CHRONIQUE PAR ...
Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 23 juin 2024
Sa note :
15/20
LINE UP
-Petrus Thomas "Peter Steele" Ratajczyk
(chant+basse)
-Kenny Hickey
(guitare)
-Josh Silver
(claviers)
-Sal Abruscato
(batterie)
TRACKLIST
1) Unsuccessfully Coping With the Natural Beauty of Infidelity
2) Der Untermensch
3) Xero Tolerance
4) Prelude to Agony
5) Glass Walls of Limbo (Dance Mix)
6) The Misinterpretation of Silence and Its Disastrous Consequences
7) Gravitational Constant: G = 6.67 x 10⁻⁸ cm⁻³ gm⁻¹ sec⁻²
DISCOGRAPHIE
Le 15 octobre 1989. Il est 4:45 du matin, un homme arpente une chambre dans un petit appartement à Brighton Beach, Brooklyn. La pièce est tellement petite qu’il ne peut faire que quatre pas avant de devoir faire demi tour. Sa taille gargantuesque et ses cheveux longs semblent réduire le volume de la pièce. Le sol est jonché de feuilles de papier couvertes d'écritures, de bouteilles de vin vides. Finalement, alors que la première lueur du soleil ouvre l’horizon, la main de l’homme se referme sur une lame de rasoir.
Il repense à sa colère, sa haine. Elle l’avait trompé, elle a baisé avec un autre mec. Probablement depuis longtemps. Je le savais pourtant, je savais qu’elle baisait avec un autre. Je lui faisais confiance, je la croyais fidèle. Je suis un idiot. Un idiot et un con, de l’avoir crue, alors qu'elle sortait avec son rouge à lèvres et sa jupe courte. Colère froide, brute, sans filtre. Et tristesse aussi, mes yeux sont en larmes. Un mélange gauche. Paradoxe. Hargne et mélancolie ensemble, comme un enfant bâtard. Un enfant c’est innocent, c’est maladroit mais tout vient du cœur. Rage, pleurs, mélancolie. Encore une gorgée de vin. Je me déteste. Je la déteste, je veux la tuer, je vais la tuer. Elle m’a trompé, elle veut la mort. Comme toutes. Une batterie incessante perce ma tête, alors que dehors le fond de l’air est frais, dans une ambiance lugubre, transylvanienne. Je la vois morte. Et lui aussi, lui aussi doit y passer. Quand passe le prochain train D ? Je vais y aller, je vais aller les buter. Ma tête bourdonne, bouillonne, cogne. La douleur appelle la douleur, je souffre, ils doivent souffrir. S'ils doivent mourir de ma main, je dois les rejoindre. La douleur appelle la douleur.
Le premier album de la bande de Brooklyn est un disque maladroit mais qui vient du fond du cœur et des tripes, une vue romantique de la douleur. Mais aussi une vue naïve teintée d'un humour noir qui a valu à son géniteur bien des déboires. Incohérent, oscillant entre le NY hardcore et le doom, avec un interlude de plus de six minutes et écrit en quatre heures, il est aussi une leçon : celle d’apprendre de ses erreurs.