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CHRONIQUE PAR ...

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Dimebag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 16/20

LINE UP

-Jens Kidman
(chant)

-Carl Fredrik Thordendal
(guitare)

-Mårten Hagström
(guitare)

-Dick Lövgren
(basse)

-Tomas Haake
(batterie)

TRACKLIST

1) Clockworks
2) Born In Disonnance
3) MonstrOcity
4) By The Ton

5) Violent Sleep Of Reason
6) Ivory Tower
7) Stifled
8) Nostrum
9) Our Rage Won’t Die
10) Into Decay

DISCOGRAPHIE

ObZen (2008)
Alive (2010)
Koloss (2012)
The Violent Sleep Of Reason (2016)

Meshuggah - The Violent Sleep Of Reason
(2016) - inclassable Metal extrême polyrythmique - Meshuggah Metal - Label : Nuclear Blast



Je pense que l'on peut valablement affirmer, en 2016, que tout metalleux ne connaissant pas ou pire, ne célébrant pas l’évidente supériorité de Meshuggah sur les masses laborieuses, mériterait potentiellement d’être obligé de lire l’entière « bibliographie » de Fistine Boutin. Plusieurs fois. J’entends par là qu’ignorer ou fustiger l’un des groupes les plus créatifs, originaux, cohérents et surpuissants de la scène relèverait du crime de haine et ça, mille excuses mais ça ne passe plus. « No Màs », comme on dit chez nos amis les tortillas. Vous allez donc me faire le plaisir de reconnaître et de célébrer ce groupe comme il se doit, en commençant par lire le papier ci-dessous, qui parle de leur dernier album. Que dîtes vous ? « Il est sorti il y a plus d’un mois cet album, espèce d’énorme feignasse donneuse de leçons ? »... Hum. En effet. Voilà qui est gênant. Néanmoins, et comme mieux vaut tard que jamais, je vous invite malgré tout à enfiler avec moi ce Violent Slip De La Raison. Vous verrez, il est très confortable et seyant. Aussi, commençons l’essayage.

