CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Stefan
(chant+guitares+basse+piano)
-Sveinn
(claviers)
-Arni
(batterie+violon+chœurs)
+nombreux invités pour les chœurs
TRACKLIST
1) Ísa brots blómin milli hnignunar Marnars barna
2) Morgunn í grárri vindhjálmars þoku við Berufjörð
3) Velkomin í lífið, ávarpar maðr sjálfan sig
4) Haka kleifir berja ok brjóta við enda langrar ferðar sinnar
5) Lifðu með öðrum, með þínum eigin
6) Eigi hefr á augu, unnskíðs komit síðan
7) Margt breytist fyrir orð völvanna
8) Við fundum nýtt heimili, langt burtu í vestrinu
9) Þat er stormr ok bláköld vatnssmíðin litar regna borg
DISCOGRAPHIE
Il était une fois un sympathique viking né sur une île dans l’Atlantique. L’île était marquée du sceau des dieux du feu, crachant, fumant avec une force inouïe. De cette force, une fraction retombait toujours sur ses indigènes, l’origine de la puissance viking trouvait son explication. Les descendants de ses grands dieux colériques, fiers et à la chevelure de feu elle aussi, bâtirent une mythologie à la hauteur des forces en jeu. Notre jeune viking Stefan donc, s’enticha d’une mission consistant à leur rendre tout l’honneur dû. L’orientation choisie fut musicale et le fond élu, la littérature médiévale. Les ingrédients étaient réunis pour que débute l’aventure.
En 2008, profitant de son expérience préalable de Kerbenok, Stéfan passe à la réalisation via Arstidir Lifsins (les saisons de la vie). L’entreprise est grande car les ambitions du viking sont démesurées. Les enregistrements furent multiples et polylocalisés. La grande diversité instrumentale impliquée en est la source. Stefan, en bon viking, est fort et capable de correctement déployer ses talents sur la guitare, la basse, le piano et le vibraphone. Il ajoute la corde vocale à son arc, tant pour les cris primaires que pour les chœurs. Néanmoins, manquent batterie, violon, claviers, chants et chœurs puissants tant masculins que féminins. La cousine Norvège est même visitée ! Si tant de représentants musicaux sont nécessaires, la cause en est l’inspiration de Stefan. Car il a décidé d’être folklorique dans son approche artistique. Si la toute fureur du black metal était incontournable pour des raisons tirées de son propre passé et d’ordre musicale, l’adjonction de cette couche traditionnelle relevait de l’incontournable pour un tel objectif.
Le jeune viking composa donc d’arrache-pied, tant est si bien qu’il piocha dans une grande variété d’influences pour arriver à ses fins. Les grands classiques du black metal, Enslaved période Frost en tête, paraissent adulés. Le chant de son congénère Blutaar de Drautran vient évidemment rappeler ce même groupe tandis que certains riffs mastodontiques font de même. Les nombreuses incartades d’instruments plus folkloriques comme la guitare sèche, les violons ou le piano ramènent l’ensemble dans une dimension plus traditionaliste qui sied le but de l’oeuvre. Et la vocale déclamatoire autour du feu "Eigi hefr á augu, unnskíðs komit síðan" coule de source dans cet environnement multifacette. Fort heureusement, le roc islandais a pensé à conserver une cohérence des atmosphères, qui toutes rappellent le glorieux passé. Ce fil conducteur aidera l’auditeur à voyager le long de ces 8 chansons plus une intro. Le risque d’être perdu en route est moins grand. Mais non nul car l’écoute d’une telle œuvre est exigeante.
Les conditions musicales multiples et la longueur de l’ensemble (l’Histoire est grande, les chansons supérieures à 7 minutes de moyennes nécessaires) sembleront ainsi rédhibitoire à quiconque n’est pas près à embarquer pour ce long périple. Stefan a imposé dans son ambition une volonté farouche à l’entrée pour tout auditeur. La musique créée est suffisamment bonne pour donner des velléités d’écoute prolongée heureusement. Toutefois, le bon n’est pas l’excellent et si les 2 sont ici mélés, le bon est dominant. Les purs moments d’émotions ne règnent pas en maîtres absolus, mais la fameuse "Eigi hefr á augu, unnskíðs komit síðan" peut au choix tirer la larme ou plonger dans l’ennui. Quoiqu'il en soit, la force de cet album réside dans son ardeur à la tache, sa constance dans l’ouvrage et l’histoire contée. Etant en islandais, elle n’est donc compréhensible que via les traductions fournies. Mais elle se ressent de toute façon amplement dans les ambiances créées.
L’Histoire du black metal retiendra que ce Jîtunheima Dolgferd est d’un périmètre gigantesque, probablement trop grand pour notre ami viking Stefan, seul constructeur de sa quête et jeune. L’essai est néanmoins réussi grâce à cette volonté énorme et à des compositions bonnes. L’écueil de la trop grande longueur hante pourtant cet hommage, mais cet écueil était inévitable de part l’hypothèse de départ. Le choix en reviendra donc à vous au final, êtes-vous prêts à embarquer dans une telle épreuve ?