CHRONIQUE PAR ...
Flower King
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-JP Louveton
(chant+guitare)
-David Zmylowski
(guitare+chœurs)
-Guillaume Fontaine
(claviers+gaïta+chœurs)
-Lionel B. Guichard
(basse)
-JB Itier
(batterie)
TRACKLIST
1)Liberté, égalité, insurrection !
2)Je suis un objet
3)R€volu$ion
4)Aux portes du paradis
5)Seul dans la foule
6)Chiens en laisse
7)Loin des yeux (Barbares Parties VIII à XII)
8)Notes pour plus tard
DISCOGRAPHIE
Barbares n’était pas qu’une parenthèse. Puisque les griefs exposés par le groupe n’ont pas trouvé leur réponse, Nemo s’est permis de passer une deuxième couche, qu’il a voulu plus corrosive, plus appuyée, quitte à forcer le trait pour bien se faire entendre. Le résultat ? R€volu$ion, dont la pochette reprend jusqu’à la chère tête rousse du précédent, mais dans un style plus moderne, plus frontal… comme s’il était temps de passer à l’action ! À l’action ? Euh, on parle toujours de Nemo, là ?
On finasse, on finasse, mais faut avouer que Barbares se complaisait parfois dans sa torpeur. Dans le contexte de l’album, c’était logique : à faire ainsi l’état des lieux de notre monde, à se lamenter sur sa lente dérive, faire dans le speed polka aurait paru douteux. Mais tout de même, l’attention de l’auditeur était mise à l’épreuve. Le groupe n’a pas fait la même erreur, et passée l’intro de rigueur, expose son problème avec deux titres directs et punchy. "Je suis un objet" remplit son office d’ouvreur sympathique qui rassure le fan contre une éventuelle perte d’identité de ses chouchous : le son Nemo est resté le même, précis, parfois groovy, les quatre et six-cordes en avant, le clavier peu avare en sons joliment cheesy, et JP Louveton qui chante… comme JP Louveton, et au fond, ça lui réussit plutôt bien. Mais ça s’emballe net avec le morceau-titre, dont le démarrage en trombe fait espérer un nouvel "Enfants-Rois". Entreprise couillue mais réussie, à deux bémols près : un refrain beauf qu’on imagine chanté par des Allemands bourrés à la fête de l’Huma, et surtout des textes bien caricaturaux auxquels les Français ne nous avaient pas habitués.
C’est un problème récurrent de R€volu$ion, et qui peut inquiéter quand on se souvient de Si Partie II, qui parvenait à exposer des problématiques intéressantes de manière simple, et pourtant réfléchie. Là, entre les « on meurt comme des chiens » et « un maillon de la chaîne / auquel on ne laisse pas / finir son repas », il y a une tendance à l’excès, à une dialectique gentils/méchants qui va gâcher le plaisir des insensibles à ce genre de discours. Et c’est dommage, car musicalement, Nemo a mis le paquet pour proposer un disque varié et une inspiration retrouvée après un disque en demi-teinte. Votre truc à vous, c’est les harmonies vocales ? Vous allez vous régaler avec "Chiens en laisse", riche en chœurs délicieux et en passages a-cappella chiadés qui vous caressent l’oreille. Ou vous êtes plutôt pièce épique à rebondissements ? Prêtez l'oreille à "Loin des yeux", suite de "Barbares" bien meilleure que son aînée, plus riche en mélodies et en dramaturgie. Ou bien vous n’avez pas eu votre compte de morceaux lents et lourds avec le groupe ? Ce sera "Seul dans la foule", qui distille son atmosphère pesante avec une extrême minutie.
Au final, la force de cet album est d’avoir remis des cordes à un arc qui s’était quelque peu déplumé lors de l’exercice précédent. Nemo reste en selle et c’est une bonne chose, mais si, effectivement, un autre monde est possible, on préfère la façon dont ils l’abordaient avant, avec plus de mesure, de réserve, et des mots mieux choisis. À vouloir être trop direct, cela peut finir par déforcer le propos…