C’est dans ma dernière (chronologiquement parlant) chronique de Nocte Obducta quand je remontais le temps de leurs albums, que j’écrivais en conclusion de la revue de Totholz (Ein Raunen aus dem Klammwald) : « l’après Irrlicht m’intéresse absolument, bien sûr, mais il n’est pas encore arrivé ». Aujourd’hui cette assertion est obsolète, l’après Irrlicht est là. La question que je me posais alors était de tenter de pronostiquer le style entre une continuation du précédent ou un petit retour vers Mongotiacum. Mais surtout, est-ce que Karwoche allait être à la hauteur de ces deux pères ? Quelle déception… Non, je déconne, cet album est excellent. Vous avez eu peur ?
Les envolées très aériennes de
Mongontiacum ne sont pas reparues, c’est donc la lignée d’
Irrlicht qui a été choisie par le groupe. La recette est la même, les acteurs sont les mêmes, l’inspiration est au diapason. Pas d’essoufflement – surtout pas au chant, le merveilleux organe de Torsten est bien en place, peut-être un poil moins glaireux que sur
Irrlicht, mais toujours grave et granuleux à souhait, toujours adaptatif à la rythmique, bien qu’il excelle dans le mid-tempo où ses abysses œsophagiens sont les plus beaux. Ce growl est toujours l’un des attraits majeurs de Nocte Obducta, très présent mais jamais trop présent, et c’est là l’image de toute la finesse et maturité de composition du combo.
L’autre portion du dosage alchimique, c’est l’alternance des passages blacks et des parties plus aériennes, car même si elles n’atteignent pas celles de
Mongotiacum en quantité et qualité, elles restent très bien intégrées et très inspirées : "Birkenpech", "Balder" dont les neuf minutes auraient pu figurer sur ce précédent album, ou encore le très beau et presque psychédélique "Schwarzbier und Feigen". Enfin l’ultime ingrédient sans qui Nocte Obducta ne serait pas ce qu’il est, le sens de la mélodie qui fait de "Drei gemeuchelte Sommer" et "Karwoche" deux titres magnifiques. Un point négatif qui justifie la note ? "Conamara Chaos” est néanmoins un titre plus faible que le reste et malgré quelques qualités, les autres lui sont objectivement supérieurs.
Irrlicht a un digne successeur avec Karwoche. J’avoue que j’avais à la fois peur et envie. Il m’a semblé que le premier cité était plus immédiat et Karwoche se fait un peu attendre. Mais quand il arrive après plusieurs écoutes, il ne fait pas du tout regretter son aîné, les quatre titres d’entrée et les deux derniers sont de haute facture. Album hautement recommandable, et vivement la suite. Je vous donne rendez-vous dans deux ou trois ans.