En 1997, les Rolling Stones germains n'ont pas encore atteint l'apogée de leur renommée actuelle. S'il faut attendre quatre ans après le nouveau millénaire pour qu'ils y accèdent, Sehnsucht va grandement y contribuer, et reste encore aujourd'hui une pierre angulaire dans la discographie du groupe. La recette pour s'arroger le titre de roi de l'indus teuton ? Un metal froid, sans excès, simple, mais efficace.
Rammstein, ce n'est pas du progressif ni du technique, il ne faut pas avoir fait dix ans d'études en musicologie pour le remarquer. Rammstein, ce sont des riffs on ne peut plus simplistes mais qui, alliés à la voix de Till Lindemann et aux claviers de Lorenz, font mouche. Pour illustrer ces propos, l'album ici présent est donc un des meilleurs exemples que l'on puisse prendre. Tout en restant sur la lancée de son premier opus Herzeleid, en adoptant la même atmosphère, et en gardant ses onze titres rituels, les Germains parviennent encore à pondre une petite moitié de titres qui resteront dans les annales et dans l'esprit de tous les fans, et cela, même une vingtaine d'années après leur sortie.
Sur le podium, arrivent, sans aucun conteste possible, les titres "Sehnsucht", "Bück Dich" et l'immortel et inusable hymne "Du Hast", lequel a été repris à peu près à toutes les sauces et dans une flopée de styles différents depuis. Un succès bien au-delà du monde metal. Ces chansons sont des classiques lors des représentations live du groupe, souvent accompagnées d'effets pyrotechniques tous plus fantasques les uns que les autres, ou de chorégraphies assez particulières. A ces chansons rudement efficaces et entraînantes peuvent venir s'ajouter la malsaine "Spiel Mit Mir" et la cartoonesque "Küss Mich (Fellfrosch)" pour former le quintet gagnant. Sans parler de la double signification des textes, qui ne sont sûrement pas celles que l'on va faire lire à son enfant pour lui faire découvrir la langue de Goethe.
Bien sûr, en route, un bon nombre de chansons vont se perdre dans la masse. Pas forcément par faute de mauvais goût, mais par simple lassitude. C'est-à-dire des chansons répétitives et ne possédant pas d'ingrédient propice à la ferveur populaire. Bien que "Engel"soit à la frontière entre les deux, ce n'est pas le cas de "Tier", "Bestrafe Mich", "Alter Mann" et "Eifersucht". Leur écoute est agréable, mais il est difficile d'en tirer quelque chose de plus profond et concret. Heureusement, il y a pire : l'immonde "Klavier". Mais ne vous en faites pas, par la suite Rammstein nous habituera à une horreur par album (ce qui est assez négligeable en soi).
Sehnsucht, contrairement à son prédécesseur Herzeleid, se veut moins agressif et percutant mais plus mélodieux et accrocheur, tout en instaurant un côté à la limite du gothique, auquel on peut ajouter la présence un peu plus poussée de claviers. Et, bien sûr, toujours cet aspect froid et glacial, bien caractéristique du style industriel, de surcroît à Rammstein. Un coté subversif, anticonformiste et volontairement choquant, qui colle parfaitement à l'image que le groupe veut renvoyer de la société. A des années-lumière de OOMPH! auquel le groupe va rapidement être comparé, Rammstein vient de créer son premier chef-d'oeuvre. Qualité allemande oblige.
Finalement, il suffisait peut-être de regarder l'artwork de ce Sehnsucht. Celui-ci est fichtrement plus significatif et parlant que les quelques lignes que vous venez de lire. Tout y est représenté, et encore aujourd'hui, on peut considérer cet album comme l'étendard de la discographie désormais fournie de Rammstein.