Vas-y, rentre. Ne fais pas de chichi ni de cinéma, tu sais bien que je ne suis pas rancunier. Mais ça n’empêche pas que tu m’as fait mal. J’ai souffert. Tu te rappelles ce que tu m’as fait, tout de même ? J’ai bien cru que c’était fini entre nous, tu sais. Oser me faire ça ! À moi ! Alors que je t’ai toujours été dévoué, fidèle, admiratif…j’ai toléré toutes tes expérimentations, tes essais, j’ai souvent été étonné, parfois dubitatif, mais je t’ai toujours suivi. J’aurais été prêt à tout pour toi, ou presque. Car ce que tu as fait en 2009, je n’arrive toujours pas à l’accepter. Je préfère ne plus en parler. Tu as raison, parlons de l’avenir. Prends donc un verre, va.
Je suis heureux que tu n’arrives pas les mains vides, même si ce que tu apportes est léger. Mais je le prends comme un signe positif, une volonté de réconciliation, et ça me touche. Six petits titres de rien du tout, dont une réédition, deux titres live, un titre en deux versions différentes et une de tes petites spécialités, l’instrumental electro 100% synthé. Passons vite fait sur "Reign of Light" et "Slavocracy" en live, qui sont de bons titres mais sur lesquels il n’est nul besoin de s’épancher. Ne nous attardons pas non plus sur la relecture de "Into the Pentagram", qui en est à sa troisième version. Celle d’aujourd’hui est relativement proche de celle de 1995, avec le même tempo et une approche similaire. Disons que pour fêter les presque 20 ans de ce titre (que tu as écrit en 1991, tu vois ? je me rappelle chaque détail de notre histoire…), l’initiative est sympathique. On préfèrera se pencher plus longuement sur "Antigod", seule vraie nouveauté intéressante de cet EP, et rayon d’espoir pour le futur de notre relation.
"Antigod", il ne faut pas non plus se leurrer, n’est pas le meilleur titre que tu n’ais jamais écrit. Mais ça ne trompe pas : son écoute renvoie immédiatement vers Passage, voire Exodus en ce qui concerne la production, froide, clinique et propre, loin de la bouillie immangeable de Above, non mais franchement, qu’est ce qu’il t'a pris, à cette époque ? Non, non, je préfère ne plus en parler, je vais encore devenir méchant. Donc, oui ; "Antigod", c’est un retour vivifiant à ce qui faisait que Samael était Samael : grandiloquent, réfléchi et délicatement electro/symphonique. Oui, tu me réchauffes le cœur, mon ami Suisse. Bon, le remix que tu as pondu d’"Antigod" est totalement expérimental, mais reste dans l’esprit ouvert auquel tu nous a habitué. Que cela reste pourtant un petit plaisir isolé, hein : un album complet dans cet esprit, et tu peux être sûr que nous ne nous reverrons plus jamais. Quant à "Ten Thousand Years", cela aurait pu être une nouvelle Lesson In Magic, qu’a l’époque j’avais toléré sans grand enthousiasme, mais je sais que tu as aussi besoin de cela pour t’épanouir, alors comment pourrais-je t’en vouloir vraiment, surtout que – c’est plus fort que moi – ça me rappelle un peu ta relecture audacieuse de Passage au piano/synthé…ah, doux souvenirs…
Reste encore un peu mon ami, ton amitié retrouvée me fait chaud au cœur. Mais ne reste pas trop longtemps non plus, car avec cet EP loin d’être roboratif mais revigorant tout de même, l’envie de voir se pointer un nouvel album dans la même veine me rend tout chose. Dis, tu ne me décevras pas une seconde, hein ?