rejoignant au sein de cette grosse écurie quelques grosses pointures comme Axxis, Brainstorm ou Destruction. Une belle opportunité pour Nightmare de faire fructifier le succès remporté à juste titre par l'excellent Genetic Disorder et, avec un peu plus de moyens, de continuer sa conquête de l'Europe. On y croit !
Changement de label, mais aussi changement de producteur. Nightmare s'est cette fois assuré les services d'Achim Köhler, qui fut pendant longtemps le producteur attitré de Brainstorm. Autant dire qu'en matière de power metal, le bonhomme en connaît un rayon ! Et il ne faillit pas à sa réputation avec cette production fidèle à son style, c'est-à-dire sèche et puissante, beaucoup moins chargée d'effets que celle de Fredrik Nordström sur Genetic Disorder. Donc en terme de son, Nightmare peut donc s'appuyer sur une base solide. Ne restait qu'à proposer de bonnes compos pour porter l'estocade… et c'est là que le bât blesse. Dès le début, quelque chose ne tourne pas rond. "Eternal Winter" n'est pas mauvaise en soi, mais elle s'avère terriblement banale pour du power metal. Surtout, elle sonne très impersonnelle, jamais on n'y retrouve la patte Nightmare, à l'image de cette ligne vocale finale où Jo Amore sonne comme Ripper Owens. Voilà le genre de titres qu'un s'attend à retrouver en plage 8 ou 9, au moment où l'album s'essouffle et qu'il s'agit de gérer les temps faibles ; mais en ouverture, là où il faut en mettre tout de suite plein la vue, ça ressemble à un acte manqué.
Dans la foulée, Nightmare durcit le ton avec "The Gospel of Judas", qui vient fureter du côté du thrash moderne. Cette fois, les Grenoblois posent leur patte faite de nombreux chorus mélodiques à la guitare, de soli véloces et racés et de ce jeu de batterie extrêmement puissant ; mais la compo en elle-même, aussi furieuse et carrée soit-elle, ne soulève pas vraiment l'enthousiasme faute d'un refrain vraiment réussi. Encore une fois, c'est correct… mais sans plus, à l'image de pas mal de titres de cet album. Outre "Eternal Winter", on ne compte que peu de titres assez lents sur Insurrection. "Target for Revenge", l'unique autre tentative, se solde par un ratage complet avec son refrain rapidement insupportable. Autre morceau sortant du lot, le pavé "Three Miles Island" qui affiche pas moins de neuf minutes au compteur. Mais là encore le pari n'est qu'à moitié réussi : si le début parvient à installer une ambiance mystérieuse brisée par une rythmique bulldozer jouissive, la suite n'est pas du même tonneau avec ce break mitigé qui commence par présenter une ressemblance troublante avec celui de "Seventh Son of a Seventh Son", puis qui finit par le développement d'une mélodie répétitive et pas très marquante.
Qu'on se rassure néanmoins : on trouve tout de même quelques belles réussites sur ce nouvel album de Nightmare. Il faut pour cela attendre l'arrivée du troisième titre, "Insurrection". Un morceau étonnant, une nouvelle fois très mordant à la limite du thrash, avec un Jo Amore qui n'hésite pas à sortir de son registre heavy classique pour se la jouer plus agressif sur le couplet. Et cette fois le refrain lumineux tout en contraste fait mouche. Nightmare enchaîne alors avec "Legions of the Rising Sun", un titre à la fois rapide, heavy et mélodique, parfait de bout en bout avec notamment cette très belle juxtaposition de deux mélodies vocales sur la fin. Voilà sans doute le titre le plus représentatif de Insurrection puisqu'on en trouve plusieurs dans cette veine. Tous ne sont pas réussis, à l'image de "Mirror of Damnation" et "Angels of Glass" qui pêchent une nouvelle fois en raison de leurs refrains passables (le second sonne limite FM en dépit d'arrangements heavy). Mais dans le sillage de "Legions of the Rising Sun", "Decameron" tire elle aussi son épingle de jeu avec un Jo Amore une nouvelle fois époustouflant. C'est également le cas de "Cosa Nostra" et son riff ultra-heavy à la Evergrey.
Bilan tout de même mitigé pour ce Insurrection. Certes, l'album est très carré et une nouvelle fois remarquablement exécuté, mais l'étincelle nécessaire pour enflammer le tout fait trop souvent défaut. Les titres se succèdent, mais s'il faut reconnaître un savoir-faire indéniable, les occasions de s'enthousiasmer se font rares. Sans être totalement raté, loin de là, il faut reconnaître qu'Insurrection est un peu monotone et clairement pas à la hauteur du fulgurant Genetic Disorder, varié et réussi de bout en bout. Une petite déception au final.