CHRONIQUE PAR ...
Djentleman
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Till Lindemann
(chant)
-Richard Kruspe
(chœurs+guitare)
-Paul Landers
(chœurs+guitare)
-Christian "Flake" Lorenz
(clavier+programmation)
-Oliver Riedel
(basse)
-Christoph Schneider
(batterie)
TRACKLIST
1) Rammlied
2) B********
3) Waidmanns Heil
4) Keine Lust
5) Weissess Fleisch
6) Feuer Frei!
7) Wiener Blut
8) Frühling In Paris
9) Ich Tu Dir Weh
10) Du Riechst So Gut
11) Benzin
12) Links 2-3-4
13) Du Hast
14) Pussy
Rappel:
15) Sonne
16) Haifisch
17) Ich Will
Rappel 2:
18) Engel
DISCOGRAPHIE
1999 : Live Aus Berlin, 2006 : Völkerball. 2015 : In Amerika. Si les deux premiers DVD étaient sortis l’année suivante du tournage, cette fois-ci il aura fallu attendre plus de cinq ans pour pouvoir apprécier nos pyromanes allemands ! Jouée et enregistrée le 11 décembre au Madison Square Garden, cette nouvelle représentation ne paraît que le 25 septembre 2015 ! Où est passée la rigueur teutonne ?
Une demi-heure. Non, ce n’est pas la durée de la setlist des Allemands, rassurez-vous. C’est le nombre de billets vendus suite à l’ouverture des réservations pour cette date faisant partie de la tournée de Liebe Ist Für Alle Da (LIFAD). Tout cela ramené à la capacité maximale d’accueil du Madison Square Garden de Gotham City, qui est de 20 000 places, ça fait quand même pas mal de monde. Un tel engouement de la part d’un peuple qui a du mal à situer l’Europe sur une carte, c’est une belle preuve de l’éminente notoriété toujours active des rois de l’indus : Rammstein.
Et comme à leur habitude, une entrée spectaculaire et fracassante. Ce n’est pas le décor de la scène qui vous dira le contraire. Des murs défoncés à coups de poings et la porte principale ouverte au chalumeau par Till Lindemann. A priori, pas d’usurpation d’identité, ce sont bien les mêmes qu’il y a dix ans. Avec à peine quelques rides en plus. L’ouverture ? La meilleure possible pour une tournée promotionnelle de LIFAD : "Rammlied" et son refrain pendant lequel on entend les milliers de spectateurs scander avec ferveur : « Rammstein ». De quoi frissonner et à la fois flipper, si on a en tête quelques références historiques.
Les deux chansons suivantes sont issues du même album : "B********" et "Waidmanss Heil". Si la première est assez fade, malgré un Till déchaîné, on appréciera la seconde qui s’introduit par le résonnement d’un cor de chasse, puis par l’apparition du frontman avec ni plus ni moins qu’un fusil de chasse. Néanmoins, la légère accélération de rythme par rapport au studio et les effets de l’âge sur les deux acolytes du chant (quarante huit ans pour Richard et cinquante ans pour Paul, tout de même), viennent quelque peu ternir cette prestation.
Retour dans le passé avec les albums Reise, Reise, Herzeleid et Mutter qui sont mis à l’honneur. Les classiques comme "Keine Lust" et "Feuer Frei!" sont parfaitement maîtrisés par la formation et font toujours autant plaisir à voir. C’est aussi le retour de "Weissess Fleisch" qui avait été interprétée pour Live Aus Berlin. Dommage que cette dernière soit moins incisive et tranchante qu’en studio, mais elle a la bonne idée de nous gratifier d’un petit solo de Christoph Schneider, avant que ce fou de Flake ne nous livre une des ses petites chorégraphies sortie de nulle part.
Hop, promotion oblige, un nouveau pack de trois de LIFAD. Deux pistes énergiques et puissantes que sont "Wiener Blut" – et son décor flippant avec des nourrissons accrochés à des fils sur scène – et "Ich Tu Dir Weh" où l’on peut voir les deux amis Till et Flake simuler une bagarre pendant laquelle Flake sera jeté dans une baignoire avant de se voir déverser une pluie d’étincelles sur la tronche. Mais ces deux titres seront surtout entrecoupés par la magnifique et bouleversante « Frühling In Paris » : avec son introduction à la guitare acoustique par le bassiste Oliver Riedel couplé au chant à cappella du public, vous vivrez un moment de frisson garanti.
"Du Riechst So Gut", "Benzin", "Links 2-3-4" et "Du Hast". Autant de chansons vues et revues. Même si elles provoquent toujours autant d’enthousiasme dès que retentissent leurs premières notes, on décèle une légère baisse de niveau quant à la qualité d’exécution, que ça soit au niveau de la rigueur de la partition - quelques erreurs - ou le son moins puissant. Heureusement que la boule de feu humaine est présente pour enflammer le plateau dans une mise en scène qui a le don de choquer le public sur "Benzin", sinon les risques d’endormissement seraient bel et bien réels.
C’est là qu’arrive une des chansons les plus controversés de la formation germaine (enfin, y en a-t-il une qui ne le soit pas ?) : "Pussy". (1:05:51). Quel artifice va trouver Rammstein pour illustrer ces propos suggestifs ? Et bien ce sera un canon. Rose. Qui balance de la mousse. Mais quelle signification cela peut-il bien avoir ? En tout cas cet instrument sera supprimé dans la suite de la tournée en raison de son caractère trop explicite. Censé faire office de final, Till Lindemann s’adresse au public (chose suffisamment rare pour être soulignée) en lui disant merci dans sa langue natale.
MAIS NON ! Vous croyiez sincèrement qu’à peine plus d’une heure serait suffisante pour contenter tous ces fans ? Tout ça sans jouer l’une des chansons-phare "Sonne" ? Que nenni, et après une prestation sobre mais efficace, arrive une ultime chanson du dernier album, "Haifisch", dans laquelle Flake pratiquera son sport favori : le « Boat Stage Dive » . Elle sera suivie de "Ich Will" du décidément très représenté Mutter, avant de finir par un énième rappel incarné par "Engel" et ses fameux sifflements.
N’ayez crainte amateurs pyromanes, Rammstein ne s’est pas calmé à ce niveau et nous présente de nouveaux subterfuges tels qu’une arquebuse sur "Waidmanss Heil", une citerne de feu sur "Benzin" et la réapparition des ailes angélico-mécaniques sur "Engel". De quoi divertir comme il faut un public américain toujours plus assoiffé d’embrasement et d’incandescence. Et oui, il ne faut pas oublier que Rammstein, ça s’écoute, mais ça se voit également !
Moins fringuant que son prédécesseur Völkerball, In Amerika livre tout de même quelques scènes chargées émotionnellement. Un cran en dessous, on sent que les Allemands ne sont pas immortels face au temps qui passe, malgré la vigueur des deux plus âgés que sont Till et Flake. L’accent a clairement été mis – et c’est logique – sur les chansons du dernier album, qui sont beaucoup plus dynamiques et vivantes que les anciennetés, ce qui est, après tout, le principal pour une tournée de promotion. Maintenant, on attendrait bien un nouvel album, parce que ce n’est pas ce DVD qui va nous faire paraître le temps moins long. Au contraire.