En cinq ans, jusqu’au somptueux Reign Of Light, le groupe suisse Samael ne nous avait donné aucune nouvelle sinon quelques participations live. Et voilà que l’entité Suisse la plus représentative revient à la charge avec un album digne des meilleurs Samael, après un intermède électro, une réédition d’albums et enfin la compilation essentielle Aeonics – An Anthology. Nous les attendions tous au tournant, inquiets de l’orientation potentiellement plus légère qu’aurait pu prendre ce nouveau travail, et voilà que Solar Soul est en fait tout le contraire : une bombe made in Samael, un engagement musical à mettre sur le compte des meilleures réalisations du groupe et du genre en général. N’y allons pas de main morte.
A croire que les Suisses n’ont pas été indifférents aux effluves primaires des fans redemandant du gros son, du gros metal et du growl tout simplement. Et c’est ainsi que Solar Soul, à la pochette d’un esthétisme non contraint, débarque pour reconquérir la puissance de Samael, qui n’a rien oublié de la force de Ceremony Of Opposites / Passage, (Beaucoup apprécieront un certain titre rappelant fortement un classique de Ceremony) ni de l’influence très électro de Era One, ni, non plus, de l’évocation cosmique de Eternal et encore moins de l’ouverture d’esprit de Reign Of Light. Samael se retrouve donc face à lui-même et puise dans toute sa riche personnalité pour en extraire l’essentiel de ce qui représente le plus ce profil atypique de la scène metal. Les compositions sont fortes, racées tout en étant hétérogènes.
Et pour faire différemment cette fois dans une chronique, afin de laisser les auditeurs encore vierges de ce voyage se faire pénétrer tout entier par cette œuvre, on ne va pas présenter les caractéristiques titre par titre. Peut-être aussi parce que cet album se ressent dans son entier, comme une unicité parfaite nuancée de part en part de manière assez magnifique. Souvent appuyées sur des guitares plus que présentes, plus directes, à la fois cohérentes et charismatiques, les compositions, dont aucune n’est inutile, sont encore une fois ultra expressives avec ces refrains inoubliables, forts persuasifs, dans un desquels un chant féminin vient même soutenir Vorph. La vraie force de Samael dans Solar Soul réside sur une orchestration rebondissante, surprenante et très efficace. Les breaks rythmiques et mélodiques font respirer ces longues vagues musicales toujours très empruntes d’un certain romantisme et d’une certaine gravité.
Plus que pour les dernières réalisations, Samael s’oriente vers quelque chose de plus sombre et chaotique, presque destructeur. Xy n’est pas étranger à tout cela, reprenant quelque peu et de manière plus moderne les orchestrations propres à Passage, insufflant aux titres la parfaite dose théâtrale et grandiose propre au groupe. L’alliance du feeling thrashy et orchestral de Solar Soul dévoile même une dimension plus personnelle et forte du groupe. A cela s’ajoute le chant de Vorph dont tout le charisme déjà connu se déploie de manière constante, privilégiant cette fois le chant extrême, non dénué de nuances narratives, en tout cas moins technoïde que sur le dernier album en date. Rythmiquement aussi Samael se retrouve dans des constructions plus metal et accrocheuses, parfois proches du blast avec ici et là de vraies percussions. Et même si cet album reste ouvert à toute influence, il le demeure moins que Reign Of Light par ce qui est dit précédemment ainsi que par cette production intense et moins chirurgicale.
Quel que soit le voyage que l’on entreprend avec Solar Soul, ce mélange d’images cosmiques et de paroles bien ancrées dans la critique humaine nous fait voyager entre planètes, cosmos, conscience mortelle et une certaine tragédie liée à tout cela. Pour finir, Samael confirme tout simplement sa place sur le trône des groupes les plus percutants, autant en studio que sur scène, ouvrant avec chaque album une nouvelle brèche dans nos esprits, qui ne peuvent réagir sinon se plier à la prestance d’un groupe toujours plus abouti. Que dire d’autre pour vous convaincre ?