En 2016, la mort du guitariste de Riverside a remis en cause l’existence du groupe. Après l’hommage posthume qu’était Eye Of The Soundscape, les Polonais démarrent réellement cette nouvelle partie de leur carrière avec Wasteland, leur septième album. Et tous les fans se demandent s’ils sont arrivés à surmonter cette terrible perte. La réponse est, hélas, mitigée…
Tout commence
a cappella. La voix toute en émotion de Duda se pose sur "The Day After".La musique arrive alors, amenant un sentiment de malaise. Une très belle façon de commencer cet album, tout en douceur et en douleur. On rentre alors dans le vif du sujet avec "Acid Rain" et son riff assez lourd. On ne retrouve pas vraiment le côté aérien des précédentes productions du collectif. Il faut dire que celui-ci a choisi de se passer d'un guitariste à plein-temps et continue l'aventure en trio. C’est donc le chanteur/bassiste qui s’occupe aussi des guitares. Ce choix limite clairement la créativité du groupe et on perçoit rapidement la difficulté de cumuler des parties basses intéressantes auxquelles le groupe nous a habitués avec les guitares planantes. Ainsi, c’est dans la deuxième partie du morceau que la basse semble revenir se rappeler à nous. Cependant, malgré un final un peu répétitif, la composition tient la route, à l'instar de "Vale Of Tears"qui lui succède. La chanson alterne riffs lourds et passages aériens sans grande subtilité, mais ça fonctionne bien. Après, ça se gâte… "Guardian Angel" est une ballade peu inspirée avec une voix grave qui enlève au final une grande part de la personnalité du groupe. "Lament" est aussi assez moyenne, malgré quelques passages touchants. Et c’est là le problème de cet album: les différentes pistes sont très inégales dans leurs qualités. On va avoir des passages un peu lourds, des longueurs et puis quelques moments de grâce. Mais sur l'ensemble, ça ne fonctionne pas toujours.
Plutôt que simplement embaucher un guitariste, Riverside a fait le choix de convoquer des « guests ». Si l’ajout du violon est pertinent et apporte une coloration particulière aux compositions, le fait que les solos soient réalisés par trois guitaristes différents se ressent. Cela casse clairement l’unité du recueil. Curieusement,les claviers semblent plus en retrait que sur les enregistrements précédents. Avec la perte du guitariste principal, on aurait pu penser l'inverse. Une histoire de mixage peut-être ? L’instrumental "The Struggle For Survival" les remet d'ailleurs à l'honneur avec bonheur et possède de belles qualités, notamment sur les parties de basse, très riches. Mais le solo semble sorti d’ailleurs. Malgré sa longueur, il est peut-être ce qui ressemble le plus au Riverside d’avant, avec un morceau ancré sur la basse et une belle connexion entre les différents instruments. Le reste des pistes ressemble parfois à un assemblage plus qu’à des morceaux construits par un véritable groupe. Wasteland a un côté album de studio prononcé qui gêne l’écoute. Et comme il possède aussi des longueurs, une hétérogénéité dans la qualité, une cohérence limitée entre les chansons, cela donne à l'ensemble un côté compilation pas très heureux. Dans ces conditions, le disque se révèle particulièrement frustrant, rempli à la fois de bonnes choses et de points gênants. On ne demande qu'à l’adorer, mais ça ne fonctionne jamais pleinement.
Wasteland déçoit clairement. On n'y retrouve pas la grâce des réalisations antérieures, ni des morceaux de qualité équivalente. On peut percevoir tout ce qu’a perdu musicalement la formation de Varsovie avec le départ tragique de son guitariste. En mettant toutes les responsabilités dans les mains du chanteur/bassiste/guitariste, les compatriotes de Nergal sont tombés dans une crise de créativité. Le manque d’unité est flagrant. Il faudra peut-être un peu de sang neuf à Riverside pour que la section progressive retrouve ses propres standards.