Ah Marduk ! Une sacrée histoire dans le black metal quand même. 12 albums, rendez vous compte... 12. C'est vraiment pas rien. Et ce d'autant plus que nous parlons quand même d'un des piliers du genre depuis son explosion au début des années 90. Que peut encore avoir à dire un tel groupe ? Étonnamment, beaucoup de choses, à faire pâlir nombre de jeunes pousses. Car si sa période fin 90-début 2000 fut assez pénible, Marduk a su clairement rebondir avec l'arrivée au chant de Mortuus. Et plus que rebondir, se forger une nouvelle identité sonore, chose qu'on pensait totalement impensable à l'orée de Plague Angel.
C'est bien ce qui est arrivé cependant, Marduk revenant sur des terrains plus crus, plus malsains en délaissant les contours trop policés et finalement peu effrayants d'un black metal mardukien conventionnel avec son lot de riffs mélodiques et de brutalité. Depuis 3, et maintenant 4, albums, Marduk c'est au contraire une effrayante machine de black cru et noir. L'inutile EP Iron Dawn mis à part, l'enchaînement d'albums de qualité est inédit pour le groupe et à chaque fois renouvelle un plaisir que l'on veut éternel. Wormwood avait ravi en 2009, Serpent Sermon éclate les tympans en 2012 en débutant par une "Serpent Sermon" parfaite en qualité d'ouvreuse, très mélodique avec un refrain entraînant et pourtant parfaitement valable en chanson black metal énervée. Il s'agira d'ailleurs de l'unique chanson qui reste en tête. Habillé d'un son moins synthétique et plus organique, Marduk revient en effet sérieusement énervé et ne ménage pas sa peine pour nous faire saigner. Les blasts sont très nombreux (non pas que ce soit une surprise chez Marduk... ils le sont plus que sur le précédent, c'est tout) et surtout mettent à genoux par leur puissance et leur rapidité d'exécution, vraiment impressionnante. Cela fait se dire que les blasts ont vraiment franchi un palier dans la brutalité ces dernières années.
Pour revenir sur Marduk on continue de constater avec joie que le mariage musical entre Morgan et Mortuus est toujours une réussite aussi improbable autant par sa qualité que sa durée. En effet, peu de monde aurait parié que ces 2 têtes pensantes puissent se supporter plus de 2 albums connaissant le penchant dictatorial de Morgan dans son groupe. Et pourtant... pour notre plus grand bonheur, l'aventure continue et Mortuus a pleinement droit d'expression en imposant sa patte de manière évidente. Car au-delà de son chant possédé et vraiment varié dans la folie, un gros atout à ne pas négliger, il apporte surtout une nouvelle manière de composer, plus dans les ambiances mortuaires, finalement proche de ce qu'il fait dans Funeral Mist au risque de se répéter. Mariée à la touche Morgan aisément identifiable par des riffs agressifs tout en demeurant mélodiques on obtient un couple redoutable qui donne tout ce que le black à de meilleur : des ambiances noires à vouloir se couper les veines et une musique malgré tout accessible. Car on ne s'attend pas forcément à voir débarquer une "Temple of Decay", lente, lourde, sombre et biblique au milieu de ce brasier ardent. On sent clairement l'influence Mortuus dans ces moments.
Marduk arrive encore une fois à se renouveler et à nous étonner par sa capacité à produire un black cruel, agressif, sombre et de qualité. Dans la droite lignée de ses 3 dernières sorties tout en étant à part, Serpent Sermon se fraie de nouveau un chemin incandescent vers l'excellence. Si on peut lui reprocher de vouloir taper un peu trop vite par moments ou de ne pas être toujours au sommet, on ne peut aussi que s'incliner de voir un 12e album de cette trempe.