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CHRONIQUE PAR ...

39
Pietro
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 19/20

LINE UP

-Tomas Lindberg
(chant)

-Anders Björler
(guitare)

-Martin Larsson
(guitare)

-Jonas Björler
(basse)

-Adrian Erlandsson
(batterie)

TRACKLIST

1)Blinded By Fear
2)Slaughter of the Soul
3)Cold
4)Under a Serpent Sun
5)Into the Dead Sky
6)Suicide Nation
7)World of Lies
8)Unto Others
9)Nausea
10)Need
11)The Flames of the End

Bonus Tracks:
12)Legion (Slaughter Lord)
13)The Dying (inédit)
14)Captor of Sin (Slayer)
15)Unto Others (démo)
16)Suicide Nation (démo)
17)Bister Verklighet (No Security)


DISCOGRAPHIE


At The Gates - Slaughter of the Soul
(1995) - melodeath - Label : Earache Records



Dans chaque style musical il existe une petite poignée d’albums cultes. À la fois passages incontournables, précurseurs influents et monuments indémodables, mais aussi exemples types que l’on cite pour définir le style en question. Le thrash a Reign In Blood et Master Of Puppets, le heavy metal a Number Of The Beast et Painkiller, le speed mélodique a Keeper Of The Seven Keys, le hard rock a Appetite For Destruction... Et le death mélodique a très exactement trois albums entrant dans cette catégorie: Jester Race d’In Flames, The Gallery de Dark Tranquillity, et surtout ce Slaughter Of The Soul qui nous intéresse ici.

Des trois pionniers du son de Göteborg, At The Gates est de peu le plus ancien. Le groupe se forme au début des années 90 et sort trois albums d’un death metal assez alambiqué et torturé, aux compositions longues et sinueuses. Suite a un changement de line up (départ du guitariste Alf Svensson), leur troisième opus Terminal Spirit Disease marquait un début de changement vers quelque chose de plus direct, ainsi que leur première collaboration avec un jeune producteur alors inconnu, un certain Fredrik Nordström. Lorsque Slaughter Of The Soul sort en novembre 1995 le guitariste Anders Björler, secondé par son frère jumeau de bassiste, est plus que jamais le maître à bord musicalement parlant et il a décidé d’aller droit à l’essentiel. Les compositions sont courtes, directes et d’une efficacité redoutable. Le combo n’a plus peur d’afficher et d’assumer une de ses influences principales : le thrash en général et Slayer en particulier. Sa musique n’a donc pas grand-chose à voir finalement avec les mélodies léchées d’un In Flames ou les compositions épiques à tiroir d’un Dark Tranquillity. Par ailleurs le son de l’album est une référence encore aujourd’hui, et a permis à Nordström et son Fredman Studio de déposer sa marque de fabrique, le mythique «son de Göteborg» si recherché (absolument TOUS les gros groupes du style ont enregistré chez lui), copié et jamais vraiment égalé, à tel point que cette scène a fini par s’aseptiser, tout le monde sonnant de la même manière.

Difficile, voire impossible, de décrire ce carnage de l’âme sans abuser de superlatifs. At The Gates est parvenu à réaliser à la perfection ce qui était nouveau à l’époque et qui est maintenant devenu un poncif : la fameuse synthèse de la mélodie et de la brutalité. En épurant ses compositions, le groupe en a dégagé la substantifique moelle. Tout est d’une précision absolument implacable. Pourtant ni le groupe ni le producteur ne disposaient d’un matériel très sophistiqué, même pour l’époque, et des logiciels comme Pro Tools n’existaient pas. Cette impression de rouleau compresseur inexorable vient surtout du perfectionnisme presque maladif de Björler, poussant ses camarades de jeu dans leurs derniers retranchements. Les performances de chaque musicien sont donc des modèles à suivre. La batterie est une machine de guerre redoutable, puissante et précise mais sans aucune surenchère technique. Les riffs sont tout à la fois violents et mélodiques, incitant au headbanging furieux le plus blasé des metalleux et parfaitement mémorisables. Quand au chant de Lindberg, il peut rebuter lors des premières écoutes, ce growl aigu très agressif n’étant pas commun. Certains lui reprochent aussi une trop grande linéarité. Bande de puceaux! Sa performance est d’une telle intensité qu’elle en est palpable. Elle exprime parfaitement sa colère contre les dérives du monde actuel illustrées par des textes très pessimistes loin des clichés habituels du death.

Le résultat est absolument unique et d’une qualité rarement atteinte dans ce style. Absolument tous les morceaux sont redoutables. Lesquels dégager et mettre en avant ? Ils sont tous à citer, que ce soit l’opener "Blinded By Fear" dont l’efficacité en fait l’un des rares véritables « tubes » (dans le bon sens du terme) du death metal, l’énorme riff du title track "Slaughter of the Soul", les refrains-slogans à hurler de "Unto Others" (« my judas window stays shut, shut forevermore! »), "Under a Serpent Sun" (« We shall all live as one! »), ou encore de l’énorme "Cold" (« Only the dead are smiling! ») rehaussé par un magnifique solo d’Andy Laroque, guest de luxe. Au moment précis où cette avalanche de brutalité pourrait commencer à lasser, l’interlude instrumental "Into the Dead Sky" marque une pause bienvenue, permettant à la machine de repartir de plus belle sur la pure tuerie qu’est "Suicide Nation" (et son bruit de flingue piqué à Reservoir Dogs). "World of Lies" ralentit et se fait un peu moins thrash et plus heavy, à l’opposé de "Nausea" dont le riff d’intro et le tempo effréné sont les plus beaux des hommages rendus à Slayer. Le très sombre "Need", aussi bien musicalement que dans son texte, est la dernière claque du disque avant une conclusion instrumentale au clavier glauque à souhait. "The Flames of the End", basé sur un thème de musique de film d’horreur composé par Björler sur lequel des guitares viennent se poser progressivement, est la conclusion pleine de désespoir qu’il fallait à ce disque testament.


Les frères Björler décident en effet de quitter le groupe en 1996, entraînant sa séparation immédiate. Sensation d’avoir déjà tout dit, de ne jamais pouvoir accoucher d’un successeur digne de ce chef d’œuvre ? Ou bien problèmes personnels au sein du groupe exacerbés par les difficultés de la vie sur la route ? Certainement un peu de tout ça, mais peu importe. At The Gates a explosé en plein vol au sommet de sa carrière. Reste pour l’éternité un album tout simplement magique. Si on vous demande ce qu’est le death metal mélodique, mettez Slaughter Of The Soul dans la platine, montez le son, et taisez-vous.


PS : la version originale est expédiée en 11 titres et 34 petites minutes, ce qui est parfait vu l’intensité de la chose. Pourtant les rééditions successives se sont crues obligées de faire du remplissage en collant 6 titres supplémentaires : un très bon inédit, 3 reprises (dont le "Captor of Sin" de Slayer) et 2 démos. La toute dernière version de l’album est même accompagnée d’un DVD comprenant un reportage pendant lequel Lindberg et Larsson reviennent sur l’enregistrement de l’album accompagnés de Nordström, ainsi qu’un court mais très bon concert de l’époque.



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