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CHRONIQUE PAR ...

10
Beren
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note : 15/20

LINE UP

-Till Lindermann
(chant)

-Flake Lorenz
(claviers)

-Paul Landers
(guitare)

-Richard Z. Kruspe
(guitare)

-Oliver Riedel
(basse)

-Christoph Schneider
(batterie)

TRACKLIST

1)Benzin
2)Mann gegen Mann
3)Rosenrot
4)Spring
5)Wo bist du
6)Stirb nicht vor mir (Don't Die Before I Do)
7)Zerstören
8)Hilf mir
9)Te Quiero Puta!
10)Feuer und Wasser
11)Ein Lied

DISCOGRAPHIE

Herzeleid (1995)
Sehnsucht (1997)
Live Aus Berlin (DVD) (1999)
Mutter (2001)
Reise Reise (2004)
Rosenrot (2005)
Völkerball (DVD) (2006)
Liebe Ist Für Alle Da (2009)
In Amerika Live (2015)
Rammstein (2019)
Zeit (2022)

Rammstein - Rosenrot
(2005) - indus - Label : Universal



Rock Hard, dans son numéro d'octobre 2005, propose sa couverture à Rammstein, en titrant: "Rammstein, crise de foi?". J'avouerais que je partageais tout à fait cet avis. De nombreux faits s'ajoutèrent ensuite au contexte Rosenrot, plutôt énigmatiques: chutes de studio de la période Reise, Reise ou véritables nouveaux morceaux? Un peu des deux. Une tournée pour promouvoir cet album? Que nenni, chacun voulant s'aérer l'esprit après un marathon de forcené et on comprend aisément. Un artwork inédit? De nouveau que nenni, puisque c'est l'artwork japonais de Reise Reise qui servira pour Rosenrot. Le délai d'un an entre deux albums studio? Du jamais vu chez nos Allemands, qui prennent d'habitude le temps de peaufiner leurs albums jusqu'à la moëlle.


Mais voilà: Rammstein devient de plus en plus gros et du coup, plus gourmand. Il faut remplir l'énorme panse du groupe (ou plutôt de son label, hein), qui, à l'image du clip "Keine Lust", nous fait penser que les Teutons ne savent plus bien où ils en sont avec le monstre qu'ils ont créé il y a dix ans maintenant. Fatigués, éreintés, proches de la rupture collective: se remplir les poches, et celles du label par la même occasion, ou faire passer l'artistique avant le mercantile? A vrai dire, on se situe aux confins des deux avec ce nouvel album inattendu. Il reprend des chutes de studio du précedent album et quelques morceaux composés pour l'occasion, dans l'urgence d'une sortie espacée d'une seule année. Et, effectivement, Rosenrot, qui aurait dû s'appeler Reise Weiter ou Reise Reise Vol. 2, surprend. Il surprend... Assez positivement.

Qui aurait pu croire que cet album, peu soutenu par le groupe (ce qui est étrange) avait le potentiel d'un Mutter, quoique dans une veine bien différente? Pas même moi. Le discours formaté et peu motivé de Bernstein, de Riedel et de Lindemann lors des conférences de presse m'avait fait penser que Rosenrot n'était qu'un album de commande, un peu forcé. Ce doit être certainement vrai. Allez, remettons les pendules à l'heure: Mutter reste indétrôné. Cependant, le sentiment de cohésion et d'homogénéité qui n'apparaissait pas sur Reise Reise est ici le moteur d'une réussite plus franche. Le propos est lourd, mélancolique, presque testamentaire. En ressort ainsi un album plus lent, posé et épique. Même les morceaux-comètes habituels ("Mann Gegen Mann", son texte acerbe et son refrain scandé tout en "finesse", "Zerstören" et son final-boeuf très inhabituel) ralentissent le tempo tout en conservant leur majestuosité. "Benzin", le très réussi morceau d'introduction, fait d'ailleurs cheveu dans la soupe, au milieu de morceaux plus alambiqués et froids: il souffle le chaud sur une glace composée de mid-tempos emplis d'émotion et surtout, de superbes effets studio. Rosenrot est d'ailleurs l'album le plus abouti sur ce point, entre orchestrations et instrumentations parfois très originales.

Till et sa bande ont donc ralenti le geste, qui reste toujours aussi ample et le plus souvent habile. D'où une impression, pas fausse du tout, de platitude et de lenteur lors des premières écoutes: les riffs sont beaucoup plus subtils et les arrangements sont mis en avant par rapport au reste de l'instrumentation. Rosenrot est un disque beaucoup plus ambiancé et "atmosphérique" (allez, le terme s'applique bien à cet album): le riff de "Rosenrot", au texte et au refrain tout à fait splendides, accompagne le chant et les arrangements claviers de Flake Lorenz, qui se démarquent énormément sur ce disque par leur originalité (l'intro et les magnifiques choeurs de "Spring", les flûtes et boucles électro de "Wo bist du" posés sur le verbe très typique de Lindemann, "Feuer und wasser"). On comprend maintenant pourquoi il sera plus difficile de jouer de tels morceaux sur scène: le public ne suivra pas forcément.

Cela n'enlève en rien à la qualité de ce disque - mine de rien, une première pour Rammstein - grâce à des morceaux plus épiques et moins axés sur les guitares. Hé bien, je vous avouerais que j'apprécie fortement cette face mélancolique et très mature de Rammstein, qui, pour certains (et je les comprends parfaitement), leur paraîtra complètement anecdotique et bâclée, "commerciale", alors que je crois que ce résultat, très involontaire et loin d'être la conséquence de concessions musicales, leur va au contraire à ravir. Bien que "Stirb nicht vor mir", en duo avec Sharleen Spiteri (Texas) sent l'Universal à plein nez (Rammstein sait composer des morceaux pop!) et qu'"Ein Lied", sans percussions, déçoit énormément une nouvelle fois en morceau de clôture, le reste de Rosenrot s'écoute avec beaucoup de plaisir, il ne faut pas se leurrer. Les musiciens sont à leur apogée (Lorenz et Lindemann en éclaireurs, ce dernier n'ayant d'ailleurs jamais aussi bien chanté que sur Rosenrot) et ce disque est paradoxalement beaucoup plus uni que Reise Reise, alors qu'il est issu de différentes sessions de composition.

Cependant, Rosenrot manque fortement de ce peps et de cette puissance inhérents au style Rammsteinien (à part "Zerstören", bourrin sans être primaire, les riffs gargantuesques de "Hilf mir" et "Te Quiero Puta!", sensationnelle blague musicale, poilante à souhait) qu'ils osent tout de même sans cesse renouveler, plutôt que de rester sur une formule qui aurait maintenant tendance à tourner en rond. Rosenrot va une nouvelle diviser le public et ce n'est pas plus mal: ici, la puissance est dégagée par de somptueux arrangements, véritables stars de cet album, qui m'étonne encore par sa qualité et son homogénéité, qui n'était pas gagnée d'avance. Rosenrot, mélangeant l'huile de Sehnsucht (pour la noirceur générale du propos) et le vinaigre de Reise Reise, va enchanter les nouveaux fans et va décevoir les fans de la première heure. Vous verrez, c'est écrit: putain de succès, toujours à fourrer son nez, là où il ne faudrait pas.




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