CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17.5/20
LINE UP
-Theo Liratzakis
(chant+guitare)
-Dimitris Dimitrakopoulos
(chant)
-Dimitris Makrantonakis
(guitare+basse)
-Giannis Chionidis
(batterie)
-Haris
(claviers)
TRACKLIST
1) Mountain of Horror
2) Let Your Devil Come Inside
3) Against the Curse, We Dream
4) When All Is Black
5) Into the Gates of Time
6) Haire Pneuma Skoteino
DISCOGRAPHIE
Grâce à des groupes comme Enslaved, on sait ce que peut donner le fait d’intégrer quelques touches progressives dans du black metal. Mais que se serait-il passé si les groupes progs avaient pu écouter du black metal ? Le temps de Pneuma, Hail Spirit Noir se met dans la peau d’un groupe des 70's découvrant la noirceur et l’agressivité de la musique extrême actuelle. A croire qu’actuellement, les groupes « black » cherchent d’autres voies d’expression que la traditionnelle violence sonore. Si Ancient VVisdom s’est essayé il y a peu à l’option guitares acoustiques diaboliques et Ghost au « Mercyful Fate revival », pour un résultat mitigé, Hail Spirit Noir offre ici un black prog-rock autrement plus convaincant. Pneuma est un album varié, barré, malsain et rempli de brillantes idées.
Étant donné que les deux membres à la base du projet jouent également dans Transcending Bizarre, groupe de metal déjà assez iconoclaste, il ne fallait pas s’attendre à ce que leur visite dans les 70's débouche sur une œuvre simple (et belle) comme Wish You Were Here de Pink Floyd. Non, la musique délivrée par Hail Spirit Noir lorgne plutôt du côté de Van der Graaf Generator, Still Life ou Emerson, Lake and Palmer. Pour renforcer le côté dérangé, les deux compères sont également allés chercher quelques influences batcave un peu plus récentes, les vocaux clairs et certaines parties de guitare rappelant irrémédiablement Virgin Prunes ou Shadow Project. De la musique métallique, nos artistes n’ont gardé que la voix éraillée et les blast beats (même s’il faut préciser que ce rythme était déjà connu dans les 70's, contrairement à une idée répandue). Pour une oreille moderne, ces derniers sonnent creux car les cavalcades du batteur ne sont pas soutenues par une puissante section rythmique, ce qui contribue à créer une ambiance étrange.
Quels titres recommander sur l’album ? Il est plus facile de nommer le seul des six titres à être un peu moins brillant que les autres, à savoir "When All is Black". Pour le reste, on ne saura que trop se délecter des mélodies improbables et des harmonies douteuses qui font la force de l’album. Du premier titre "Mountain of Horror", où le chant black est judicieusement accompagné d’un orgue Hammond, à l’entraînant "Haire Pneuma Skoteino", peut-être le titre le plus accessible de l’album, on ne s’ennuie guère. Le court "Let the Devil Come Inside" est un moment de folie assez somptueux, où les grognements et les murmures font écho aux déclamations à la Shadow Project, avant que le morceau n’implose dans un passage blast surréaliste. "Against the Curse We Dream" quant à lui est, au moins dans les vocaux clairs, assez proche de la démence que pouvait transmettre les Virgin Prunes.
Si Hail Spirit Noir devrait rebuter les metalheads ayant besoin de leur dose de gros riffs bien gras, Pneuma devrait cependant satisfaire les auditeurs les plus ouverts aux ambiances et expériences improbables. Ce foisonnement incessant (mais cohérent !) d’idées et de mélodies désaxées sera à même de ravir les amateurs de sensations étranges, un brin macabres. Cet opus aurait d’ailleurs très bien pu faire office de bande sonore pour un thriller des années 70's (un « Giallo » de Dario Argento par exemple), tant la musique est ici visuelle. Seul hic : la longueur de l’album. Six chansons et moins de quarante minutes, c’est peu. Espérons donc que ce projet ne soit pas éphémère et que Theo et Haris, les deux créateurs de cette merveille, remettent ça bientôt…