CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Henri Sattler
(chant+guitare)
-Susan Gerl
(guitare)
-Henk "Henke" Zinger
(basse)
-Roel
(batterie)
TRACKLIST
1)The Cross of Sacrifice
2)Under a Darkening Sky
3)No Man's Land
4)Poison Fog
5)Drowning in Mud
6)Passiondale
7)No Survivors
8)Behind Enemy Lines
9)Fallen Empires
10)Artifacts of the Great War
DISCOGRAPHIE
Iron Maiden en avait déjà fait une chanson, God Dethroned en fera un album. La bataille de Passchendaele (renommé Passiondale par les anglais qui ne parvenaient pas à en prononcer le nom), infâme boucherie de la première guerre mondiale ayant fait plus de 600.000 morts dans la boue, la pluie et les gaz moutardes, ne pouvait être musicalement racontée que par un groupe de musique extrême, et God Dethroned se sont dit que bon, ben pourquoi pas eux, après tout. Bien leur en a pris : la violence du sujet leur a apparemment apporté l’inspiration pour pondre un album efficace, carré bien qu’un peu court…
Huitième album de God Dethroned, après un The Toxic Touch moyennement apprécié de la critique qui lui reprochait de trop fricoter avec le commercial en redoublant les influences mélodiques, Passiondale revient à un death mélodique sachant se montrer ici et là de fort bonne facture, et malheureusement ailleurs un poil moins bon. Le tout se montrant donc un peu court, puisque ce ne sont que trente-huit minutes de musique que nous proposent les Hollandais. D’un autre côté, le propos est suffisamment intense pour ne pas réellement frustrer l’auditeur. Henri Sattler, leader-fondateur du groupe, a en effet mis les bouchées doubles pour convaincre que God Dethroned était de retour dans le giron du métal extrême, avec son agressivité, ses blast-beats et sa puissance.
Mission totalement réussie avec les deux openers redoutables, "Under a Darkening Sky" et "No Man’s Land", qui garantissent un headbanguage vigoureux grâce à des riffs incisifs et à une intensité constantes. De même, "Passiondale" et son mid-tempo un peu cérémonieux est l’une des grosses réussites de l’album, le chant de Sattler gagnant ici en ampleur grâce au fond sonore mélodique très typé Bolt Thrower – donc rappelant inévitablement la guerre, sujet de prédilection des Anglais. Citons encore "Drowning in Mud", plus classique mais efficace, et parlons un peu maintenant des choses qui fâchent avec par exemple "No Survivor" et son chant clair affreux, qui détonne complètement d’avec le reste. On le sait, les groupes de death mélodique aiment user de cet artifice pour varier le propos, mais là, le résultat est navrant.
Heureusement, nous tenons là le seul point vraiment fâcheux de cet album, le reste se résumant à des titres un peu trop communs comme "Fallen Empire" ou le longuet (plus de six minutes trente) "Poison Fog" malgré un final mélodique pas dégoûtant. Restent une introduction et une conclusion, la première étant plus une plage d’ambiance et la seconde un final mélodique dont la structure rappellera "The Wanderer" d’Emperor, qui clôt Anthems To The Welkin At Dusk. Comparaison d'autant plus pertinente que God Dethroned entretient certains liens avec le black-métal, en particulier une production assez typique du milieu. Voilà, le tour du propriétaire a été fait. Un peu comme le dernier album de All Shall Perish, qui dans la même veine, se voulait court mais bon, l’auditeur n’est pas loin de se dire « quoi, déjà fini ? ». Mais aussitôt après, il remet les deux premiers titres de Passiondale pour ne pas regretter son achat.
Inégal quoique dans la moyenne haute du genre, God Dethroned revient donc dans le milieu avec la ferme intention de reprendre la place qui lui a été ses dernières années un peu chamboulée – ils sont loin d’être les seuls sur le créneau, que ça soit en Europe ou plus généralement dans le monde. Notez qu’une édition est sortie avec un live en bonus sur un second CD, rendant l’investissement encore un peu plus intéressant – et ce même si votre serviteur n’a pas pu poser une oreille sur le live en question.