CHRONIQUE PAR ...
Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Al Jourgensen
(chant+guitare+harmonica+basse+batterie)
-Tommy Victor
(guitare+basse+chœurs)
-Paul Raven
(basse+guitare+chœurs)
-Sin Quirin
(guitare+basse)
-John Bechdel
(claviers)
+ Guests
TRACKLIST
1)Under My Thumb
2)Bang a Gong
3)Radar Love
4)Space Truckin
5)Black Betty
6)Mississippi Queen
7)Just Got Paid
8)Roadhouse Blues
9)Supernaut
10)Lay Lady Lay
11)What a Wonderful World
DISCOGRAPHIE
Ministry n’est pas complètement mort. The Last Sucker fut certes le dernier album studio du groupe légendaire d’Al Jourgensen, mais Cover Up en sera la dernière sortie. Le groupe ayant repris diverses chansons autant sur scène qu’en studio, il est logique qu’un jour ces reprises voient le jour dans sur un objet témoignant des goûts musicaux divers et variés d’Al Jourgensen, entouré d'invités prestigieux. Ministry ayant toujours été novateur dans son genre, espérons que ce Cover Up ne sentira pas le réchauffé.
Il faut signaler en premier lieu que le groupe indiqué sur la pochette du CD est Ministry & Co-Conspirators, et non pas Ministry seul. Une manière de rappeler que plusieurs invités de marque se sont joints à la bande de Jourgensen. Que l’on juge: Burton C. Bell, Wayne Static, Casey Chaos, ainsi que bien entendu Paul Raven et Tommy Victor, sans oublier le Hell Paso Mosh Choir. Du beau monde pour témoigner une dernière fois en beauté du talent de Ministry. Talent déjà dans le choix et la diversité des reprises: les Rolling Stones, Deep Purple, Ram Jam, ZZ Top, The Doors, Black Sabbath, Bob Dylan ou encore Louis Amrstrong. Un choix éclectique et à mille lieux de l’indus du groupe.
Et tout le talent de Ministry est là: avoir choisi des chansons, la plupart cultes, appartenant à des genres aussi différents que le rock, le jazz ou le hard-rock pour se les approprier complètement. Impossible à l'écoute de ne pas reconnaitre la chanson originelle mais aussi de ne pas entendre la touche Ministry. Le groupe déforme les chansons pour y mettre des guitares très saturées, des samples. Le son typique du groupe, oppressant et électrique, est là. Et en même temps chaque chanson conserve sa rythmique et ses mélodies originelles. En aucun cas, les reprises ne surpassent les versions originelles, et ce n’est pas le propos de Ministry. Il s’agit juste de proposer des réécritures dans l’univers indus et sale du groupe et de ce point de vue, c’est complètement réussi.
Du point de vue des réussites, vous aurez donc le droit à une vision industrielle de la musique des Rolling Stones avec "Under My Thumb", sur lequel Burton C. Bell pousse la chansonnette, ou encore cette version jouissive du "Supernaut" de Black Sabbath. Sans même parler du brulôt "Roadhouse Blues" des Doors. Il convient de noter que la présence des invités ne se remarque pas trop. Leurs interventions restent discrètes et bien intégrées à l’ensemble; le disque ne ressemble pas à une succession de guests sans consistance. Mais aussi une version complètement déjantée de "It’s A Wonderful World" de Louis Armstrong, reprise particulièrement ironique pour le groupe, dont les textes se sont toujours focalisés sur les aspects les plus sombres de l'humanité, sans même parler de sa trilogie finale anti-Bush. Mais au contraire d’un The Meads of Asphodel qui avait repris la même chanson, Ministry ne détourne pas les paroles et garde le texte original, ce qui rend la reprise encore plus acide et ironique.
Un album de reprises, c’est un peu comme revoir une ex-copine pour une soirée, on sait que l’on risque de passer un bon moment mais sans surprises. C’est exactement le cas avec ce Cover Up, qui est certes divertissant et bien jouissif, mais ne comporte aucune réelle innovation. Il restera comme le testament ultime de Ministry, démontrant le talent du groupe pour s’approprier sans les dénaturer des chansons d’horizons divers.