1995. Il aura fallu 5 ans à ACDC pour donner une suite à Razor's Edge. Et dans la discographie des Australiens, c'est une éternité. Car depuis Back in Black, ils tirent leurs boulets tous les ans ou presque, avec des résultats plus que médiocre. 5 ans, le temps de la reflexion? Prendre son temps pour écrire de bonnes chansons et les enregistrer dans de bonnes conditions? Et présenter au Monde un album qui est assurément leur meilleur depuis... bien trop longtemps? Yep c'est exactement ça!
Exit le hard-rock et les guitares saturées de Razor's Edge, les frangins Young effectuent un retour en arrière de plus de 20 ans et décident de faire ce qu'ils savent le mieux faire : du rock... avec de véritables pépites de blues dedans. Du riff et du bon, du shuffle en-veux-tu-en-voilà et de la batterie binaire à souhait. Vous avez dit Dirty Deeds ? Pas loin ! Mais comment concilier ce retour aux racines et les productions aseptisées des dernières efforts de la fratrie ? En appelant Rick Rubin bien sûr ! Ce dernier donnera à Ballbreaker un son dépouillé, très peu saturé mais du coup très naturel et très dynamique... Mais pas moins puissant pour autant !
Il suffit d'écouter l'opener "Hard As Rock" qui squattait les ondes francaises (incroyable mais vrai !), riff imparable, rythmique de plomb et refrain catchy : les papys ont retrouvé la recette du tube immédiat ! Là où ca devient magique c'est qu'ils arrivent à retrouver cette alchimie sur quasiment tous les titres de l'album. Et vas y que je te balance du riff qui fait mal ("The Furor"), du petit boogie bien gaulé ("Boogie Man", cette voix !) et du single qui roule dans l'oreille ("Cover You In Oil" délicieusement décadente). Ventre saint-gris que cette première face est alléchante ! Vite vite tournons la galette !
La deuxième moitié de l'album confirme le truc : les frangins Young savent de nouveau composer de grands morceaux ! "Burnin Alive" et son mid-tempo rageur prépare le terrain pour l'excellentissime "Hail Caesar". Riff qui monte en puissance, section rythmique qui pilonne et lignes de chant inspirées : ca met les poils. Payons nous le luxe d'un solo anthologique et d'un break qui fait monter la sauce, histoire d'enfoncer le clou. A peine le temps de respirer sur la très médiocre "Love Bomb") que la machine repart ! Même recette : riff qui claque, basse / batterie qui trace la route et Johnson en grande forme ! Quel plaisir de retrouver les Australiens aussi inspirés !!! Et comme cela laisse présager du bon pour la suite !!!
L'Histoire nous apprendra que non. Que ce Ballbreaker était plus ou moins le chant du cygne d'AC/DC. Suivra le très inégal Stiff Upper Lip et le tout à fait fadasse Black Ice. N'empêche qu'en 1995, Ballbreaker marquait le grand retour d'AC/DC (et de l'indéboulonnable Phil Rudd !) dans les bacs et que ce Ballbreaker contient certaines des meilleures chansons du groupe.