CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Al Jourgensen
(chant+guitare+programmation)
-Paul Barker
(basse+programmation)
Guests
-Chris Connelly
(chant - tracks 3 et 4)
-The Grand Wizard
(chant - track 7)
-Mars Williams
(saxophone - track 4)
-William Rieflin
(batterie+programmation)
TRACKLIST
1) Thieves
2) Burning Inside
3) Never Believe
4) Cannibal Song
5) Breathe
6) So What
7) Test
8) Faith Collapsing
9) Dream Song
DISCOGRAPHIE
Ministry -
The Mind Is A Terrible Thing To Taste
Twitch prévient, The Land of Rape and Honey tape du point sur la table, The Mind is a Terrible Thing to Taste confirme, ΚΕΦΑΛΗΞΘ (connu plus tard comme Psalm 69) culmine l'ensemble. Telle est, en général, la vision des fans sur les années fastes de Ministry. Même si je ne me rebellerais pas contre cette analyse plutôt juste, il se trouve que dans mon cas, l’aventure Ministry commence début 1990 sur M6 (en tout cas il me semble…) avec le clip de "Burning Inside". Alors forcément TMIATTTT garde une place très particulière dans mon cœur…
D’autant plus particulière que ce n’est même pas Ministry que je découvre alors, mais le metal industriel dans son ensemble. Un mélange de plaisir et de confusion m’envahit : « Et les solos de guitare ? Ils sont où ? » Dans la foulée, je me penche sur Godflesh avec le fabulissime Streetcleaner et écarte d’un revers de main dédaigneux les gémissements de Trent Reznor. Deux ans plus tard le monde métallique succombe à Soul of a New Machine et ΚΕΦΑΛΗΞΘ. Le metal industriel sort de sa cachette underground et se fait connaître : les metalleux fredonnent "Scapegoat" et "Jesus Built My Hotrod" tourne en boucle sur MTV le soir et la nuit. Mes amis et moi n’avons plus d’yeux – et d‘oreilles – que pour ΚΕΦΑΛΗΞΘ/Psalm 69. « Ah "Just One Fix", oh "Psalm 69", eh "Scarecrow"… » etc. etc. Et puis un soir, en rangeant mes affaires, un CD tombe par terre. « Ah tiens ! The Mind Is A Terrible Thing to Taste, je l’avais oublié celui-là… Allez on va le réécouter, histoire de lui rendre un dernier hommage avant de le descendre à la cave... Dis donc qu’est-ce qu’il arrache moins que le nouvel album… Bon, "Thieves" n’a jamais été ma préférée, un rythme aussi rapide ne sied pas à Maître Al. Ah par contre "Burning Inside", je comprends quand même pourquoi elle m’avait accroché à l’époque…Et puis "Breathe", ah ouais quand même… » Ben oui, "Breathe", elle arrache aussi. Et "So What". Et "Test". Et "Faith Collapsing". Et "Dream Song", le final nébuleux. Bien sûr que ces titres arrachent.
TMIATTTT est moins metal que le joyau à venir, mais la rage des artistes y est exprimée avec une vigueur incontestable. La production ne met pas totalement en avant la puissance de feu du groupe ? Possible, mais la variété de l’album, l’alternance mythique entre rythmes implacables, plages paisibles et explosions fantastiques n’a son équivalent sur aucun autre album de Ministry, sur aucune autre oeuvre de metal indus, serais-je même tenté de dire. Alors oui, "Thieves" et "Never Believe" ne sont pas les meilleures pièces de l’édifice du Ministère, et le rap de "Test" a dû en choquer plus d’un (pas moi, ceci dit), mais, outre le bon usage de la violence musicale évoquée précédemment, il règne sur le quatrième opus de la bande de Jourgensen et Barker, une atmosphère un poil magique, et pas uniquement à cause de "Dream Song", qui n’existe plus vraiment sur le rouleau compresseur ΚΕΦΑΛΗΞΘ. Les arrangements présents tout au long de l’album et une relative parcimonie quant à l’utilisation des coups de boutoir en font un album unique, et si un titre comme "Faith Collapsing" peut passer inaperçu de prime abord, il possède en réalité un caractère hypnotique qui prépare idéalement à la "Chanson du Rêve". Du coup, The Mind… n’a jamais été rangé au placard, au contraire, il continue à faire partie des quelques CDs ornant encore les étagères du salon.
Coincé entre la révélation The Land of Rape and Honey et son monstrueux successeur, The Mind Is A Terrible Thing To Taste est souvent sous-estimé. C’est à mon avis, une grossière erreur, tant cet album recèle de pépites. Il possède également un feeling beaucoup moins brut que Psalm 69, et ne pourra, par conséquent, pas prétendre au titre de « tuerie totale », mais ravit l’auditeur par sa variété et son caractère globalement très abouti. Incontournable.