CHRONIQUE PAR ...
Gazus
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Jens Kidman
(chant)
-Fredrik Thordendal
(guitare)
-Mårten Hagström
(guitare)
-Dick Lövgren
(basse)
-Tomas Haake
(batterie)
TRACKLIST
1)Perpetual Black Second
2)Electric Red
3)Rational Gaze
4)Pravus
5)Lethargica
6)Combustion
7)Straws Pulled at Random
8)New Millenium Cyanide Christ
9)Stengah
10)The Mouth Licking What You've Bled
11)Humiliative
12)Bleed
DISCOGRAPHIE
Existant depuis plus de vingt ans, Meshuggah est de ces groupes qui ont marqué l'évolution du metal tel qu'on le connaît, marquant une évolution constante depuis Contradictions Collapse jusqu'à Obzen, évolution passant par une déconstruction / destructuration progressive des structures et des rythmes, ainsi que par une orientation sonore allant toujours vers le plus lourd possible, marquant et influençant de nombreux groupes par leur utilisation de polyrythmies. Depuis le temps, un album live semblait manquer cruellement au palmarès des cinglés suédois.
Si la version commercialisée d'Alive comporte un DVD listant pas moins d'une vingtaine de titres du groupe, il faudra se contenter dans le cadre de cette chronique de la version CD, limitée à 12 morceaux. Malgré la discographie somme toute assez fournie des Suédois, la tracklist reste principalement axée sur le petit dernier Obzen, Nothing et l'immense Chaosphere n'étant représentés que par deux titres chacun, tandis que l'EP None voit l'un de ses titres ("Humiliative") incorporé au « set » du groupe. On note une absence totale au compteur de Catch 33 ou du fort bon Destroy Erase Improve, qui contient pourtant "Future Breed Machine" qui peut être considéré comme un véritable hymne de Meshuggah. Cela dit, avec pas moins d'une heure de live et considérant que l'on a affaire à une musique pouvant s'avérer pesante à la longue, on se dit que ces absences ne sont pas si dramatiques.
Que vaut donc Alive sans l'image ? On peut tout d'abord noter que le son est d'excellente facture, tant dans la prise que dans le mixage effectué par Daniel Bergstrand. Pour ainsi dire, on aurait presque l'impression d'avoir affaire à un enregistrement studio s'il n'y avait un côté aéré au son et à une spatialisation qui confère une ambiance live, soit réellement vivante, loin de l'aspect froid et aseptisé auquel le son du groupe est associé depuis plusieurs années. Niveau interprétation par contre, aucune surprise réelle : Meshuggah affirme et assume son statut de tueurs techniques avec brio. Les titres sont retranscrits tels qu'on les connaît sur disque avec une précision chirurgicale impressionnante, tant dans les riffs tordus et acérés ("Combustion", "Stengah", "Pravus"...) que dans les parties de batterie complètement démentielles ("Bleed" en tête). Quant au chant de Jens Kidman, il reste dans la lancée actuelle du groupe : fini la modulation, vive la neutralité.
Mais voilà, une interprétation sans faille quasiment à l'identique ne différencie pas vraiment un album live d'une simple compilation. Et même si le son apporte un regard nouveau sur les titres datant d'avant Nothing, on ne peut être que déçu tant cette fameuse neutralité du chant de Jens Kidman uniformise la totalité des morceaux et en vient presque à faire perdre l'intensité de certains, le pourtant excellent "The Mouth Licking What You've Bled" qui perd une grande partie de sa rage et de son intensité originelle. Et ce ne sont pas vraiment les apparitions du public ou les introductions toutes de larsens vêtues qui sauvent la mise. À trop vouloir tendre vers la perfection, Meshuggah se perd dans une aseptisation de sa musique déjà froide et cloisonnée. Nul doute que l'absence d'images n'aide pas à se plonger dans l'ambiance d'un tel concert mais malheureusement, les lives d'exception sont de ceux qui peuvent se passer d'un support visuel.
Si l'on considère en plus que l'on n'a pas affaire à un véritable concert mais plutôt à un patchwork de différentes dates du groupe, on a bien du mal à considérer Alive autrement que comme un album live tristement bancal. On peut se consoler en se disant qu'il nous reste un plutôt bon best-of, idéal pour découvrir la facette la plus récente du groupe. Pour le reste, il faudra peut-être voir ce que le DVD vaut ou bien attendre de voir directement le groupe sur scène, là où ils ne déçoivent pas.