CHRONIQUE PAR ...
Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Sandy
(chant)
-Olivier
(guitare)
-Laurent
(guitare)
-Coco
(claviers)
-Anthony
(basse)
-Alexis
(batterie)
TRACKLIST
1)Complete City
2)Impending Dawn
3)Among Them
4)Into the Vortex
5)Gravity
6)Aerial
7)Whirltime
8)Alone
9)Saffron’s Theater
10)Nomad Wave
11)Playground
12)Serotonine
13)Precious Pond
DISCOGRAPHIE
Toute la frange du metal atmosphérique qui touche au progressif sans véritablement en être manquait d’un nom français. The Old Dead Tree aurait pu être un poulain potentiel, mais le groupe se rapproche plus de Paradise Lost que d’Anathema ou d’Autumn. Puis un jour arriva The Last Embrace, groupe qui se revendique ouvertement de cette scène. Leurs précédentes sorties démontraient que ces petits Français possédaient un potentiel certain. Le deuxième album est souvent un test important pour nombre de groupes; Aerial mettra-t-il nos compatriotes dans le peloton de tête ?
En faisant des concerts en première partie d’Agua de Annique, d’Antimatter ou encore d’Anathema, The Last Embrace revendique fièrement son appartenance à la scène du metal atmosphérique mélodique. Et il aurait tort de s’en priver. Si les influences sont évidentes, le résultat n’est plus une copie (fini de dire de The Last Embrace qu’il est « The French Gathering ») mais mature et personnel. Le style est abordé par un autre versant que la plupart de ses concurrents, qui le plus souvent privilégient l’ambiance au détriment des arrangements et du relief des compositions. Ne nous y trompons pas, The Last Embrace fait un travail remarquable sur les ambiances, toujours dans la même veine mélancolique. Aerial nous enveloppe dans un confortable cocon, dans une aura de douce tristesse construite avec de légères touches de claviers et de guitares aériennes. Rien que de ce point de vue, l’album est une réussite, en partie due à la très bonne production. Le son possède un léger grain, un cachet un peu ancien, organique et chaud. Le titre "Whirltime" rappellera tout de même un peu trop The Gathering à cause de son manque d'originalité.
Sans trop avoir l’air d’y toucher, The Last Embrace effleure du pied du clavier le rock progressif. Des sonorités vintage de synthétiseurs apparaissent de temps à autre, lors de passages judicieusement choisis pour apporter une certaine profondeur aux morceaux. "Impending Dawn" est complètement dans cet esprit, et lorgne sans rougir vers Porcupine Tree. Toute la force d’Aerial est là: des morceaux qui sont riches et profonds, dans un style qui part dans plusieurs directions tout en gardant sa cohérence. Nous trouvons dans l’album du jazz, sous la forme du piano dans "Aerial" et de la trompette dans "Impending Dawn", une sitar parfaitement intégrée dans "Saffron’s Theater" et "Nomad Wave". Tous ces apports renforcent la profondeur de morceaux déjà bien complexes, ce qui donne une musique fouillée et surtout prouve que The Last Embrace suit une démarche personnelle et originale, et ce, avec talent. L'énorme "Into the Vortex", sorte de monument de jazz-prog atmosphérique, en témoigne.
Tout en partant dans plusieurs directions, le groupe ne s'éparpille pas et réussit même à garder une cohérence forte. Les arrangements, ainsi que le mixage de grande qualité, y sont pour beaucoup. Prenons "Aerial": chaque musicien est à sa place alors que se mêlent guitare acoustique, un solo gilmourien et du piano. Rien ne déborde, chacun apporte un petit quelque chose pour faire un tout dont le résultat dépasse la somme de ses membres. Sandy nous charme de sa voix, son timbre est harmonieux, encore que sur divers passages, elle semble forcer de trop. Sans aller dans un registre criard, il y a un léger dérapage. Les autres musiciens apportent tous quelque chose, sans jamais prendre le pas l’un sur l’autre. Tout comme le mixage, le travail sur les atmosphères cimente les compositions.
The Last Embrace fait dorénavant partie du peloton de tête des groupes de metal atmosphérique. Son second album Aerial est ce que l’on pourrait appeler l’album de la maturité: approche personnelle, originalité, tout est présent pour faire un bon disque. Touchant de près aussi bien le progressif que le jazz, Aeriel n’en reste pas moins cohérent, grâce au travail d'orfèvre sur les arrangements, le mixage et les atmosphères.