Chronique : Riverside ID.Entity (2023)

CHRONIQUE PAR ...

Belzaran
Cette chronique a été mise en ligne le 11 mars 2023

Sa note : 15/20

LINE UP

-Mariusz Duda
(chant+guitare+basse)

-Michał Łapaj
(claviers)

-Maciej Meller
(guitare)

-Piotr Kozieradzki
(batterie)

TRACKLIST

1) Friend or Foe?
2) Landmine Blast
3) Big Tech Brother
4) Post-Truth
5) The Place Where I Belong
6) I'm Done with You
7) Self-Aware

DISCOGRAPHIE

Out Of Myself (2003)
Rapid Eye Movement (2007)
Anno Domini High Definition (2009)
Shrine of New Generation Slaves (2013)
Love, Fear And The Time Machine (2015)
Wasteland (2018)
ID.Entity (2023)

Riverside - ID.Entity

(2023) - rock prog - Label : Inside Out Music

On avait laissé Riverside cinq ans auparavant avec un album où ils faisaient le deuil de leur regretté guitariste Piotr Grudziński. Wasteland n’était pas rassurant, pas convaincant du moins. On pouvait logiquement s’interroger sur l’avenir des Polonais. Avec ID.Entity, ils se doivent de relancer la machine et de redonner de l’intérêt à leurs fans au risque de se faire oublier.

J’avais reproché plusieurs éléments à Wasteland : les guitares trop lourdes (composées par le bassiste, logique), les morceaux trop lents, les claviers trop discrets, le manque d’énergie… Riverside semble avoir pris conscience de ces écueils. La musique est ici plus bien lumineuse. On peut évidemment les excuser pour leur passage sombre, mais on est ravi de les voir réagir. Ainsi, dès "Friend or Foe?", la différence saute aux oreilles. Des claviers dominent, très typés années soixante-dix, le rythme est entraînant… Les Polonais sortent des limbes à l’image de cette pochette blanche tachée de couleurs vives. L’intégration d’un nouveau guitariste se sent également tant les six-cordes taquinent de nouveau les hauteurs du spectre sonore. On retrouve également une forme d’énergie, qu’elle soit rythmique ("Friend or Foe?"), dans les riffs ("Big Tech Brother"," Post Truth") ou avec même un peu d’agressivité ("I’m Done with You"). Malgré tout, il ne faut pas s’attendre à du gros rock qui tache, Riverside reste un groupe attaché aux ambiances et à la délicatesse et c’est cela que nous retrouvons au fil des morceaux. On est quand même heureux de voir quelques passages aux sonorités positives qui faisaient aussi partie de leur ADN ("Self-Aware").
Sept chansons. Cinquante-trois minutes. Vous avez dit progressif ? Si Riverside l’a toujours été, c’est un tournant non-négligeable. La piste la plus courte dure cinq minutes, la plus longue treize minutes. Là, ça ne plaira pas à tout le monde. Il est d'ailleurs intéressant de voir que la chanson "Friend or Foe?", est tronquée dans sa version single... Il faut du temps pour assimiler ce disque et cela se révèle assez difficile parfois. Plus que des chansons, on retient des passages. Des passages brillants, lumineux, d’une grande beauté. En cela, les Polonais ont toujours ce talent pour créer de véritables moments de grâce. Cela est possible notamment grâce au timbre du chanteur Mariusz Duda. On croirait presque entendre du Jeff Buckley lorsque démarre "The Place Where I Belong". Il sublime sans peine la musique du groupe. Mais il ne faudrait pas faire offense au reste du groupe qui joue sa partition avec talent. L’ensemble sonne très rock progressif des années soixante-dix. S’il y a des longueurs, des passages planplan dans ces pièces qui s’étirent, le groupe parvient quand bien même à nous sortir quelques morceaux magistraux. "Big Tech Brother" est splendide et fait monter d’un cran à lui seul l’impression de l’album. La pièce est maîtrisée, marquante, puissante. On peut dire plus ou moins la même chose de "Self-Aware". Voilà le genre de chanson qu’il manque à Wasteland et que l’on retrouve ici.

ID.Entity n’est certainement pas le meilleur album de Riverside. Dans le rock prog actuel, c’est un très bon album, maîtrisé, avec quelques passages sublimes. Il n’est certes pas facile d’accès et possède quelques écueils qui peuvent rebuter. Mais il serait dommage de passer à côté après une ou deux écoutes. Car après le deuil qu’était Wasteland, ID.Entity est bien une renaissance.