Petit rappel du contexte : Meshuggah c’est poutre sur poutre depuis le début des années 90, avec un line-up quasi inchangé. Rien à jeter dans leur discographie. Un son unique, abrupt, plus ou moins abscons, technique à l’extrême, déstructuré, chaotique, bref, totalement déroutant pour le profane. Un son qui s’était cependant quelque peu « démocratisé » voire vaguement « adouci » (on parle de Meshuggah hein, donc les guillemets sont largement de rigueur) sur leurs deux dernières sorties, obZen et Koloss (excellentes au demeurant). Le son était plus poli voire synthétique, et les aspects les plus labyrinthiques, aliénants et déstabilisants de leurs compositions s’étaient quelque peu affaiblis au profit de morceaux plus directs et « simples » à retenir, du genre ''Do Not Look Down'' (et son groove de medicine ball rebondissante), ''Bleed'', certes techniquement imbitable - surtout niveau batterie - mais qui reste ultra-catchy et immédiate, ''The Demon’s Name Is Surveillance'' ou encore ''Swarm''. Bref, on se demandait un peu si le grand Mesh’ n’était pas en train d’amorcer un gentil petit virage vers des paysages soniques moins fracassés, l’âge aidant. Eh bien sachez que ce Violent Slip De La Raison, huitième album studio que vient d’enfiler le gang de génies d’Umeå, vient répondre à cette question par un retentissant « NEY » ! Non, Meshuggah ne se démocratise pas avec les années, et c’est même tout le contraire que démontre ce nouvel opus en forme de retour aux sources et de retour, donc, vers des sonorités beaucoup plus proches de Chaosphere, Catch Thirtythree et Nothing (mais surtout les deux premiers cités) que de Koloss et obZen.
Ne serait-ce qu’au niveau du son et de la production, la différence est palpable. Le dernier-né des Suédois est doté d’une enveloppe sonore largement plus brute, organique et naturelle que celle de ses deux grands frères. La batterie, notamment, a cette fois-ci été enregistrée live (ce qui en dit long sur la performance à nouveau faramineuse du plénipotentiaire Tomas Haake), alors qu’elle était de plus en plus souvent programmée par le passé. L’ensemble reste extrêmement puissant, lourd et clair, mais sonne nettement plus « vrai » que sur Koloss ou obZen. Ensuite, en termes de composition, une différence assez marquée s’impose également à l’auditeur, et ce dès l’opener, la monstrueuse ''Clockworks'', qu’on croirait véritablement sortie de Chaosphere ou de Catch Thirtythree : punitive, mécanique, peuplée de plans labyrinthiques et parcourue de leads stridentes et maladives, ces sept premières minutes donnent à voir un Meshuggah sur le sentier d’une guerre impitoyable, guerre qui sera menée contre nos sens pendant toute la durée du recueil (d’ailleurs dîtes adieu à vos miches : le gros break à mi-morceau vous les brisera en deux). On retrouve aussi avec grand plaisir les solos abscons et déroutants de Fredrik Thordendal, encore un élément qu’on avait commencé à perdre un poil de vue sur les derniers opus des suédois. Presque sans temps mort et sans respiration, le groupe enfonce directement le clou avec un ''Born In Dissonance'' abrutissant et répétitif, ce qui peut sembler péjoratif comme description mais croyez-moi, ça ne l’est pas : car c’est dans la répétition de motifs ultra-lourds et hypnotiques que Meshuggah se sublime et nous colle au papier-peint : véritablement, on retrouve ce sentiment d’être jeté dans une grosse boîte noire pleine d’eau et d’être balourdé, de ci-de là, au gré des coups de boutoir incessants des légendes du Norrland, les hurlements monolithiques d’un Jens Kidman en grande forme comme seul repère.
Sans déconner, quand le solo commence à mi-morceau on a juste le sentiment d’être évacué dans l’espace, au beau milieu d’un champ de comètes glaciales, tout seul. Ce sentiment d’isolation et d’aliénation ressenti à l’écoute est TOUT dans la musique de Meshuggah, et on le retrouve avec un immense plaisir sur ce Violent Sleep Of Reason, plus puissant que jamais. La donne ne changera pas avec ''MonstrOcity'' et son riff d’intro absolument fracassant, ou sur un ''By The Ton'' qui porte bien son nom, et dont les ambiances synthétiques tissées par les riffs lents et escarpés nous propulsent à nouveau dans l’univers de Nothing. On a l’impression que les guitares dialoguent avec la section rythmique, complotant pour causer notre perte. On entend les doigts glisser sur les cordes, l’ensemble bondit et rebondit avec une pesanteur infinie, la nuque se brise à mi-morceau, l’auditeur gît sur le sol dans une mare de sang noir qui coule depuis ses oreilles, pris d’un fou rire maladif et bientôt, de convulsions : seul. Et c’est parfait bordel, MESHUGGAH IS BACK MOTHERFUCKERS (même s’ils n’étaient jamais vraiment partis). Le morceau-titre, plus enlevé, n’en reste pas moins exigeant avec un riff encore une fois exceptionnel suivi de couplets plus classiques mais efficaces, et d’attaques de leads tout à fait dérangeantes (''Violent Sleep Of Reason''). Pas de pitié, pas de facilité : bagarre totale. ''Ivory Tower'' déboule ensuite avec un groove invraisemblable, nettement plus abrupt et imbitable que ce qu’on pouvait trouver sur Koloss (genre "Demiurge", géniale au demeurant) et vous entraîne à nouveau dans une descente en spirale vers les profondeurs de la folie créatrice de ses géniteurs. Il en ira de même avec ''Stiffled'' qui n’aurait pas fait tâche sur Chaosphere, et ''Nostrum'', dont on se demande bien comment elle est humainement jouable à la batterie, parce que même comparée aux autres morceaux de l’album cela paraît insensé. ''Our Rage Won’t Die'' prend le relais, et clairement on les croit sur parole vu l’agressivité de ce morceau et de son riff mutant, encore une fois monstrueusement groovy et dévastateur. Même le closer de l’album, ''Into Decay'', ne met pas franchement le holà sur la bagarre, bien que celui-ci déploie des notes plus mélancoliques, et surtout une lente descente vers la fin, qui tombe à point nommé car notre malheureux cerveau commençait à lâcher l’affaire et pensait sérieusement à poser quelques RTT.


En résumé, voici l’album de Meshuggah le plus rude, le plus exigeant, le plus « meshuggesque » en somme, depuis un bon moment (Catch ThirtyThree pour être précis). Celles et ceux qui ont découvert et aimé le groupe avec Koloss et obZen en seront potentiellement pour leurs frais tant Meshuggah semble être revenu à des considérations plus cryptiques, mais les fans de la première heure seront ravis. Ce huitième opus des géants de la Baltique constitue donc davantage un retour aux sources qu’une synthèse ou une poursuite de leur évolution. D’aucuns pourraient fustiger ce manque de prise de risque - encore qu’il faut être salement gonflé pour accuser Meshuggah de manquer de prise de risque, puisque leur musique toute entière n’est que risque et confrontation - mais pas ici. Ici, on connaît et on respecte ses classiques, et surtout on fait montre de la révérence due à un combo de cette envergure, qui est tout simplement un des plus grands groupes de metal de tous les temps, et qui est en pleine maîtrise de son Art alors qu’il enfile son huitième slip, le Violent slip de la raison. À jamais au Hall Of Fame.


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