CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Jan Henrik Ohme
(chant)
-Jon Arne Vilbo
(guitare)
-Thomas Alexander Andersen
(claviers)
-Mikael Krømer
(violon+mandoline)
-Kristian "Fido" Torp
(basse)
-Lars Erik Asp
(batterie)
TRACKLIST
1) Park Bench
2) The Master's Voice
3) Bela Kiss
4) Know Your Time
5) Choir Of Ancestor
6) ABC
7) Algorithm
8) Alarm
9) Molock Rising
DISCOGRAPHIE
Demon, il y a deux ans, avec ses quatre longs titres, s'était révélé envoûtant et fascinant. Visiblement, le format long, très prisé dans la mouvance progressive, avait inspiré la talentueuse formation norvégienne. Le retour au format plus classique d'un album à neuf titres était au moins le signe que le groupe ne souhaitait pas renouveler l'expérience, si réussie qu'elle ait été. Qu'en est-il donc vraiment de ce Molok ?
Après Demon, donc, Molok. Gazpacho reste dans l'occulte, ou en tous cas le sulfureux (Moloch est une divinité Babylonienne à qui on sacrifiait des nouveaux-nés en les jetant dans un brasier). Pourtant, malgré ces références sombres et violentes, Gazpacho continue sur sa lancée pour son neuvième album sur une voie toujours progressive, douce, légèrement rétro et psychédélique. Tout est une fois de plus très mélodique, parfois mélancolique, mystérieux et brumeux, le tout décliné dans un panel d'ambiances variées et – malheureusement – inégalement réussies. Car là où Demon proposait quatre titres dont chacun était proche de la perfection – si tant est qu'elle existe – il y a ici une plus grande disparité stylistique, plus proche de ce que le groupe nous avait offert par le passé, à savoir des morceaux plus courts et du coup une plus grande diversité.
Il y a par exemple la très belle "Park Bench" en ouverture, qui aurait pu figurer sur Demon tant elle est raccord avec l'album de 2014, ou l’intrigante "Algorithm", ses rythmes orientaux et ses chants mystérieux. On trouve aussi la très progressive "Know Your Time", entre Anathema et Pink Floyd, plutôt réussie, ou encore la jolie "Molok Rising" et ses neuf minutes d'un tranquille crescendo d'ambiances veloutées et épaisses. Mais d'autres morceaux passent relativement inaperçus, comme la très rock et formatée "Bella Kiss", malgré ses courtes sonorités balkaniques ou "Choirs Of Ancestors" à laquelle il serait difficile de reprocher quelque chose mais qui n'excite pas vraiment l'auditeur à cause d'une d'un manque de dynamisme et de contraste. Rien n'est vraiment à jeter sur Molok, mais la diversification des ambiances le rend inégal et souvent trop classique, trop purement canonique. Certes, cela fait ressortir les plus beaux morceaux (comme "Park Bench" ou "Algorithm") mais le bilan final est loin d'être aussi enthousiaste que pour celui de Demon.
Non, Molok est très loin d'être un échec : il était presque inévitable qu'après le très sombre Demon, Gazpacho ne réussisse pas à atteindre à nouveau la quasi-perfection. Molok est comme beaucoup d'album : sincèrement réjouissant par endroit, paisiblement classique à d'autre, et jamais pénible. Ce qui en fait donc, malgré tout, un album parfaitement recommandable.